Monsieur FLECKINGER Daniel
à Pôle-Emploi Site de GAILLAC
10 et 12 rue Hyppolite Rigal
81600 GAILLAC
à Direction Régionale ASSEDIC
rue Marco Polo
31670 LABEGE
et LRAR à Monsieur Eric WOERTH
Ministre du Travail
127 rue de Grenelle
75007 PARIS
Objet : modeste cri d’une personne socialement vulnérable parmi bien d’autres, et dans l’espoir d’un traitement plus humain et d’un meilleur respect de la dignité des chômeurs longue durée.
Mesdames et Messieurs les Chefs de Services, les Directeurs Régionaux, les Directeurs de Cabinets, Monsieur le Ministre du Travail,
Je reviens d’une visite spontanée (malgré le coût des 29km aller et 29km retour avec mon véhicule !) à mon agence Pôle-Emploi de Gaillac (Tarn), et suis effondré une fois de plus, une fois de trop, de ce que j’y ai appris.
Voulant hier, 03 Mai, vérifier par le site internet « Pôle-Emploi.fr » que mon actualisation du 1er Mai avait bien été prise en compte, j’ai vu ma tentative d’accéder à mon dossier refusée. La mention « votre situation ne vous permet pas d’accéder à ce service » m’a vivement inquiété.
J’avais déjà rencontré un tel échec, en Mars dernier, qui s’était avéré cacher une radiation abusive de la part de vos services : radiation d’office de 6 mois alors que j’étais en « Arrêt de Travail » de quinze jours pour cause d’hospitalisation, et que j’avais fourni bien sûr en temps utile les documents nécessaires !
J’avais dû découvrir fortuitement votre décision de radiation, aucune information ne m’ayant été adressée par vos services, 3 semaines après. C’est au moment où je m’apprêtais à utiliser les 150 €uros mensuels de mon ASS que j’avais compris que la situation n’était pas correcte. J’avais de plus appris à ce moment-là que ma déclaration de fin d’« Arrêt de Travail » effectuée le 16 Mars sur le site internet n’avait pas été prise en compte ! J’avais dû alors, le 31 Mars, faire 58 km pour aller à Gaillac, sur les conseils du 3949, et insister lourdement auprès de l’Agent d’accueil pour pouvoir déposer une demande de recours amiable auprès de la Direction d’Agence demandant à être rétabli rétroactivement dans mes 5€ quotidiens à compter du 16 Mars, date de fin de mon « Arrêt de Travail ». Ceci me sera accordé trois semaines plus tard, il y a maintenant un mois à peine !
Vous me direz : « que d’efforts et que de temps perdu pour quelques malheureux €uros ! »
Oui, effectivement ! Mais vous oubliez sans doute, Mesdames et Messieurs, les conditions d’existence des personnes qui sont dans l’obligation de faire appel à vos services ! Se présenter à Pôle-Emploi, et s’y « mettre à nu », formuler les difficultés rencontrées, et y trouver les aides adéquates n’a rien de facile, et ne croyez surtout pas que de tels entretiens soient aussi féeriques que des tours de manège !
J’ai une bonne expérience de l’aide aux personnes en difficultés, car il se trouve que ce fut mon métier ! J’utilise le passé, tant je suis humilié et « brisé » par les épreuves traversées depuis une dizaine d’années.
Educateur Spécialisé, essentiellement dans ce qui était alors les Instituts de Rééducation (aujourd’hui I.T.E.P.), j’ai été cassé par une direction de l’A.S.E.I. qui a usé des méthodes du harcèlement moral et de conduites abusives à mon égard dans le seul but de m’éliminer -j’étais alors représentant du personnel, élu au CHSCT et délégué syndical- : l’Arrêt 20030201 du 14.03.2003 de la Quatrième Chambre de la Cour d’Appel de Toulouse en a reconnu souverainement les faits. La Médecine du Travail me déclarera « inapte définitivement » « avec danger immédiat de maintien au poste » dans cette institution, tant le rouleau compresseur était menaçant pour ma santé !
Malheureusement, depuis mon licenciement prononcé par l’Inspection du Travail du Tarn-et-Garonne en 2002, toutes mes tentatives -et elles ont été plus que nombreuses- ont été négatives. Mon ex-employeur (à l’époque environ 3.500 salariés) ayant une position leader sur le secteur médico-social m’a, de fait, barré tout emploi similaire chez ses organismes confrères. Inutile, pourtant de vous rappeler, Monsieur le Ministre du Travail, que toute « liste noire de salariés à ne pas embaucher » tombe sous le coup de la loi !.
Tous les agents de l’ex-ANPE de Gaillac, devenue Pôle-Emploi, pourraient, je crois, témoigner de mes très bonnes dispositions, de mes nombreuses démarches, et de mon ouverture à toute éventuelle réorientation professionnelle.
J’ai fait trois bilans de compétences (ou assimilés) en 6 ans ! Je pourrais d’ailleurs donner un avis éclairé, et peut-être éclairant, sur le sérieux de certains organismes, et le système « pompe à fric » de certains autres !!
L’un de ces temps de recherche approfondie (sous-traitée à des privés par l’ANPE ou Pôle-Emploi) a débouché, pour mon malheur (je peux le dire rétrospectivement), sur une réorientation dans le Monitorat d’Auto-Ecole avec formation, prétendument prise en charge par différents organismes.
En fait, au final, j’ai dû me lancer dans les sélections, puis dans les deux étapes de la formation BEPECASER, moyennant 4.000,00€ de frais de scolarité, et des milliers de km pour me rendre pendant 9 mois sur les lieux de la formation !
Et, une fois tout ceci amorcé, j’ai appris que je ne pouvais plus bénéficier d’aucune aide, d’aucun secours financier, toutes les enveloppes ayant été épuisées, ou n’étant pas renouvelées !
Cette formation m’a coûté tout compris près de 10.000,00 €uros, pour ne déboucher sur rien. Ayant réussi très honorablement 4 des 5 épreuves, mais éliminé à la 5ème, j’aurais dû reprendre la formation dans la totalité, moyennant, à nouveau, 10.000,00 €uros…
Pôle-Emploi, cette fois-ci, ne m’a pas incité à renouveler !
Pendant cette année noire 2007-2008, j’ai vidé les réserves financières qui me restaient de mes 20 ans de salariat honnête ! Merci les prestataires de services de Pôle-Emploi ! Merci l’accompagnement !
Depuis l’été 2008, mes recherches ont été continues, mes démarches assidues, ma volonté totale…, mais malgré quelques rares directions d’établissements qui ont accepté de me recevoir, rien, plus rien à l’horizon ! Et même plus de réponses à mes derniers courriers !
En Mars 2005, mes droits ASSEDIC A.R.E. se sont éteints, et j’ai basculé en Allocation Spécifique de Solidarité, dans un premier temps évaluée à 14€ quotidiens.
Je gardais espoir de rebondir, et de retrouver une fierté sociale, par le retour à un travail salarié digne de ce nom, c’est à dire conforme à ce que j’aurais dû continuer à connaître si une direction malveillante, et malhonnête, n’avait mis un terme à ma carrière – à défaut de réussir à mettre un terme à ma vie !-.
Il se trouve que j’ai mis en bail des biens m’appartenant, pour pouvoir continuer à vivre sans faire la manche ! Mais étant chômeur, je n’ai pu bénéficier d’aucun prêt bancaire, et ai dû emprunter, auprès d’amis, pour faire les rénovations nécessaires à la location. Je ne peux donc pas déduire de mes revenus fonciers les charges de ces emprunts !
Mais cette réalité, Pôle-Emploi ne la prend pas en compte et a réduit à moins de 5 €uros par jour le montant de mon A.S.S. en Septembre 2009.
Là aussi, j’ai fait le maximum pour « faire avec », « aucun recours n’étant envisageable ! » m’a-t-on dit alors ! Tantôt j’ai espoir, tantôt je désespère devant la réalité de ma situation ! Et pourtant, je ne suis pas le chômeur le plus en difficultés : je suis propriétaire, j’ai encore une voiture, et je suis très entouré. Mais je sais que je suis vulnérable, et que je peux être exposé à des coups durs.
ET EN PLUS, AUJOURD’HUI, j’apprends au guichet de Pôle-Emploi de Gaillac que VOUS avez encore RÉDUIT le montant de mon A.S.S. à DEUX €uros, cette fois-ci ! Savez-vous seulement ce que 2 €uros quotidiens permettent d’acheter? Ceci est humiliant !
Et comment se fait-il que je prenne connaissance de cette décision de façon fortuite, trois semaines après, sans avoir eu communication écrite de la notification, pièce administrative pourtant obligatoire, et souvent indispensable -par exemple réclamée par la CPAM pour l’établissement des Indemnités Journalières- ?
QUE VOULEZ-VOUS en agissant ainsi ? Je ne vais pas faire du chantage au suicide, mais franchement FAIRE DISPARAîTRE UN CHÔMEUR LONGUE DURÉE, DE PLUS DE 50 ANS, est-ce VOTRE RÊVE ? Ou pire, est-ce VOTRE INTENTION ?
Visiblement, je n’ai plus à attendre d’aide de votre part.
Mais je souhaite TEMOIGNER, au delà de mon cas personnel.
Les moyens informatiques et téléphoniques (site internet, 3949, ou boîtes vocale ou mail des Agents-référents) que vous nous imposez maintenant sont de véritables pièges, car sous prétexte de surcharge des systèmes ceux-ci sont fréquemment non-joignables ou saturés. Et quand, par chance, les connexions sont établies et que l’on croit pouvoir procéder en toute sécurité à une déclaration, ou à une démarche, celle-ci s’avère, après coup, ne pas avoir été traitée ou avoir été « égarée » ;
c’est ce qui c’est passé pour moi en Mars 2010 avec ma déclaration de fin de congés maladie.
De plus vous feignez d’ignorer le caractère particulièrement insidieux et délétère de tous les enchaînements des petits évènements, obstacles, soucis administratifs ou financiers, même mineurs, qui par leurs possibles incidences rendent la vie des chômeurs particulièrement difficile, et les mettent sans cesse en tension.
Notre vécu, jour après jour, malheureusement année après année, révèle l’inhumanité cynique et barbare de vos pratiques, et il n’est pas étonnant que même TF1 doive décrire le malaise des personnels de Pôle-Emploi qui s’y sentent très mal, à faire ainsi le « sale boulot » que vous leur imposez. J’ai la chance d’avoir été longtemps du bon côté de la barrière, et de trouver encore la force de répondre, mais comment pensez-vous que puissent réagir des personnes affaiblies, fragilisées par les épreuves, démunies sur le plan des moyens, ou submergées par la pressante question de nourrir leurs enfants ?
Y pensez-vous en traitant de manière purement comptable les dossiers des hommes et des femmes qui s’en remettent à vous ?
Mesdames et Messieurs, Monsieur le Ministre du Travail, je ne suis pas certain d’avoir envie de vous présenter l’expression de mon profond respect, mais je voudrais plutôt vous assurer de mon profond dégoût face à ce que vous participez à faire du service public de l’Emploi !
Dans l’attente, merci de votre nécessaire et indispensable attention,
FLECKINGER Daniel
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