« Il faut d’abord remplir le frigo »
« On ne sait pas à quel âge on pourra partir en retraite, et encore nous sommes une génération entre-deux, qu’est-ce que cela va être pour nos enfants ? », s’inquiète déjà Loic, jeune chômeur de 30 ans, au premier plan.
Même s’ils « luttent », la réforme des retraites passe au second plan pour Vincent, intérimaire, et Loïc, chômeur, rencontrés à la Fête des libertés.
Des affiches de l’Humanité partout, une pétition pour des prisonniers cubains, de la musique à fond les amplis… Pas de doute, le stade Marcelk-Bienfait avait un petit air de Fête de l’Huma. Même si à Saint-Quentin, on appelle ça la Fête des libertés.
On coupe le son… et on remet Alain Bocquet pour prendre la parole, le président du groupe communiste à l’Assemblée nationale. Il a un objectif : dénoncer la réforme des retraites voulue par le gouvernement. « La droite veut mettre un terme à une réforme qui est issue de la Résistance et de la Libération pour installer au final un autre système, qui est celui de la capitalisation… »
En face de lui, sur les petites rangées de bancs, entre les cris de bébés, et les conversations parasites, le public venu assister à ce débat avec notamment Corinne Becourt à la tête du PC de Saint-Quentin, et Robert Scuttenaire de la CGT doit donc prêter une oreille attentive. « Tu as raison, Alain… », reprend le dernier cité. Un peu plus loin, sur la pelouse, en plein soleil. Il y a Vincent 29 ans et Loic, 30 ans. Deux camarades de galère, qui enchaînent les missions en interim depuis leur entrée dans la vie professionnelle.
« On ne sait pas où ça
va nous mener. C’est vrai que ma préoccupation principale est d’abord de trouver un emploi stable », raconte le premier, employé dans une grosse PME du Saint-Quentinois. « Il n’y a aucune visibilité, puisque parfois, mon contrat est reconduit à la semaine. »
Précarité contre retraite
Précarité. Un mot que Loic, lui aussi connaît bien. Ancien collègue de Vincent, il y a sept mois, il est passé par la case Assedic. Et ne l’a plus quitté depuis. « Il n’y a vraiment rien sur Saint-Quenitn, pas d’emploi. Là se trouve forcément ma priorité, et puis ensuite, il faut remplir le frigo. Tout le monde est dans cette situation. Mais, je ne suis pas désabusé. Ce n’est pas pour autant qu’il faut abandonner la lutte. Je continue à aller aux manifestations. Je suis un communiste pur et dur. »
Aller aux manifestations, un « luxe » que ne peut pas vraiment se permettre Vincent. « C’est vrai, je n’y ai pas trop pas pensé, d’ailleurs aucun intérimaire dans ma boîte n’y est allé non plus. On sait tous trop que lon prendrait le risque de ne pas être repris ensuite ». D’autant qu’à Saint-Quentin, le taux de chômage est déjà de 15 %….
Auteur : Jérôme POINSU
Article paru le : 29 juin 2010
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