Après le Conseil national du 9 janvier,
Communiqué de 17 membres du Conseil national du PCF
Marie-George Buffet a choisi d’exclure les signataires du texte 3 qui avait recueilli 25% du vote des communistes – du comité exécutif national.
La direction du parti laisse donc de côté les plus déterminés à faire vivre le PCF.
Ce choix affaiblit le Parti communiste et sème le doute quant à la volonté de la direction de mettre en oeuvre les orientations décidées par les communistes. Dans le même temps, Marie-George Buffet a choisi de constituer son exécutif avec plusieurs partisans de « la métamorphose », issus notamment de la liste conduite par Marie-Pierre Vieu.
La préparation du congrès, les votes du 29 et 30 octobre, les réunions de sections, conférences départementales et le congrès lui-même ont montré, en dépit de bien des manœuvres, la montée en puissance de l’exigence communiste dans notre parti.
En cela la majorité des communistes fait écho à l’état d’esprit d’une grand partie de la population qui face à la crise globale du capitalisme cherche une autre voie que les différentes gestions sociales-démocrates successives aux marges du capitalisme.
Hélas, rabougri autour de Marie Georges Buffet, le groupe dirigeant n’a à nouveau rien voulu entendre du mouvement. Il vient de décider, en dépit de notre proposition de prendre toutes nos responsabilités à tous les étages, de s’appuyer sur une frange ouvertement liquidatrice qui n’a pas eu le courage de solliciter les suffrages des communistes, dont il est par conséquent difficile de mesurer l’implantation réelle dans le parti.
Cette violation manifeste des principes démocratiques élémentaires a immédiatement été sanctionnée par 42 % d’opposition à ce choix lors du vote dans le CN. Sur les 148 votants lors du CN du 9 janvier, 60 ont voté nul, soit 42 %. Nous avons un exécutif élu par 88 membres du CN sur 230. Sa légitimité est donc toute relative.
La dernière partie du CN, consacrée au plan d’action a été réduite à la portion congrue : une petite heure de discussion. Sur ce qui préoccupe le plus les communistes : la convergence des luttes et les perspectives politiques qu’elle porte, on ne nous a proposé qu’un catalogue de mesures réformistes, très en dessous des possibilités et des attentes. Plusieurs membres du CN, au delà de nous, ont exprimé l’exigence d’une ligne plus offensive, plus anti-capitaliste, avec des propositions précises.
Renforcer le PCF, une exigence de notre temps.
Dans ce cadre là, nous appelons chaque communiste quel que soit son niveau d’engagement dans le parti à revendiquer partout, à prendre et à assumer chaque fois que cela sera possible toutes ses responsabilités dans le fonctionnement et les tâches de direction du parti.
Il y va de la restructuration unitaire du PCF et du devenir même de notre organisation, toujours décisive dans l’affrontement de classe en France : les manifestations contre la tuerie à Gaza et la préparation du 29 janvier le montrent.
Les 17 élus de la liste « Faire vivre, renforcer le PCF, une exigence de notre temps » :
Corinne BECOURT (Aisne) ; Paul BARBAZANGE (Hérault); Floriane BENOIT (Isère) ; Dominique NEGRI (Isère) ; Christian TABAGLIO (Meurthe-et-Moselle) ; Marie-Christine BURRICAND (Rhône) ; André GERIN (Rhône) ; Frédéric BERNABE (Haute-Saône) ; Emmanuel DANG TRAN (Paris) ; Claude FAINZANG (Paris) ; Pasquale NOIZET (Paris) ; Fabienne DEBEAUVAIS (Somme) ; Eric JALADE (Tarn) ; Jean-Pierre MEYER (Var) ; Caroline ANDREANI (Seine-Saint-Denis) ; Jean-Jacques KARMAN (Seine-Saint-Denis) ; Alain DE POILLY (Val-de-Marne)
Retour sur l’élection et la composition du nouveau CN
Retour sur l’élection du Conseil national au congrès
L’élection du nouveau CN et sa composition sont une bonne expression du bilan du 34ème congrès :
1- La direction sortante a réussi à rester entièrement à la tête de l’appareil, à contrôler très largement le nouveau CN, avec l’objectif, aussitôt remis en chantier, de forcer la poursuite de la stratégie de dilution du Parti et de son identité.
2- Devant l’opposition latente des communistes, qui ont exprimé massivement une volonté contraire, elle a dû manœuvrer à toutes les étapes du congrès. Pour l’élection du CN, elle a ainsi tactiquement composé une « vraie-fausse » liste alternative.
3- Mais, malgré ses entreprises, elle n’a pas réussi à éliminer la représentation du mouvement qui monte dans des cellules, sections et fédérations et commence à se coordonner pour faire vivre et renforcer le PCF, malgré sa stratégie.
Les données du Congrès national étaient faussées d’avance. Nous le savions. A la suite des filtrages successifs dans les congrès de section et départementaux, la direction sortante disposait du soutien d’une très large majorité des délégués : de 80 à 90%.
Mais la réalité de l’état du Parti n’en demeurait pas moins. Le texte de résolution, déjà délibérément ambigu, n’avait obtenu que 60% lors du vote bâclé des 29 et 30 octobre. Le résultat de l’Assemblée nationale extraordinaire de décembre 2009, rejetant toute perspective de liquidation du Parti restait aussi valide.
Se diviser pour mieux régner !
Dans ce contexte, la direction sortante a choisi de se répartir les rôles depuis l’ANE pour redonner une image de positionnement « central » à l’équipe autour de MG. Buffet. Cela s’est retrouvé jusqu’à l’élection du CN.
Les clans « refondateurs » et « communistes du 21ème siècle » (! comprenant les amis de Gayssot) se sont réunis pour défendre la partition de la « transformation » du Parti jusqu’au bout, de la « métamorphose ». Ils ont déposé une liste alternative conduite par Marie-Pierre Vieu. Elle a obtenu les suffrages de 16% des congressistes et 29 élus au CN.
Le reste de la direction sortante (Buffet, Pierre Laurent, Bessac…) s’est du coup fait passer dans la presse comme tenant d’une « réaffirmation identitaire du PCF ». On croit rêver !
Les masques n’ont pas tardé à tomber. Trois élus de la liste Vieu (Calabuig, Lorand et Vieu elle-même) se retrouvent côte-à-côte, aujourd’hui comme hier, dans le nouveau Comité exécutif national, élu au CN du 9 janvier, aux côtés des dirigeants élus sur la « liste commune ».
Une liste « commune » très homogène.
La liste proposée par la commission des candidatures, conduite par Buffet, est arrivée en tête au congrès avec 68%. Ella a donc été intégralement élue avec ses 178 membres.
Les statuts précisent : « La composition de cette liste doit assurer la juste représentation des différentes opinions exprimées dans les débats».
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas été suivis. La liste comprenait, en très grande majorité des sortants, qui ont avalisé les précédentes étapes de la stratégie de liquidation. Y figuraient aussi la plus grande partie de la direction exécutive sortante dont tous ceux qui ont signé l’appel de Cohen-Seat « nommer ce que nous voulons », au lendemain du vote sur la base commune, pour pousser, eux aussi, la « métamorphose »*.
Tout est bon pour éliminer une « diversité » dangereuse !
Une quarantaine de candidatures au CN de camarades signataires du texte alternatif « faire vivre et renforcer le PCF » étaient remontées à la Commission des candidatures. Rien n’y a fait : que ces camarades soient dirigeants de section, de fédération, militants d’entreprise, membres sortants du CN ou candidats présentés par leur congrès départemental, leurs candidatures ont été balayées dès la « commission de transparence sur les candidatures » du 9 décembre.
Sur les 166 noms alors retenus, seuls figuraient des camarades du Pas-de-Calais, responsables de la deuxième plus grosse fédération de France qu’il n’était pas aisé d’évincer.
Comme cela s’est confirmé par la suite, la tentative de négocier avec Marie-George Buffet une « juste » représentation, comme certains l’ont entamée, ne pouvait conduire qu’à laisser la direction sélectionner quelques opposants alibis.
Au premier soir du congrès le 11 décembre, la Commission des candidatures n’a pas fait évoluer la liste.
Le 12 décembre, nous mettons méthodiquement au point notre liste alternative et la déposons. Nous décidons collectivement du principe que nous ne la retirerons que si les 20 premiers noms, au moins, sont intégrés à la liste « commune ».
Le 13 décembre, la dernière réunion de la Commission se conclut par un refus et un procès en règle contre plusieurs de nos camarades par des responsables de fédération visiblement paniqués à l’idée qu’ils puissent avoir le même statut de membres du CN qu’eux.
Le même soir, une fin de non recevoir est également adressée à Nicolas Marchand, évincé sans raison avouable et qui a également constitué une liste avec Paul Boccara.
Le 14 décembre, dernier jour, les conditions d’une fusion entre les deux listes sont envisagées, dans le respect des positions de chacun, pour ne pas donner l’image d’un éclatement de l’opposition au congrès. Elle se révèle techniquement infaisable en si peu de temps.
Au final, la liste Marchand a obtenu 5,62% et 9 sièges.
Notre liste a obtenu 10,26% et 17 sièges.
Nous aurions dû avoir une 18ème élue mais la direction s’est efforcée, à grand peine, d’invalider certains de nos candidats, suivant des procédés écœurants de rappels individuels les deux jours suivant le congrès.
Avec quelques autres dans le CN, les 17 élus de la liste, confortés dans leur travail de responsables de fédération et de section, s’efforceront de donner une visibilité nationaleaux les communistes qui se battent dans leurs organisations de base pour « faire vivre et renforcer le Parti, comme c’est une exigence de notre temps », avec, sans ou malgré la stratégie de la direction reconduite.
Les 17 élus de la liste alternative :
02 – Aisne : Corinne BECOURT, 45 ans, travailleur social, bureau de section de Saint Quentin
34- Hérault : Paul BARBAZANGE, 57 ans, directeur d’école retraité, secrétaire de la section de Béziers
38- Isère : Floriane BENOIT, 60 ans, journaliste, bureau de section de Fontaine
38- Isère : Dominique NEGRI, 50 ans, fonctionnaire des Impôts, secrétaire de la section de Saint-Martin d’Hères
54- Meurthe-et-Moselle : Christian TABAGLIO, 60 ans, chaudronnier, enseignant en lycée professionnel, bureau de section du Jarnisy
69- Rhône : Marie-Christine BURRICAND, 50 ans, fonctionnaire territoriale, conseillère générale, bureau de section de Vénissieux
69- Rhône : André GERIN, 62 ans, député maire, section de Vénissieux
70- Haute-Saône : Frédéric BERNABE, 54 ans, ouvrier chauffagiste, secrétaire de la fédération
75- Paris : Emmanuel DANG TRAN, 36 ans, employé, secrétaire de la section de Paris 15ème
75- Paris : Claude FAINZANG, 61 ans, professeur de mathématiques retraitée, comité de section de Paris 19ème
75- Paris : Pascuale NOIZET, 54 ans, réalisatrice-monteuse, section Paris 20ème
80- Somme : Fabienne DEBEAUVAIS, 58 ans, employée chez Peugeot, bureau de section d’Amiens
81- Tarn : Eric JALADE, 39 ans, professeur d’histoire-géographie, secrétaire de la fédération
83- Var : Jean-Pierre MEYER, 5? ans, employé à la CPAM, direction de section de Ouest-Var, bureau fédéral
93- Seine-Saint-Denis : Caroline ANDREANI, Aubervilliers, groupe « Gauche communiste »
93- Seine-Saint-Denis : Jean-Jacques KARMAN, 62 ans, conseiller général, Aubervilliers, groupe « Gauche communiste »
94- Val-de-Marne : Alain DE POILLY, 64 ans, Ingénieur, comité de section de Fontenay-sous-Bois
*Les signataires, élus au CN, du texte « nommer ce que nous voulons » pour pousser au fond la destruction du Parti : François Auguste, Nicole Borvo, Sophie Celton, Patrice Cohen-Séat, Jean-Marc Coppola, Pierre Dharréville, Elisabeth Gauthier, Brigitte Gonthier-Maurin, Fabienne Haloui, Alain Hayot, Gérard Mazet, Marjolaine Rauze
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