Archive | 4 juillet 2012

Rompre avec les stratégies d’effacement du PCF – déclaration de responsables et militants communistes

Rompre avec les stratégies d’effacement du PCF – déclaration de responsables et militants communistes dans Conseil National du PCF 120626_logo-240x300

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Faire vivre et renforcer le PCF : plus que jamais une nécessité face à la politique du capital.

Rompre avec les stratégies d’effacement du PCF.

Déclaration de responsables d’organisation du PCF et de militants communistes, 23 juin 2012 (Pour signer ce texte – cliquez sur le lien)

L’interminable période électorale s’achève enfin. Sarkozy est certes battu mais la perspective d’une rupture avec les politiques au service du capital s’est encore éloignée, malgré les luttes des dernières années, et une nouvelle étape a été franchie dans l’effacement du PCF.

 

En fait de changement, Hollande et le gouvernement Ayrault ont promis la poursuite de l’austérité, avec un effort « mieux réparti ». Le niveau de l’abstention aux législatives a traduit un vote par défaut, sans illusions. Les élections à peine passées, une nouvelle hausse écrasante du gaz, un quasi-blocage des salaires, des dizaines de milliers de suppressions d’emploi dans la fonction publique comme dans les grandes entreprises sont annoncées. Une nouvelle étape dans la mise du pays sous la tutelle de l’UE est imminente. La menace d’un plan de super-austérité, au nom de la dette publique et de l’euro, tel que des gouvernements de gauche ou de droite en ont initié dans les autres pays se précise. Suivant les pas de Sarkozy en Libye, Hollande prévoit une guerre en Syrie…

Le système a dangereusement réussi à faire monter l’extrême droite pour dévoyer la colère populaire et l’idée de rupture. Une recomposition politique potentielle alliant droite et extrême droite est en préparation.

Pour nous communistes, ces constats font encore plus apparaître les lourdes conséquences de la stratégie imposée par la direction de notre parti. Nous avons dénoncé avec constance le « Front de gauche » comme nouvelle étape du processus de mutation-disparition du Parti, de ses positions révolutionnaires et de son organisation, engagé depuis 20 ans au moins et marqué par le Congrès de Martigues en 2000. Nos analyses sont confirmées.

Le « Front de gauche » a poursuivi l’effacement du PCF, cette fois derrière un politicien socialiste. Le solde de l’opération, pourtant clairement électoraliste, est sévère : réduction à 7 du nombre de députés membres du Parti, dans la suite la perte de la moitié des élus régionaux en 2010. Le vote « Front de gauche » aux législatives, moins de la moitié des voix de la présidentielle, n’arrive pas à  masquer la poursuite du recul du vote communiste, en particulier parmi la classe ouvrière. Le rôle de rabatteur pour la social-démocratie et l’UE s’est vérifié, aux yeux de tous après le 1ertour de la présidentielle. Les positions fondamentales de rupture que portent les communistes, contre l’UE, pour les retraites, pour l’appropriation sociale des moyens de production, etc. n’ont pas été défendues. Le Front de gauche a été impuissant à combattre la démagogie « sociale » du FN, à faire reculer l’abstention populaire. Il a prolongé l’abandon par la direction du PCF de toute action concrète en direction de la partie de classe ouvrière qui connaît la plus grande détresse sociale.

Nous faisons le constat d’un énorme gâchis. Les nombreuses et grandes luttes de ces dernières années, culminant dans le mouvement pour les retraites, ont montré les forces existantes pour commencer à rompre avec les politiques au service du capital.

Renvoyées vers les élections, elles n’y ont pas trouvé de débouché politique. Par défaut, sur fond d’années d’abandon de positions de lutte par la direction du PCF, particulièrement dans certaines catégories, le Front de gauche a pu représenter une option électorale, un espoir. Mais les postures se sont dégonflées dès les législatives. Nous ne confondons évidemment pas l’aspiration au changement d’électeurs du Front de gauche avec l’opération politique qu’il représente.

Le risque de démobilisation, de résignation politiques est réel.

Une fois de plus, la direction du PCF fuit le débat, refuse de se remettre en cause. La consultation bidon, caricaturale, après les législatives, montre la volonté méprisante de manipuler les communistes.

Nous rappelons que les décisions de constituer le Front de gauche en 2008, de présenter des candidats communs en 2010, de sortir un programme « partagé » ont été prises en dehors des communistes, que le congrès statutaire de 2011 a été annulé.

Après avoir refusé pendant des mois d’être claire sur la participation au gouvernement PS, maintenant que celle-ci est politiquement indéfendable après les législatives, la direction du PCF essaie de reprendre à son compte le large refus des communistes pour valider la poursuite de sa stratégie. Ces procédés sont des signes de défiance vis-à-vis des communistes. Nous ne pouvons pas accepter que l’on continue à paralyser l’action communiste.

L’heure est plus que jamais à préparer la riposte à la politique du nouveau gouvernement. Il ne saurait être question, par delà l’absence de ministres PCF, de s’intégrer dans la majorité présidentielle, de cautionner sa politique en continuant à cultiver l’illusion qu’il est possible de la « tirer à gauche ».  De même, des positionnements critiques superficiels, gauchistes, un « réformisme radical », tels que Mélenchon les pratique quand cela l’arrange, participent d’une logique d’accompagnement et de duplicité que nous rejetons catégoriquement.

Responsables locaux ou nationaux du Parti, militants communistes, nous appelons nos camarades à forcer le débat sur la poursuite, ou plutôt l’abandon, de la stratégie du « Front de gauche », faussement et scandaleusement associée à celle du « Front populaire ». Nous appelons tout le Parti à engager de grandes campagnes de lutte, à rassembler, sur les positions de ruptures les plus fondamentales.

Nous proposons des actions nationales pour la retraite à 60 ans, avec retour aux 37,5 annuités pour un taux plein et rétablissement intégral du financement solidaire par la cotisation sociale, contre la mise en concurrence du rail et le bradage de l’outil collectif ferroviaire, pour une maîtrise publique et nationale des banques, de l’eau, de l’énergie, pour l’abrogation de la loi Bachelot, pour le retour de La Poste comme établissement public détenteur du monopole public de distribution du courrier, une grande campagne articulant revendications pour la hausse du SMIC et rétablissement d’une échelle mobile, une action contre la 3ème phase de la « décentralisation »…

Plus que jamais, une campagne s’impose pour la rupture avec l’UE du capital, ses institutions et son euro. L’opposition de notre parti en 1992 à Maastricht est fondamentale. La crise actuelle le démontre. Nous appelons à reprendre ces analyses et positions de lutte, loin des illusions sur « l’Europe sociale », pour rassembler et rejeter efficacement le nouveau « traité » budgétaire, ce qui passe par remettre en cause Maastricht.

Notre préoccupation majeure reste de contribuer à faire vivre les organisations du PCF indépendamment des compromis électoraux et des clubs du Front de gauche, avec comme priorités l’entreprise et la jeunesse, l’objectif de reconstituer des cellules du Parti. Les grandes luttes qui se préparent vont tellement avoir besoin des communistes.

Dans les mois qui viennent, nous entendons proposer l’action et imposer le débat à tous les niveaux dans le Parti, dans la suite des textes alternatifs de congrès que nous avons initiés depuis 2005 : « Remettons le PCF sur les rails de la lutte des classes », « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps », « Plus que jamais, notre peuple a besoin du PCF ».

Nous mettons à la disposition des communistes, des acteurs des luttes, des outils d’échange et de réflexion, pratiques et théoriques :

-          Un nouveau site internet : vivelepcf.fr

-          Un site d’information sur le mouvement communiste international, entres autres sur l’activité des partis communistes européens qui refusent l’intégration dans le PGE.

-          De nouveaux numéros de notre revue, Cahiers communistes

-          Des espaces de débats notamment à la Fête de l’Humanité. Ils diffuseront un manifeste pour expliciter et défendre la raison d’être du PCF aujourd’hui en France contre le capitalisme.

Les dirigeants du PCF qui pensent que « la matrice historique des partis communistes » est dépassée en ont le droit. Qu’ils en tirent les conséquences et laissent le PCF aux communistes! Pour nous, le capitalisme est toujours le système d’exploitation du monde, en tirant des milliards de profits en France. Pour nous, le Parti communiste est toujours le meilleur outil politique révolutionnaire dans la lutte des classes. Sa raison d’être est intacte. Pour nous, la perspective révolutionnaire porte toujours le nom de socialisme.

Camarades, reprenons notre parti, le PCF, en main !

Premiers signataires

(chronologiques) (responsabilités dans le PCF : CD = Conseil départemental ; CN = Conseil national)

ALI Alain (02 – Saint-Quentin) ; ALI Jeanne (02 – Saint-Quentin) ; AURIOL Stéphane (75 – RATP – ex. CN), BARRE Albert (75 – Paris 15) ; BECOURT Corinne (02 – Saint-Quentin – CD/CN), BELLICHE Karima (02 – Gauchy) ; BERNABE Frédéric (70 – Vesoul – CD/CN – Secr. Fédéral), BERNATETS Jean-Claude (02 – Chauny) ; BERNATETS Monica (02 – Chauny) ; BERTRAND Robert (31 – Verfeil) ; BRANCOURT Jean-Luc (02 – Saint-Quentin) ; CARPENTIER Paulette (02 – Saint-Quentin) ; CARRIER Serge (02 – Harly); CHANTRELLE Jean (92 – Malakoff) ; CHANTRELLE Laurence (92 – Malakoff) ; CHATAIN Monique (83 – Carqueiranne) ; CLET Franck (38 – Saint-Martin-d’Hères – CD) ; COPIN Joël (62 – Rouvroy) ; CREZEGUT Anthony (75 – Paris 15, CD) ;  CRYSSOMALIS Julia (69 – Lyon – JC) ; DANG TRAN Emmanuel (75 – Paris 15 – CD/CN) ; DARGHAM Pierre (92 – Vanves); DA SILVA Raphaël (69 – Lyon – JC) ; DEBEAUVAIS Fabienne (80 – Amiens – CN) ; DEFFONTAINE Claude (75 – Paris 16 – CD) ; DEGAUGUE Arlette (62 – Béthune) ; DEGUELDAIRE Jean-Michel (02 – Rouvroy) ; DEGUISE Loïc (02 – Saint-Quentin) ; DELVAL Jean-Claude (78 – Mantes) ; DENIS Guy (02 – Saint-Quentin) ; FAINZANG Claude (75 – Paris 19 – CD/CN) ; FEVRE Thomas (42 – Saint-Etienne) ; FOURNIER Jean-Pierre (03 – Commentry – syndicaliste paysan) ; FRICOUT Serge (24 – Jumilhac – CD) ; GABERT Jean-Jacques (02 – Gauchy) ; GABERT Michèle (02 – Gauchy) ; GAGLIANO Michel (42 – cheminot communiste de Saint-Etienne) ; GARCIA Jacqueline (10 – Romilly) ; GARCIA Tenessee (69 – Vénissieux – JC69) ; GARNODIER Luc (69 – Lyon – JC) ; GARNODIER Pierre (69 – Lyon – JC) ; GAWSEWITCH Josette (75 – Paris 15 – CD); GERMAIN Roland (70- Plancher-Bas – Maire) ; GUILLON François (75 – Paris 15) ; HERVE Armelle (78 – Mantes – secr. Section- CD) ; JAMELOT Joran (75 – Paris 15 – AP-HP) ;  JAMMET Marc (78 – Mantes- CD ) ; JAN Aurélien (02 – Saint-Quentin) ; KOLLI Anne-Marie (33 – Arcachon – CD) ; LACAUD Amy (24 – Neuvic – JC69) ; LAROSIERE Jean-François (59 – Douai – CD) ; LEROSEY Benoît (02 – Saint-Quentin) ; LIEVIN Fabienne (70 – Vesoul – CD) ; LIEVIN Patrick (70 – Vesoul – CD) ; LUBRINA Antoine ( 03 – Désertines) ; MARION Fabien (13 – Pays d’Aix) ; MARQUES Camille (75 – Paris 14 – CD) ; MATTA Robin (13 – Pays d’Aix) ; MICHEL David (02 – Gauchy) ; MORAS-CASTRO Esteban (33 – Bordeaux) ; MOREAUX Jeoffroy (13 – Marseille) ; NEGRI Dominique (38 – Saint-Martin-d’Hères – CD/CN) ; NIEL Guy (94 – Gentilly) ; ODETTI Christiane (81 – Lavaur – Secr.  Section – CD) ; OUAKZIZ Moha (81 – Albi) ; PATTE Jean-François (62 – Arras) ; PECH Jérôme (13 – Pays d’Aix) ; PEINTRE Junon (75 – RATP) ; PERRIN Michel (87 – Limoges SNCF – ex-Secr. fédé) ; PICARRETTA Savino (38 – Echirolles) ; PLE Christian (83) ; PLE Sabrina (02 – Gauchy) ; PUDEPIECE Jean-Jacques (02- Saint-Quentin) ; RALLIERES Danièle (81 – Bastides – CD) ; RALLIERES (81 – Bastides – secr. Section – CD) ; RICHARD Laurent (38 – Terres froides – secr. section) ; RIO Paul (58 – Guérigny) ; RIOT Sarah (69 – Lyon – JC69) ; ROCHE Quentin (69 – Lyon – JC69) ;  ROLLO Stéphane (38 – Saint-Martin-d’Hères – JC) ; SABATTIER Henri (07 – Sud-Ardèche) ; SCHMIDT Jean-Claude (75 – Paris 15) ; SOLET Nicole (75 – Paris 15) ; SURAT Joëlle (91 – Vigneux-sur-Seine) ; TOLLET Gérard (60 – Méru – Universitaire) ; TORNER Emile (75 – Paris 15 – ancien déporté-résistant) ; TOURNAY Alain (83 – Toulon) ; TOURNAY Jean-Luc (02 – Saint-Quentin – Secr. Section) ; TOURNAY Josette (83 – Méounes); TOURNAY Olivier (02 – Saint-Quentin – CD) ; YAGHLEKDJIAN Pierre (75 – RATP) ; YATES Russell (77 – Meaux – Secr. Section) ; ZICCHINA Noël (2A – Ajaccio – CD)

Les SCOP ? SeaFrance: de la nationalisation à l’auto-liquidation?

SeaFrance, une SCOP ?

De la nationalisation à l’auto-exploitation 

puis l’auto-liquidation !

Vivelepcf, 4 juillet 2012

 

« Si cogérer c’est gérer avec, autrement dit, dans les conditions du capitalisme, gérer avec les capitalistes, autogérer, c’est gérer soi-même, c’est-à-dire sans les capitalistes. Ce ne serait pas pour nous déplaire, comme chacun sait.

Mais comment gérer sans les capitalistes aussi longtemps que les entreprises et tous les moyens de l’économie leur appartiennent et aussi longtempsqu’ils disposent de toute la puissance de l’Etat et d’un gouvernement à leur service ? En les priant de bien vouloir nous laisser faire ? Les promoteurs du mot d’ordre d’autogestion sont toujours muets sur la question. » Henri Krasuscki, Syndicats et lutte de classes, Editions sociales, 1969, page 36.

 

Depuis plusieurs mois, l’avenir de l’entreprise de navigation SeaFrance à Calais est devenu le cheval de bataille des partisans des SCOP, sociétés coopératives ouvrières de production.

Depuis le 11 juin 2012, leur vœu est en voie d’être exaucé. Le Tribunal de commerce de Paris a en effet attribué la reprise des bateaux de SeaFrance à Eurotunnel qui prévoit d’en confier l’exploitation à la SCOP créée par l’ex-CFDT.

Une partie de la gauche est dithyrambique. Pour l’Humanité du 12 juin, ce n’est rien de moins que la réalisation du slogan du Front de gauche : « Prenez le pouvoir ! ». Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs déclaré qu’il avait prévu de « lancer sa campagne sur SeaFrance » avant d’y renoncer devant les soupçons de malversation par le syndicat CFDT (désormais exclu par sa confédération). Jacky Hénin, ancien maire de Calais, a choisi un responsable syndical de l’ex-CFDT, comme suppléant aux législatives. De son côté, Benoît Hamon (PS) se réjouit : il avait acheté symboliquement deux parts de la SCOP. Même à droite, Sarkozy se disait prêt en janvier à « donner une chance » au projet de SCOP et la maire UMP de Calais promet de donner 1 million d’euros à la SCOP.

Y-a-t-il vraiment de quoi être si enthousiaste ? Qui gagne ? Qui perd ?

Du côté de la firme Eurotunnel, on se frotte les mains. Elle récupère les trois bateaux pour 65 millions d’euros alors que leur valeur est estimée entre 120 et 150 millions d’euros, somme qu’elle se déclarait prête à mettre sur le tapis en mars. Si le projet d’exploitation échoue, elle sera toujours largement gagnante.

La SNCF, société nationale jusqu’alors maison mère à 100% de SeaFrance parvient à ses fins. Elle se débarrasse d’une entreprise qui ne fait plus partie « de son cœur de métier » et qu’elle s’efforce de couler depuis 5 ans. Comme le dénonce la CGT, elle a réussi à mener une entreprise bénéficiaire au dépôt de bilan. L’accord avec Eurotunnel prévoit qu’aucune poursuite judiciaire ne sera engagée contre la SNCF sur ses responsabilités éventuelles (évidentes !) dans la faillite de SeaFrance. Ouf, pour la SNCF et pour l’Etat !

Les dirigeants de l’ex syndicat CFDT, à la tête de la SCOP, vont pouvoir reprendre leur fonction de cogestion aux côtés de Jean-Michel Giguet, ancien patron, bien peu social, de Britanny Ferries, et qui deviendra le véritable patron de la SCOP en tant que patron d’« Eurotransmanche » qui lui louera, pour le compte d’Eurotunnel, les bateaux. La CGT dénonce depuis des années la collaboration de l’ex-CFDT à la casse de l’entreprise, son fonctionnement de « secte mafieuse », allant jusqu’au coup de main contre les syndicalistes et salariés récalcitrants.

Et les autres salariés ? Déjà, il ne s’agit plus que de 500 emplois sur 1000 en 2011, 1600 en 2008. A défaut de prime spéciale de licenciement pour tous, la SNCF versera 25.000 euros à ceux qui accepteront de les placer dans la SCOP à leurs risques et périls. Dans les conditions effrénées de la concurrence déloyale organisée par l’UE, pour maintenir l’entreprise hasardeuse, ils seront poussés à s’auto-exploiter. Le patron d’Eurotunnel, Jacques Gounon, ne peut pas exprimer plus cyniquement cette réalité que lorsqu’il évoque les vols présumés de certains salariés ces dernières années (11 mises en examen): « L’esprit SCOP peut jouer. Dans ce cadre-là, celui qui volerait volerait ses collègues ».

L’avènement de la SCOP n’est qu’une nouvelle étape du « scandale d’Etat » que dénonce la CGT, l’avant-dernière peut-être avant la liquidation totale. Communistes, nous ne ferons pas partie de ceux qui se félicitent du démantèlement concerté d’une entreprise nationale de service public, point d’appui contre les dérégulations européennes des conditions d’exploitation, de travail, aussi de sécurité pour les passagers.

L’exemple de SeaFrance mène-t-il à condamner les SCOP en général. Non. C’est une forme de propriété en système capitaliste qui peut présenter parfois quelques avantages pour les salariés. L’expérience de centaines de SCOP qui existent montre qu’il s’agit d’un modèle qui marche surtout pour des petites entités, situées dans des niches commerciales. Des expériences historiques ont illustré comment des salariés pouvaient gérer mieux que des patrons les entreprises et établir d’autres formes de relations au travail. Mais la pression capitaliste ne leur laisse pratiquement plus de place et la logique d’auto-exploitation prévaut sur l’utopie et l’illusion des « îlots de socialisme » dans le capitalisme.

En même temps que ceux de SeaFrance, les salariés de Fralib (conditionnement du thé) mènent eux aussi une action, à l’initiative de la CGT, en vue d’exploiter leur usine en SCOP. Mais dans les Bouches-du-Rhône, tout est différent. Les salariés ne collaborent pas avec une firme privée, ils luttent pour contraindre Unilever à laisser les moyens à la SCOP de maintenir l’activité, rentable sur le site de Géménos, mais qu’elle veut liquider. Ils ne rentrent pas dans des plans destructeurs des pouvoirs publics, ils font monter le rapport de force pour que les autorités politiques interviennent face à la multinationale.

A SeaFrance, devant la trahison de la SNCF et de l’Etat, la CGT a mené une bataille pour la poursuite de l’activité sous pavillon français à travers une société d’économie mixte dont la région Nord-Pas-de-Calais aurait été partie prenante.

Dans les conditions concrètes de la lutte, la constitution de SCOP ou de SEM peuvent être des objectifs. Mais ni l’une, ni l’autre de ces formes de propriété et de gestion de saurait être érigée en modèle, encore moins en modèle pour « dépasser le capitalisme ».

Dans la médiatisation du cas SeaFrance et les prises de position politiques pour les coopératives et l’autogestion, on voit revenir à la charge les syndicalistes réformistes, les sociaux-démocrates. Tous les leurres sont bons pour esquiver la nécessité de la perspective de rupture révolutionnaire, de remise en cause globale de la propriété privée des moyens de production et d’échange, du pouvoir capitaliste.

Ce n’est pas historiquement celle du PCF ni celle de la CGT depuis 1945. Ce n’est pas celle dont ont besoin les salariés dans leurs luttes actuelles !

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