Les plus jeunes ne le savent peut-être pas, mais avant 1995 et le premier mandat de Pierre André, la Ville était entre les mains d’un communiste, Daniel Le Meur. À deux jours de la fête du parti, rencontre avec deux « héritiers ».
Jean-Luc Tournay et Corinne Bécourt, deux dirigeantsde la section locale. Résolument marxistes, ils dénoncent le capitalisme pour une société égalitaire.
Qu’est-ce qu’être communiste en 2010 ?
Corinne Bécourt, 47 ans, l’une des dirigeantes de la section locale et membre du conseil national du PCF : Je suis marxiste et contre le capitalisme. Le communisme avant tout est une forme d’utopie. Il faut en avoir, des utopies. Les gens n’ont plus de perspectives, ni pour eux ni pour leurs enfants. Travailler, manger, dépenser, un cercle infernal dont il faut sortir.
Jean-Luc Tournay, 56 ans, secrétaire de la section locale : C’est un idéal. Souvenez-vous, le PC c’était la Résistance, les congés payés… Oui, le communisme, c’est aider les plus défavorisés, pas la politique politicienne.
Pourquoi avez-vous adhéré ?
C.B. : Deux militants ont frappé à ma porte pour vendre l’Huma. On a discuté. C’était en 1988. Je n’étais pas plus intéressée que ça à l’époque par la politique. Ils m’ont convaincue et j’ai commencé comme militante à coller des affiches, à tracter… La victoire aux municipales en 1989, la ferveur à Fervaques, c’était génial. Claude Tournay m’a proposé de rentrer au comité de section. Puis, j’ai intégré le bureau et le comité départemental.
J.-L. T. : J’ai débuté aux Jeunesses communistes à 14 ans. J’étais au lycée en mai 68, ça a bougé beaucoup à Saint-Quentin. Mon père était au conseil national du parti depuis 1953 et ma mère militait pour les plus défavorisés et dans des mouvements féministes. Ce qu’elle faisait m’a marqué. À 18 ans, je faisais les 3×8 à Nysan, une boîte textile qui a fermé en 1994 et mis 130 personnes dehors. J’y étais secrétaire CGT du comité d’entreprise. Cette année-là, mon frère Claude, secrétaire de la section du PCF, est décédé. Mes camarades m’ont demandé de prendre sa suite. J’étais plus porté vers le syndicalisme que vers la politique. J’ai beaucoup réfléchi. Je suis toujours secrétaire de la section.
Corinne Bécourt, vous êtes au conseil national du parti depuis 2008, pour quel retour ?
J’y interviens parmi 230 conseillers pour présenter mes idées. J’y rencontre d’autres camarades de France, nous échangeons. Au-delà de la politique, c’est un épanouissement personnel, je suis moins repliée sur moi.
Jean-Luc Tournay, que retirez-vous de votre mandat de conseiller régional ?
Je me suis battu pour le troisième aéroport en Picardie. Le dossier ressortira des cartons. À la Région, j’ai rencontré beaucoup de personnes intéressantes. Je regrette que les Régions ne se soient pas fédérées pour former un contrepoids au gouvernement. Sur un plan personnel, je n’ai plus d’indemnités d’élu (1 600 € par mois – NDLR), depuis le 21 mars. Et je n’ai droit à rien, ni RMI, ni chômage… C’est dur en ce moment.
Propos recueillis par CYRIL RAINEAU
Alain Bocquet, invité de la fête des Libertés dimanche
Mélange de politique, d’activités plus frivoles, sorte de Fête de l’Huma locale.
Treize mille tracts distribués sur le Saint-Quentinois, 700 affiches placardées ici et là, et le Net en appui de la communication : la section locale du PCF annonce la couleur, rouge forcément, de sa traditionnelle fête des Libertés née il y a trente-cinq ans. Ce sera dimanche toute la journée au stade Bienfait (quartier Neuville) avec une double vocation : parler politique, et plus prosaïquement s’amuser.
Commençons par la politique. Cette année, la « Fête de l’Huma » locale s’inscrit dans le cadre du 90e anniversaire du parti à la faucille et au marteau. Le thème des discussions : le dossier chaud et d’actualité des retraites.
À 15 heures, Alain Bocquet, députémaire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), animera le débat sur ce thème. Il sera accompagné de Delphine Watiez, journaliste indépendante, auteur du livre sur le député intitulé Un Marx et ça repart. Des communistes et syndicalistes locaux participeront aussi à ce débat.
Politique toujours avec la présence de différents invités dont l’écrivain Jacques Tourtaux (qui écrit sur le monde ouvrier), de stands de sections communistes locales, de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC).
La fête des Libertés, c’est aussi un bon moment de camaraderie. À 10 heures, tournoi de foot ; à 12 h 30, tartiflette géante ; à 16 heures, concerts et à 19 heures, bal populaire. Sans oublier la traditionnelle tombola avec ses lots qui est aussi un moyen de remplir les caisses du parti.
Fête des Libertés, dimanche toute la journée au stade Marcel-Bienfait.
Cantonales, cellule, adhérents…
Adhérents
Ils sont 300 à la section selon Corinne Bécourt. Mais seulement de 180 à 200 à jour de leur cotisation.
Organisation
En sus de la Jeunesse communiste, la section comprend différentes cellules correspondant chacune à un quartier. Celles de Saint-Jean (baptisée Edgar-André) et de Saint-Martin (Henri-Alé) vont être réactivées. Le concept : que chacune apporte ses idées avec ses différentes approches. Cette organisation répond aussi à la volonté « d’être proche de la population pour entendre ses attentes ».
Cantonales
Aucun nom pour les scrutins de mars (Saint-Quentin nord et centre), mais les communistes annoncent qu’ils présenteront leur candidat.
Conseil municipal
« Olivier (Tournay, conseiller d’opposition – NDLR) nous remonte les informations ; les différentes composantes de l’opposition parviennent à travailler en bonne intelligence », selon Corinne Bécourt.
Lignée
Olivier Tournay est le petit-fils d’Émile Tournay, adjoint au maire de 1977 à 1983 et figure communiste départementale des années 1960 et 70. Le père d’Olivier, Claude, était conseiller régional et adjoint au maire de 1989 à 1994 (année de son décès suite à une longue maladie). Le frère de Claude et donc l’oncle d’Olivier, Jean-Luc Tournay, est secrétaire de la section locale et était conseiller régional jusqu’en mars.
Scrutin
Pour rappel, Daniel Le Meur était premier magistrat de la ville de 1977 à 1983 puis de 1989 à 1995, ainsi que député de 1973 à 1995. Pourtant, le PCF fait pale figure dans les urnes à Saint-Quentin. Les causes selon la section : « L’abstention, le manque de moyens par rapport aux grosses machines » et « la mairie aux manettes forte en communication ». Avec ce commentaire : « Les gens vont à la plage, au village de Noël, ça masque le fait que Xavier Bertrand et Pierre André au Parlement votent les lois ; ça masque aussi le manque de places en crèche à Saint-Quentin, de logements, la situation catastrophique du chômage. »
Positionnement
« Il n’y a pas de tendance dans le parti, nous ne sommes pas des Gremetziens. Nous avons toujours pensé que le parti était utile pour les gens, son histoire le démontre. Il n’est nul besoin de le diluer dans un Front de gauche. Nous sommes pour le rassemblement sur des luttes, mais nous voulons sortir de la logique boutiquière politicienne. Nous, nous en revenons aux fondamentaux, un parti révolutionnaire basé sur la lutte des classes. Nous ne rejetons pas tout en bloc dans le parti, il y a une ligne stratégique que l’on suit. Laissons d’ailleurs le temps à Pierre Laurent d’arriver (secrétaire général du PCF depuis une semaine – NDLR). Et on verra. »
Daniel Le Meur
L’ancien député-maire, âgé de 71 ans, vit désormais dans une petite commune dans le Var. Son terrain a d’ailleurs été grandement touché suite aux inondations de ces derniers jours dans la région de Draguignan.
source : http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-locale/Saint-Quentin-Chauny/Le-communisme-se-veut-capital
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