Monica Bernatets née le 06/11/1928 à Leipzig (Allemagne)
Adhésion au Parti Communiste le 19 décembre 1949
Aisne-Section de Chauny
Pour commencer je voudrais vous conter mes motivations.
De famille de gauche, ma mère juive et mon beau-père socialiste (de l’époque !!!), j’étais déjà préparée .Mais ont été décisives, les informations que nous avons eues sur le comportement héroïque des communistes dans les camps, entre des milliers d’autres, l’action de la toise à Buchenwald. (1).
De plus j’étais éblouie par le courage des Résistants et notamment Audin (*) et Alleg (*).
A cela s’est ajouté le militantisme actif de la cellule de mon quartier à Nice, qui luttait notamment contre les expulsions de familles ouvrières de logements privés, car à l’époque un propriétaire pouvait expulser une famille avec un préavis de 3 mois sans autre forme de procès.
Donc le 19 décembre 1949 je me rends de moi-même à la section pour prendre ma première carte, une très grande fierté !
Comme je faisais mes études j’ai milité à la base : l’HD, les tracts et autres. En 1951 je me suis mariée à un communiste, étudiant aussi, et j’ai eu mon premier fils. Mon mari reçu à l’Agro nous sommes partis à Paris et j’avoue que je n’ai pas fait grand-chose, je prenais ma carte, préparais l’Agrégation et élevais le gamin. J’ai fait partie des cellules des Lycées où j’ai exercé, Reims, Metz, Nancy, Saumur.
En 1958 départ au Maroc où mon mari était nommé. D’abord à Fès où une cellule du PCF nous accueillit avec joie car il n’y avait pas grand’ monde !! Nous avons alors signé des deux mains la fameuse pétition pour l’Algérie indépendante, appelée les 481 (Français du Maroc) .Je ne vous dis pas l’accueil des commerçants de Fès, ville française, quand ils ont vu nos noms sur la liste ! Mais nous étions très fiers et nous avons fait face évidemment !
Sur ce mon mari est nommé à Casablanca où l’accueil en milieu marocain fut extraordinaire ! Mon mari Noël Décourt et son ami Guy Martin (qui fut secrétaire de Georges Marchais, une fois rentré en France) prirent la direction du mouvement des 481 à la demande du bureau politique du parti communiste marocain dont nous avons fait partie à partir de ce moment là. Dans la cave de notre maison (sous-sol confortable, je vous rassure, se cachaient deux algériens recherchés par l’OAS, avec ronéo, machine à écrire etc.
Comme tous les communistes marocains nous versions 11% de notre salaire au FLN pour faire face à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.
Les femmes, nous militions au Secours Populaire, ce qui consistait surtout à collecter des médicaments auprès des médecins français pour soigner les blessés qui arrivaient d’Algérie. Je ne vous dis pas la tête qu’ils faisaient mais ils n’osaient pas refuser car nous les menacions de porter plainte sinon pour non assistance à personne en danger !!!
Nous étions invités aux réunions du parti marocain avec Ali Yata, Abdeslem Bourquia, Abdallah Layachi, Simon Lévy,Hadi Messouak, le médecin personnel de Mohammed V, et nous rendions les services qui nous étaient demandés avec fierté.je me souviens en particulier de la grève de la faim en sit-in dans la cour de l’ambassade de France de Rabat pour la libération de Ben Bella.
En 1963 retour en France à Nancy et très vite notre divorce, dramatique comme tous les divorces, mais qui a fait de moi une femme libre de militer à ma guise. Je suis devenue rapidement secrétaire à l’orga du Comité de ville de Nancy, faisant fonction de première secrétaire car Jeannette Desroches, était très souvent absente à cause de graves séquelles de son internement au camp de Ravensbrück.
Ce fut une période de militantisme ardent et dur car à Nancy nous nous faisions presque lyncher en vendant nos 5 à 6 HD le dimanche matin.
Puis ce fut 1968. Au Lycée le proviseur m’avait demandé de prendre la grève en main car, me disait-il, avec une communiste il était sûr qu’il n’y aurait pas de débordements (incroyable mais vrai !).
En distribuant les tracts à la Générale Electrique nous avons fait adhérer le secrétaire de la CFDT au PC et nous avons eu droit à la 1ère page de l’Huma quotidienne !
Puis 1969, la campagne Duclos, nous faisions les 3×8 avec les tracts pour l’élection de Jacques Duclos. Pour pouvoir distribuer devant les usines fermées par une grille, j’allais demander la veille l’autorisation de rentrer avec les cars qui transportaient les ouvriers, accordée si je garantissais l’ordre, et je garantissais.
Sur ce la Fédé m’a demandé de devenir titulaire comme 1ère secrétaire du Comité de Ville mais a exigé pour cela –avec raison- que je fasse l’école d’un mois à Bobigny. Cela a été programmé pour 1969 et je devais ensuite « monter » au BF.
La vie en a décidé autrement car j’ai connu mon mari Jean-Claude Bernatets et en décembre nous nous sommes mariés pour que je puisse avoir mon changement pour Paris.
Là, j’ai été longtemps secrétaire à l’orga de la section Maison Blanche, puis trésorière du 13ème arrondissement
Enfin en 1980 nous sommes arrivés dans l’Aisne, et revenus à un militantisme de base. Je suis pour le 3ème mandat conseillère municipal de mon village Saint Aubin et je milite davantage à l’ANACR, association nationale des anciens combattants de la Résistance, membre aussi de France-Palestine et de l’UJFP, l’Union des Juifs pour la Paix, encore plus farouchement pro palestinien que les palestiniens eux-mêmes !!
1) A Buchenwald les SS faisaient passer les déportés à la toise sous prétexte d’une visite médicale et avec un silencieux posé sur la nuque ils tiraient, déshabillaient les corps et les jetaient nus sur un charnier. La cellule du camp avec des papiers gras et des bouts de charbon avaient distribué des tracts dans les baraquements , expliquant cela et invitant les déportés à se mettre de côté et à faire semblant d’être tués et à se laisser tomber le plus mollement possible pour être dévêtus et jetés sur le dit charnier . La nuit les communistes venaient chercher les vivants, les rhabillaient et les remettaient dans leurs baraquements.
2) Egalement, tant d’opérations pratiquées par les médecins communistes avec des boîtes de conserve passées à la flamme etc. etc.
* Maurice AUDIN était un opposant, membre du Parti communiste algérien, qui fut interdit en septembre 1955. Père de trois enfants, ce jeune mathématicien, arrêté à son domicile à Alger par les parachutistes durant la guerre d’Algérie en juin 1957, et transféré par eux au centre d’interrogatoire d’El Biar, n’a jamais été revu vivant
*HENRI ALLEG, Militant communiste anti-colonialiste pendant la guerre d’Algérie, aujourd’hui militant contre toutes les guerres impérialistes. Son nom est associé au titre d’un livre : « La Question ».Publié en pleine guerre d’Algérie, en mars 1958, par les éditions de Minuit, immédiatement interdit en France, ce livre est aujourd’hui mondialement connu, traduit dans une trentaine de langues.
Henri Alleg y raconte les sévices qu’il a subis alors qu’il était aux mains des militaires français dans la prison d’El Biar. Malgré la censure, ce récit effroyable a considérablement contribué à révéler une terrible réalité, à l’époque totalement occultée : la torture opérée par l’armée française en Algérie.
Il met ainsi en lumière le courage de l’homme et établit opportunément un pont entre le passé et l’avenir.
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