Archive | 30 juin 2010

Fête des Libertés, article de l’Aisne nouvelle

Saint-Quentin  

« Il faut d’abord remplir le frigo »

 

Fête des Libertés, article de l'Aisne nouvelle dans Fête des Libertés-Fête Huma-Repas ECT

« On ne sait pas à quel âge on pourra partir en retraite, et encore nous sommes une génération entre-deux, qu’est-ce que cela va être pour nos enfants ? », s’inquiète déjà Loic, jeune chômeur de 30 ans, au premier plan.

Même s’ils « luttent », la réforme des retraites passe au second plan pour Vincent, intérimaire, et Loïc, chômeur, rencontrés à la Fête des libertés.

Des affiches de l’Humanité partout, une pétition pour des prisonniers cubains, de la musique à fond les amplis… Pas de doute, le stade Marcelk-Bienfait avait un petit air de Fête de l’Huma. Même si à Saint-Quentin, on appelle ça la Fête des libertés.
On coupe le son… et on remet Alain Bocquet pour prendre la parole, le président du groupe communiste à l’Assemblée nationale. Il a un objectif : dénoncer la réforme des retraites voulue par le gouvernement. « La droite veut mettre un terme à une réforme qui est issue de la Résistance et de la Libération pour installer au final un autre système, qui est celui de la capitalisation… »
En face de lui, sur les petites rangées de bancs, entre les cris de bébés, et les conversations parasites, le public venu assister à ce débat avec notamment Corinne Becourt à la tête du PC de Saint-Quentin, et Robert Scuttenaire de la CGT doit donc prêter une oreille attentive. « Tu as raison, Alain… », reprend le dernier cité. Un peu plus loin, sur la pelouse, en plein soleil. Il y a Vincent 29 ans et Loic, 30 ans. Deux camarades de galère, qui enchaînent les missions en interim depuis leur entrée dans la vie professionnelle.
« On ne sait pas où ça

va nous mener. C’est vrai que ma préoccupation principale est d’abord de trouver un emploi stable », raconte le premier, employé dans une grosse PME du Saint-Quentinois. « Il n’y a aucune visibilité, puisque parfois, mon contrat est reconduit à la semaine. »

Précarité contre retraite

Précarité. Un mot que Loic, lui aussi connaît bien. Ancien collègue de Vincent, il y a sept mois, il est passé par la case Assedic. Et ne l’a plus quitté depuis. « Il n’y a vraiment rien sur Saint-Quenitn, pas d’emploi. Là se trouve forcément ma priorité, et puis ensuite, il faut remplir le frigo. Tout le monde est dans cette situation. Mais, je ne suis pas désabusé. Ce n’est pas pour autant qu’il faut abandonner la lutte. Je continue à aller aux manifestations. Je suis un communiste pur et dur. »
Aller aux manifestations, un « luxe » que ne peut pas vraiment se permettre Vincent. « C’est vrai, je n’y ai pas trop pas pensé, d’ailleurs aucun intérimaire dans ma boîte n’y est allé non plus. On sait tous trop que lon prendrait le risque de ne pas être repris ensuite ». D’autant qu’à Saint-Quentin, le taux de chômage est déjà de 15 %….

Auteur : Jérôme POINSU
Article paru le : 29 juin 2010

Fête des Libertés, article du Courrier Picard

lafetedeslibertesavecalainbocquetreference.jpgSAINT-QUENTIN La fête des libertés avec Alain Bocquet

Alain Bocquet est venu dédicacer son livre « Un Marx est ça repart », déjà vendu à 5 300 exemplaires.

 

Les différentes sections saint-quentinoises du PCF étaient représentées, hier. Avec en guest-star, le député du Nord et chef du groupe communiste à l’Assemblée nationale.

A l’entrée du stade Bienfait, les organisateurs de la fête des libertés, cette mini « fête de l’huma », lui ont laissé une place de choix. Autour de l’invité Alain Bocquet, député communiste du Nord, les différentes cellules de la ville ont arboré le marteau et la faucille. Les adeptes du révolutionnaire cubain, Che Guevara, ont tenu à lui rendre hommage avec une exposition dédiée à Cuba. Mais, et c’est une première pour les communistes de Saint-Quentin, ils ont reçu l’amicale visite du président du groupe communiste à l’Assemblée nationale.

Cette grande gueule du Nord a sorti en septembre dernier son livre, écrit avec la journaliste indépendante Delphine Watiez, Un marx et ça repart. Une autobiographie du « baron rouge de Saint-Amand-les-Eaux ». « J’en ai déjà vendu 5 300 exemplaires, assure-t-il. C’est bien pour un livre politique et c’est mieux que ce lui de Pal Sarkozy », le père de son pire ennemi.

Forcément, Alain Bocquet, a débattu de la réforme des retraites, « une espèce d’attrape-nigaud ». Il se souvient alors de la première tentative de réforme d’Edouard Balladur en 1993 « qui n’a rien apporté » et qui selon lui « creuse toujours les déficits ». « Aujourd’hui, c’est bis-repetita avec Fillon. En 2018, le lit de la retraite par capitalisation sera creusé et sonnera le glas du système par répartition. »

Le chacun-pour-soi le révulse. Le groupe communiste est à l’origine d’une proposition de loi de taxer les stock-options, « qui pourrait apporter 800 millions d’euros à la Sécurité sociale ». L’été sera mis à profit pour tracter et sensibiliser encore davantage les vacanciers, sur leur lieu de repos avant l’étude du texte de loi par l’Assemblée nationale, le 7 septembre prochain. « S’il y a un grand mouvement populaire, on pliera les genoux du gouvernement », promet-il.

Bien entendu, il a commenté les scandales de l’actualité. L’affaire Éric Woerth ? « On a jamais vu un aussi éclatant lien entre la plus grande fortune de France avec des représentants de l’État. Le gouvernement privilégie ces gens-là au détriment des grandes conquêtes issues de la Résistance. »

Mme Bettencourt, M. Woerth, ministre, pour tous les plus riches !

ericwoerthetmadame.jpgMme Woerth aux petits soins pour Mme Bettencourt, M. Woerth, ministre, pour tous les plus riches !

 Le scandale a éclaté. Il est parfaitement justifié.

Mme Woerth gère une partie de la fortune de Mme Bettencourt. Il apparaît que certains de ses avoirs, au moins 78 millions d’euros, sont frauduleusement placés à l’étranger, aux Seychelles notamment, pour échapper à l’impôt.

M. Woerth, actuellement ministre de la casse des retraites mais ministre du budget jusqu’en avril 2010, n’a pas jugé pas bon en 2009 de faire contrôler par le fisc la plus grosse fortune de France (10 milliards d’euros – l’équivalent de 800 mille ans de SMIC).

Il appartiendra à la justice de dire s’il y a conflits d’intérêt voire corruption.

Mais déjà l’affaire est hautement éclairante sur qui nous gouverne et pour le compte de qui.

Le travail de Mme Woerth pour Liliane Bettencourt ressemble étonnamment à celui de son mari de ministre pour le compte de tous les plus riches.

Sur Europe 1, le 23 juin, Mme Woerth explique gentiment son métier : « donner des conseils » à des personnes qui font « des placements comme tout un chacun pour avoir un peu de rentabilité ». Mme Bettencourt comme tout un chacun ? En fait, Mme Woerth aide les grosses fortunes à optimiser leurs placements notamment fiscalement.

M. Woerth, ministre du budget, a fait la même chose à son niveau. Les exonérations d’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) se sont multipliées à nouveau depuis 2007 pour atteindre 700 millions d’euros par an. Le fameux « bouclier fiscal » permet aux plus fortunés de se voir rembourser par la collectivité 650 millions d’euros d’impôt par an. Bienveillant pour les riches fraudeurs, M. Woerth a institué une « cellule de régularisation » au ministère des finances, qui leur permet, s’ils le veulent, de rapatrier leur argent sans pénalités. C’est Mme Bettencourt qui va être contente ! La promesse d’impunité ne fait d’ailleurs qu’inciter davantage l’évasion fiscale.

On en passe et de meilleures, comme la braderie du patrimoine immobilier de l’Etat ou le scandale des exonérations d’impôt des plus-values de cession de titres. On reviendra sur ce dernier dispositif, maintenu et défendu par Woerth (mais dont Copé est à l’origine en 2004), qui permet aux groupes capitalistes de diminuer de 6 et 12 milliards d’euros par an leur impôt sur les sociétés.

La collusion est totale entre les gouvernants, la finance et les ploutocrates. C’est ce que cette affaire a le mérite de montrer au grand jour. Il n’y a plus aucune notion du service de l’Etat, de l’intérêt général chez ces serviteurs des puissances d’argent. Ils sont là uniquement pour accélérer le pillage du pays, écraser les travailleurs et aggraver leur exploitation.

La meilleure réponse que peut apporter tout de suite le peuple à cette politique, c’est mettre en échec le projet de casse des retraites orchestré par ce même Woerth. Même le plus naïf ne peut plus croire aux déclamations de M. Woerth, de M. Fillon ou de M. Sarkozy sur leur attachement au « pacte social français ».

2 millions de manifestants le 24 juin 2010, une opposition massive dans le pays au plan du gouvernement :

untitled.bmpLes forces existent pour mettre en échec la contre-réforme des retraites.

La journée de grève du 24 juin 2010 a fait la démonstration des grandes possibilités de mobilisation pour s’opposer à la nouvelle contre-réforme des retraites. Les manifestations ont rassemblées au total de l’ordre de 2 millions de personnes, pour une première mobilisation depuis l’annonce du contenu du projet de loi de Woerth.

Partout on a pu faire les mêmes constats : beaucoup de jeunes, de salariés du privé dans les cortèges. Le taux de grévistes a été élevé dans les grandes entreprises publiques, notamment à La Poste, à France Télécom (plus de 30%), à la SNCF, 46%. Les affirmations du gouvernement et des PDG sur le thème « vous n’êtes pas concernés » n’ont pas pris dans ces entreprises toujours décisives dans la construction des convergences de lutte.

Sous bien des aspects, le 24 juin 2010 rappelle le 13 mai 2003. Les enseignements de la bataille de 2003, qui n’a pas réussi à mettre en échec la loi Fillon, contre les retraites, déjà, n’en sont que plus importants.

D’abord en termes de calendrier. En 2003, la tactique des journées d’action espacées, avec grève continue dans quelques entreprises seulement, a débouché sur un épuisement du rapport de force avant l’été. En 2010, à nouveau, le gouvernement joue sur a période des vacances. Le projet de loi doit passer au Parlement juste au début de septembre. L’été peut être l’occasion d’intensifier la bataille des idées pour une action continue dès la rentrée.

L’extension de la mobilisation est possible. Une large majorité de la population rejette les sacrifices que le gouvernement veut lui infliger. Mais la résignation continue à peser avec l’offensive des tenants de l’idéologie dominante et l’absence de perspective d’alternative politique. Aussi, la lutte se renforcera sur la base d’objectifs précis et offensifs.

Communistes, nous nous plaçons dans cette perspective, celle de briser le consensus des forces politiques de l’alternance qui a plombé le mouvement de 2003.

Il n’y a pas de problème démographique mais une volonté du pouvoir de détourner le financement solidaire des retraites par les cotisations sociales vers le patronat et les profits.

C’est pourquoi le gouvernement n’a pas à « revoir sa copie » mais l’objectif est de gagner le retrait pur et simple de son projet de loi. Aucun recul social n’est acceptable, ni négociable.

Prendre en compte la pénibilité des métiers, c’est réparer les souffrances déjà endurées mais c’est aussi prévenir. Notre société ne peut pas se résigner à ce que certains travailleurs perdent des années d’espérance de vie. C’est dans cette idée que nous appuyons l’exigence de départs anticipés, avant 60 ans.

Coupons court à la campagne sur les soi-disant avantages du secteur public. En termes de salaires et de retraites nets, ils n’existent pas. Refusons la mise en concurrence des salariés et la destruction des statuts des travailleurs !

La défense de la retraite à 60 ans, de cet acquis historique des luttes ouvrière, ne peut être que la défense d’un droit effectif. Il n’est ni juste, ni rassembleur de défendre un droit virtuel de partir à 60 ans avec une retraite de misère.

Refusons toute augmentation de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein ! Exigeons le retour aux 37,5 annuités qui correspondent à une carrière moyenne ! Le gouvernement aime bien les comparaisons avec les autres pays : pratiquement dans tous les autres pays d’Europe, la durée de cotisation est de 30 ou 35 années.

Sur la question du financement pareillement, aucun compromis n’est juste et acceptable. Le système solidaire par répartition a fait la preuve historiquement de sa capacité à s’adapter à l’augmentation du nombre de retraités, à sécuriser le paiement des retraites (au contraire de la capitalisation et de la finance), à attribuer aux retraites la part nécessaire des gains de productivité. Les « déficits » sont dus aux choix politiques des gouvernements successifs de bloquer le système en multipliant les exonérations de cotisations sociales patronales, en figeant leurs taux, en encourageant la pratique des bas salaires.

Notre système doit être rétabli, étendu mais pas « réformé ». Défendons sans concession le financement par la cotisation sociale, part socialisée du salaire !

Cela n’empêche pas de réclamer une taxation des revenus financiers, mais pas spécifiquement pour financer les retraites. Mais on voit comment le gouvernement est prêt à reprendre (en apparence) cette proposition pour mieux justifier le démantèlement du financement solidaire.

Toutes ces questions de fond posent problème de l’unité et du rassemblement. Le PS est de retour dans les manifestations. Très bien ! Mais le suivre sur ses analyses et ses propositions est contre-productif pour le mouvement. Le PS accepte l’allongement de la durée de cotisation, l’idée d’un report de l’âge réel de départ à 62 ou 63 ans. Aubry a été à l’origine des plus importantes exonérations de cotisations patronales, Fabius de l’extension des systèmes de capitalisation. Le nouveau président de la Cour des comptes, le PS Didier Migaud, justifie du haut de son poste toute l’orientation de Sarkozy en matière de coupes des dépenses publiques et sociales. Etc.

Soyons clairs ! Assez d’hypocrisie ! L’objectif n’est pas d’utiliser le mouvement social pour préparer l’alternance électorale en 2012 mais de contribuer à créer les conditions de mettre en échec tout de suite le projet du pouvoir.

Préparons cet été le mouvement gagnant de la rentrée ! Nous commençons à 2 millions 

Le prix du timbre augmente le 1er juillet 2010 – La Poste a supprimé 8326 emplois en 2009

Au 1er juillet 2010, le prix du timbre poste pour les lettres de moins de 20 grammes passe de 56 à 58 centimes d’euros. Le tarif lent dit « économique » passe de 51 à 53 centimes.

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Rien d’autre ne justifie cette hausse de 3,6% et 3,9%, qui va encore pénaliser les ménages, supérieure à l’inflation, que la poursuite de la politique de privatisation.

C’est payer plus cher pour un service public plus dégradé.  

Officiellement, la direction de La Poste prétend que cette augmentation va servir à financer le « service universel ».

Mais qui va payer pour ce service minimal de distribution du courrier dans tout le pays, 6 jours sur 7 ? Les usagers, les particuliers eux-mêmes! Les gros « clients » de La Poste, les grandes entreprises, sont, eux, totalement épargnés par l’augmentation.

Il ne faudrait pas qu’ils passent à la concurrence affirme La Poste. Voilà une illustration de plus que le processus de marchandisation et de mise en concurrence, c’est toujours faire payer plus les « petits » pour le profit des « gros ». On se doute que pour la direction de La Poste, on ne va pas en rester à 58 centimes.

Notre argent pour quoi faire ?

Pour continuer à préparer la privatisation et les profits des futurs actionnaires. De l’argent, La Poste en a déjà. Elle a réalisé 531 millions d’euros de bénéfices en 2009 (1,8 milliard d’excédent brut d’exploitation), sur ses usagers. L’Etat et la Caisse des dépôts vont injecter plusieurs milliards d’euros à l’opérateur. C’est sous ce prétexte que La Poste a été transformée en société anonyme le 1er mars 2010.

Tout cet argent va servir à continuer à déstructurer la filière courrier, à supprimer les centres de tri départementaux, à financer la suppression de 50.000 emplois. Le coût du plan « Cap qualité courrier » est estimé à 3,4 milliards d’euros pour optimiser le profit en fonction sur les activités les plus rentables aux dépens du service public.

Cet argent va servir à fermer des bureaux de poste et des guichets. Le coût de la transformation de tous les bureaux est estimé à 600 millions d’euros.

Cet argent va servir à racheter des groupes financiers pour poursuivre la transformation de la Banque postale en banque spéculative comme les autres.

L’augmentation du prix du timbre n’est qu’une petite partie, mais très symbolique, de tout ce qu’usagers, nous payons en frais bancaires supplémentaires, en opérations nouvelles facturées, en dégradation du service, en temps perdu à faire la queue… 

En 2009, sur une seule année, la direction de la Poste admet avoir détruit 8326 emplois en remplaçant moins de 3 départs sur 10 (dans le rapport social présenté le 17 juin 2010).

8326 chômeurs de plus, ce n’est pas un coût, ça, pour la société!

La dégradation des conditions de travail s’accélère, parfois dramatiquement.

L’opposition à la privatisation de La Poste est massive dans le pays comme les mobilisations de l’automne l’ont montré. Les agents de La Poste, notamment les facteurs du 15ème en janvier, ont mené dans des dizaines de sites et de villes des luttes conséquentes contre les conséquences de cette politique de privatisation.

Les forces existent pour inverser ce processus, faire reculer la politique au service de l’argent.

Une grande victoire sur les retraites peut et doit débloquer les choses dès la rentrée. 

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