De Canaille Rouge
Noisy n’est pas Corbeil et son clientélisme institutionnel sanctionné par les tribunaux.
Mais ce sont toutes deux des villes populaires que longtemps les communistes ont dirigées en mettant en œuvre des politiques sociales et culturelles accompagnées d’une présence économique au côté des travailleurs qui faisaient marque de reconnaissance des conceptions d’une gestion municipale.
La droite n’a jamais gagné dans ces villes en progressant en voix mais a fait son nid de l’effondrement de la participation aux élections à tout niveau où les pourcentages à droite et à l’extrême-droite ont été gonflés par cette abstention.
Qu’on ne nous parle pas de la réalité des populations, l’abstention, c’est chez les électeurs et le décrochage signe l’incapacité à mobiliser les mêmes qui savent se faire entendre dans les études locales d’opinions, y compris dans ces villes.
Simultanément, le PS durant trente ans a plus cherché à battre les communistes qu’à faire reculer la droite. Ceux qui le dénonçaient ouvertement dans le parti étaient pris pour des fous par des directions qui ont fait leur retraites d’aujourd’hui de ces compromissions d’alors. Ce n’est pas fautes dans nombre de section d’entreprise d’avoir dit qu’il toujours plus facile de cueillir dans le potager des voisins que de prendre la bêche pour aller retourner des terrains en friches.
Le PCF est-il victime ? Ce serait-trop facile de n’en rester que là. Il a ancrée l’idée que les « forces de gauche » c’était en gros la même chose jusqu’à aider dès la années 70 à faire monter les notables du PS y compris par endroit, d’anciens militants du PCF peuvent en témoigner, en décidant d’aller mettre en place le PS (là où les électeurs les avaient à juste raison fait disparaître après 1965) pour pouvoir ensuite faire des listes d’union où des places leur serait offertes.
Cela a été un des premier ferment de déstabilisation électorale avec l’idée du ratisser large pour rassembler au second tour. Le PS n’a eu qu’à faire jouer le vote utile pour récupérer la mise, et il avait bien plus d’expérience que le PCF pour s’y engager…il a gagné, sans difficulté. Le nombre de secrétaire fédéraux du PCF qui ont emménagé au PS pour s’assurer le gite et le couvert est là pour en témoigner et pas dans les fédérations ou responsabilités les plus petites, le soutien public et fortement affirmé de Fiterman à S Royale ce Weekend en témoigne.
Cela pour le volet purement électoral(iste).
Mais, et là se joue le point le plus dur la crise du capital, la mal vie dans les citées, l’acceptation des délocalisations dans des bassins industriels a fait des ravages en Seine St Denis et dans le val de Marne, dans les Hauts de Seine. Toutes les zones à tours « Bouygues » en sont issues et on fait illusion dans les Yvelines, le val d’Oise et l’Essonne, . Le PCF n’est pas sans responsabilités, plus que conséquentes, dans ces affaires. Les débats dans les instances régionales du PCF dès que ses archives seront disponible pour la période témoigneront. La Canaille, pour avoir assisté ou participé à certains, peut l’affirmer (débat sur les incitations de remises ou rabais de TP, la question du devenir des emprises foncières des services publics etc.) et sauf comportement d’appareil digne des pratiques d’un Poutine (Brejnev ne faisant plus référence) il serait compliqué de le nier.
Purger Paris de sa construction aéronautique ou automobile a pu faire illusion quelques temps, cela n’a pas sauvé durablement l’emploi à Corbeil ou à Aulnay. Vouloir à tout prix attirer toute la réparation ferroviaire sur Noisy contre paris Est n’a pas mobilisé les cheminots qui ne voient pas d’issues politiques avec les « prêt à gérer » à tout niveau sous les fourches du FMI, ce PS dont les positions durant le conflit des retraites n’a pas été porteur d’un enthousiasme mobilisateur mais plutôt récupérateur.
Comme le PCF a perdu toute lisibilité stratégique, au final, la neige aidant et la pêche étant fermée, les électeurs restent chez eux.
Sommet de la bêtise politicienne, ce jour, lendemain de cette défaite pour eux, cette citation qui résume le désert intellectuel qui s’étend dans les crânes de dirigeants du PCF : citation d’une ex dirigeante de l’UEC, ex responsable Parisienne du PCF, ex bombardée dans les Pyrénées atlantique pour accompagner la chute de Tarbes tombées pour les mêmes raison que Corbeil ou Noisy : « je ne dirai pas que la droite n’a pas perdu 2012; je dirai plutôt que la gauche n’a pas encore gagné! » (sic). Vertige de cette dialectique soluble dans le conformisme électoral.
Comme si la question de la mobilisation populaire était liée à cette échéance alors que tout à chacun sait que le PCF et ses avatars divers front, jarret rotule ou nombril de gauche de toute façon appelleront à voter contre Fa# quel que soit le candidat socialiste au second tour (s’il y a en à un), DSK compris.
Les raisons de l’échec des têtes de liste du PCF sont pour part à chercher dans les méandres s’affaissant de cet électroencéphalogramme là, mais surtout ailleurs :
Ayant déserté le terrain des entreprises, le PCF paie sa déconnexion permanente d’avec le monde du travail, la fin de ses combats pugnaces pour garder un outil industriel. Bien sur les calculs politiciens dans les rangs du PS ne sont pas à sous-estimer mais même à Noisy l’anticommunisme chromosomique des dirigeants socialistes de Seine St Denis et leur calcul pour garder le conseil général ne pèsent pas ce nombre de voix.
Rappelons-nous, Il y a quelques semaines seulement la mobilisation contre les choix du gouvernement avait le soutien de 70% des Français.Chacun y allait de sa comparaison : la plus puissante mobilisation populaire depuis 1968. Tous contre la « contre-réforme » du régime des retraites voulu par le grand patronat (porté par Dassault à Corbeil), imposée par le pouvoir et les partis de sa majorité (candidat à Noisy) qui était à la ramasse dans les sondages.
L’illusion de la mécanique « lutte et vote » n’existe plus depuis bien longtemps parmi les plus lucide. Fasse que le 12 décembre ait au moins fait tomber cette illusion parmi les quelques sincères illusionnés qui encore pensaient que ce climat aurait des répercussions politiques en faveur des partis qui se réclament de « l’opposition ».
Mais plus sur le fond, le discours permanent à l’automne des forces dites de gauche affirmant que le rendez-vous de 2012 réglerait les problèmes et ne s’inscrivant pas par leurs propres actions dans une logique de soutien à des mouvements plus décisifs a contribué à affadir le mouvement et renforcer les tendances à la résignation voir à la démobilisation présente dans des directions du mouvement syndical.
L’addition se paie comptant.
Cela ne règle pas la question de fond que se posent tous ceux qui veulent faire bouger non seulement les lignes mais carrément les structures de la société.
Ils doivent réfléchir à la lumière de ces résultats. Que manque-t-il dans la caisse à outil de la colère pour qu’elle puisse devenir constructive ? Une chose, une seule : une organisation au service du mouvement qui le convoque non pas pour la soutenir dans des rendez vous dont le peuple assailli par d’autre problème urgent au quotidien se moque. La proposition de construire cette organisation rassemblant tout ceux qui refusent la situation et travaillent à modifier les rapports de forces dans tous les compartiments d’une société en crise pour justement en sortir. Force populaire qui ne se paie pas de mot et ne se cache pas derrière son petit doigt pour éviter d’avoir à admettre que la France à besoin de se doter d’une organisation révolutionnaire pour rompre avec le capital pour sortir de cet UE qui vampirise les pays qui y sont soumis et des organisations militaro industrielles qui encadrent ses projets .
Les manifs de septembre octobre le clamaient. L’espoir est là : elles prouvent que ces idées cheminent dans les têtes.
Que le PS et autres partisans de l’austérité peinte en rose ou (et) vert fassent encore illusion montre le chemin à parcourir. Un chemin d’autant plus ardu que le contenu des propositions des autres organisations se disant à gauche de la gauche, quelque soit le bateleur et l’estrade ou le vélo d’où il s’exprime est d’un vide abyssal au regard des besoins populaires et des moyens à mobiliser pour y répondre.
C’est ce qui laisse le champ libre au capital. Et avec Dassault, il sera difficile de faire croire que ne n’est pas du capital qu’il s’agit comme il sera tout autant délicat de convaincre que ce n’est pas l’UMP et ses soutiens au comportement factieux en Seine St Denis qui ont marqué des points dimanche.
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