Archive | 15 juin 2010

« On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! » texte du Collectif des cinéastes pour les « sans-papiers »

 Un travailleur sans papiers et un travailleur avec carte de séjour, c’est quoi la différence ? Pas visible à l’œil nu, pas visible même avec une caméra. Et pourtant, ils sont là. Ils travaillent, ils construisent nos immeubles, réparent nos rues, posent les rails de nos tramways. Ils nettoient nos bureaux, font le ménage dans nos appartements, s’occupent de nos malades et des plus vieux d’entre nous. Ils lavent la vaisselle et les cuisines de nos restaurants, s’occupent de la sécurité de nos grands magasins, sont la main d’œuvre secrète de nos agences d’intérim…

Avec ou sans papiers, leurs tâches sont les mêmes. Avec ou sans papiers, les obligations des uns et des autres sont aussi les mêmes : ils payent les cotisations sociales, l’assurance-chômage, la sécurité sociale, les impôts… Comme tout le monde. Alors, quelle est la différence ? La différence, c’est qu’un « sans-papiers » au chômage ne touchera pas d’allocation.

La différence, c’est qu’un « sans-papiers » cotisera pour la retraite mais n’en touchera jamais un centime… Les mêmes devoirs, mais pas les mêmes droits. Et cela parce qu’il lui manque un papier, un seul : la carte de séjour. On peut fabriquer une voiture en Roumanie pour la vendre en France, on ne peut pas délocaliser les métiers du bâtiment ou les services à la personne.

Alors on délocalise sur place, on emploie des « sans-papiers ». Un « sans-papiers », c’est d’abord un travailleur sans droits ! Un travailleur qui vit dans la peur d’être expulsé, et qui s’il est licencié, n’a aucun recours mais une seule perspective : la reconduite à la frontière. Cette injustice est insupportable pour qui attache de la valeur à la devise de la République inscrite sur les frontons de nos écoles. C’est pour cela que nous avons décidé de nous mobiliser aux côtés de ces travailleurs, comme nous l’avions fait pour les enfants de « sans-papiers » avec le film « Laissez-les grandir ici ! ».

C’est avec nos regards de cinéastes que nous voulons à nouveau marquer notre solidarité. « On bosse ici ! On vit ici ! On reste ici ! » proclament les travailleurs sans papiers en grève. L’égalité des droits est l’exigence de tous. Régularisation de tous les travailleurs sans papiers, c’est ce que nous exigeons avec eux.

Révoltons nous !! Le socialisme n’est pas une utopie : ensemble construisons le!

 Aux femmes et aux hommes qui luttent pour leurs droits et leur liberté en Grèce, à toutes celles et ceux qui se mobilisent en Europe, crions leur :Ensemble, nous résisterons à la dictature des marchés financiers !Nous résisterons au coup de force des gouvernements ! Nous sortirons de l’aliénation du système capitaliste!

Non ! Ce n’est pas aux peuples de payer la crise, mais à tous les prédateurs de ce système qui nous ont conduit dans le gouffre. Assez de ces donneurs de leçons de « rigueur », de « bonne gestion », d’ « orthodoxie budgétaire », qui sont en vérité les plus grands gaspilleurs de richesses que la planète ait jamais connus !

Ce qui a craqué en 2008, c’est un système qui au lieu d’utiliser les immenses richesses nouvelles produites par le travail, les progrès de la productivité et la révolution informationnelle à financer de nouveaux progrès sociaux, ne fait que gonfler les profits du capital. Soyons clairs : il n’y aura pas de sortie de crise si persistent le soutien aux marchés financiers et les cures d’austérité pour les peuples, il n’y aura que des rechutes graves. Pourquoi cela vient-il de craquer à nouveau alors qu’ils nous avaient promis « de dompter le capitalisme devenu fou »? Parce que depuis 2008, ils ont continué ! Parce qu’ils ont injecté, en endettant cette fois brutalement les Etats, des centaines de milliards d’euros dans la fournaise financière pour la relancer.

Les gouvernements européens ont mis la Grèce sous tutelle avec le concours du FMI. Ils ont annoncé un accord « historique »: 750 milliards d’euros mobilisés… pour pressurer les peuples comme jamais afin de maintenir la rentabilité des capitaux ! Et ça continue… Après la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie.

En France, sans aucun débat démocratique, pas même un débat parlementaire, le Premier Ministre décrète la rigueur, et trois ans de gel des dépenses publiques, du jamais vu!

En ces temps de progrès inouïs, des savoirs et des technologies le nombre des « travailleurs pauvres » ne cesse de grandir. Les jeunes, qui sont l’avenir, et les « seniors », qui ont l’expérience, sont désormais décrétés « inemployables ». Mais la litanie est trop longue des absurdités, des ravages et des dangers que produit le capitalisme. Oui, ce système est fou ! Et beaucoup trop dangereux pour l’humanité : il faut en changer ! Ce n’est pas une utopie, c’est la question concrète posée par la crise du système. Et c’est possible, à condition de se battre et de construire ensemble notre avenir.

Inventer un autre avenir, c’est ne pas laisser la droite et la patronat massacrer notre système de retraite. C’est franchir un nouveau progrès de civilisation comme l’ont fait les créateurs de la Sécurité sociale après guerre.

Europe, retraites, services publics, utilité du travail, sens de nos sociétés… partout un spectre hante notre continent et le monde, c’est celui du dépassement du capitalisme. Utopie, dans la situation ou nous sommes ? NON ! Rappelons nous l’« évolution révolutionnaire » de Jaures : créer des ruptures décisives avec les logiques du capitalisme fondées à chaque étape sur la volonté démocratique de la majorité d’entre nous. Révoltons nous contre un système qui donne aux seuls actionnaires le droit de vie et de mort sur des entreprises qui n’existent pourtant que par le travail de tous. Construisons une société où chacun puisse accéder à un travail librement choisi, utile à la société, qui fasse reculer l’aliénation au travail et permette l’épanouissement.

En 2005, quand nous nous sommes rassemblés contre le TCE, nous avions vu juste. Ne l’oublions pas. Aujourd’hui, en défendant la retraite à 60 ans, en refusant la purge d’une super-austérité sur l’autel des marchés financiers, nous sommes dans le vrai.

Construisons un front de lutte, un front social, syndical et politique. La construction de convergences nouvelles en Europe est devant nous. La bataille des retraites aussi et elle peut être gagnée.

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