Des voix d’élus de gauche se font entendre pour réclamer un « référendum sur les retraites ». On a pu ainsi entendre Jean-Luc Mélenchon, Ségolène Royal, Laurent Fabius. De façon plus étonnante, les deux derniers numéros de l’Humanité-dimanche ont repris cette proposition politique à leur compte. A ce que nous en savons, le PCF n’a pas discuté de ce qui ne peut être qu’une campagne nationale.
Des députés communistes et de gauche viennent à leur tour de se rallier à cette idée le 9 juin 2010.
Pour nous, ce n’est pas une bonne idée.
Nous faisons le constat qu’il existe des possibilités de rassemblement majoritaire dans l’action des salariés, jeunes et retraités contre le recul social emblématique que prépare le gouvernement. Des manifestations importantes ont eu lieu le 23 mars, le 27 mai, sans atteindre encore le nombre des mobilisations du début 2009. L’opposition à la contre-réforme du gouvernement, au report de l’âge de droit au départ à la retraite, à la poursuite de l’augmentation de la durée de cotisation, etc. est massive.
Dans le même temps, le déficit d’alternative, notamment sur les questions de financement, le consensus existant sur le prétexte démographique ou les « charges des entreprises », entre les forces politiques de l’alternance pèse lourdement sur le développement du mouvement.
Notre conviction est que seul le mouvement populaire, déjouant les manœuvres de division entre salariés du privé, salariés relevant des régimes spéciaux et fonctionnaires pourra comme en 1995 faire reculer le gouvernement sur son projet.
La question de la retraite à 60 ans est un des points principaux de convergences. Mais il n’est rassembleur, dans l’action, pour nombre de salariés, de jeunes que si nous apportons des réponses sérieuses contre l’allongement de la durée de cotisation et sur les questions de financement. Le droit de partir à 60 ans, mais avec une retraite minable qui permet à peine de survivre, ce n’est pas une perspective rassembleuse !
Voilà pourquoi, la proposition d’un référendum est une erreur pour les progressistes et n’est profitable qu’à ceux qui calculent en termes d’alternance et de places après 2012.
D’abord, le référendum, personne ne l’obtiendra.
Ensuite, un référendum pose une question implicite, dans la perspective illusoire d’un vote. En l’occurrence, elle est très réductrice : pour ou contre le projet du gouvernement ou plutôt pour ou contre la retraite à 60 ans.
Voilà de quoi unir pêle-mêle Aubry, Fabius, Mélenchon, toute la « gauche » jusqu’aux « écologistes » et au centre…
Alors que le rassemblement nécessite d’être clairs et offensifs sur les propositions de financement et la défense du système solidaire, on va mettre en avant, dans le camp virtuel du « non », ceux qui sont d’accord avec le passage à 42 annuités, les exonérations de cotisations patronales…
Ce n’est pas pour rien que les communistes ont dénoncé le procédé gaulliste du référendum et la caricature de démocratie qu’il porte!
Alors que battre le gouvernement implique une mobilisation de masse dans les luttes, on va reporter l’enjeu à un vote, évidemment à 2012. Aubry, Fabius, Mélenchon et leurs amis, logiquement promettent qu’ils reviendront sur tous les méfaits de la droite s’ils arrivent au pouvoir en 2012…
Nous avons l’expérience de la « votation » sur la Poste à l’automne 2009.
Encore, il s’agissait de faire connaître les dangers du changement de statut. Mais la « votation », si elle a permis à des centaines de milliers de personnes d’en prendre conscience et d’exprimer leur opposition au processus de privatisation, n’a pas du tout aidé la lutte dans l’entreprise. La recherche d’une position commune avec le PS a laissé ignorer l’autre disposition du projet de loi du gouvernement, aussi grave, la mise en concurrence intégrale des activités courrier, que les sociaux-démocrates ont approuvée au niveau européen.
Sur les retraites, l’effet démobilisateur risque d’être pire.
Un parti comme le nôtre, le PCF, doit prendre toutes ses responsabilités dans le développement de la lutte, d’une lutte durable, déjouant le calendrier et les pièges du gouvernement.
C’est maintenant que cela se joue et non dans la préparation de 2012 et d’une alternance sans lendemain. Ne laissons pas détourner le mouvement vers la perspective électorale ! Elle viendra en son temps.
Fourbissons les arguments, prenons les initiatives qui permettent le rassemblement, ici et maintenant, sur le fond, celui qui justifie que les salariés perdent une journée de paie, plusieurs
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