Il n’est pas surprenant que le chômage des jeunes augmente quand la priorité est donnée à l’allongement de la durée du travail des seniors.
Il y a quelque chose d’extraordinairement absurde dans cette société à reporter la retraite de 60 ans vers 67 ans, au moment où l’on a 5 millions de chômeurs réels.
Pendant que les salariés, même usés, sont obligés de rester à leurs postes pour atteindre difficilement le nombre d’annuités nécessaire à une retraite de niveau décent, des centaines de milliers de jeunes s’impatientent au seuil de l’emploi.
Il y a aussi quelque chose de scandaleux quand on a 5 millions de chômeurs à ce que la durée légale de 35 heures par semaine, en pratique, soit largement dépassées, et qu’en moyenne la durée du travail soit de 41-42 heures.Il s’y ajoute un milliard d’heures supplémentaires non déclarées, non payées, non majorées, ce qui est un vol massif de salaires, et c’est surtout équivalent de 600 000 emplois.
Enfin, la précarité n’est pas une fatalité, elle n’est imposée par aucune exigence économique, c’est un choix patronal dans le seul but de freiner les salaires et de faire plier l’échine aux jeunes avant de leur accorder un emploi.*
Car, en fait, entre 29 ans et 54 ans, il y a 95% de CDI, et même la durée de ces CDI s’est allongée et elle est passée de 9.5 ans à 11.5 ans, ces 25 dernières années : le CDI pourrait être la norme dès 18 ans si le Code du travail prenait les mesures pour l’imposer. Le constat est sévère : s’il y a chômage des jeunes, c’est le fruit d’une volonté politique suffisante en face pour l’empêcher
Pourquoi s’acharne-t-on à continuer dans cette voie ?
Prenons un exemple symptomatique. Dans les emplois d’avenir, il y a un volet spécifique destiné aux futurs enseignants de niveau licence2. Ils pourront enseigner avec une décharge de trois heures pour préparer leurs examens mais une rémunération de 900 euros, soit en dessous du seuil de pauvreté…
Aucune logique économique n’impose la précarité aux jeunes, et surtout pas le prétexte de formation, ou d’inexpérience. Dans le passé, les patrons formaient les jeunes, et c’était normal : maintenant, ils veulent des jeunes tout formés et, qui plus est, serviles.
Pour les faire rentrer dans le moule de la précarité, de la flexibilité, ils les forcent à un parcours du combattant, de 19 ans à 29 ans, de CDD en intérim, de stages en heures supplémentaires non payées. Mais tout ça, c’est pour augmenter à l’infini les marges et répondre aux ratios de profit exigés par les banques.
Clairement, les entreprises sont les grandes bénéficiaires de ces mesures. Il s’agit de démanteler le droit du travail et la protection sociale, ni plus ni moins. Les jeunes sont une porte d’entrée efficace pour atteindre cet objectif. Avec les femmes et les migrants, il s’agit d’une catégorie utilisée pour tirer les droits sociaux vers le bas, par des dispositifs d’exception.
« La précarité permet un ‟dégraissage ”de la masse salariale.
En toute liberté et en toute légalité. »
On ne peut pas améliorer le capitalisme,
il est responsable de ce qu’il a de plus mauvais dans le monde.
Il faut que les jeunes soient partie prenante.
Ils faut qu’ils entrent dans la lutte.
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