Archive | 29 janvier 2010

Casse de la médecine du travail : Darcos essaie encore, même privé du prétexte du « dialogue social » !

 « Une loi avant l’été prochain » pour contre-réformer la médecine du travail, voilà ce qu’a annoncé le ministre du travail, Xavier Darcos. Le projet de loi pourrait être adopté par le Conseil des ministres fin février. Un calendrier proche de la nouvelle attaque annoncée contre la retraite solidaire.

Tout au long de 2009, le gouvernement a tenté de gagner la signature d’au moins un syndicat au projet du Medef pour pouvoir le reprendre au nom du « dialogue social ».

Une dizaine de rendez-vous de « négociations » n’y ont rien fait. Même les centrales syndicales les plus coopératives n’ont pas pu rejoindre le patronat. L’action des collectifs de médecins du travail, notamment de l’Appel « Sauvons la médecine du travail » (http://www.slmt.fr/SLMT/Accueil.html ), y a été pour beaucoup. 

Malgré ce désaveu, point d’appui essentiel pour la bataille à venir, Darcos remet ça. Ce qui prouve à nouveau, si besoin était, combien le « dialogue social », la « culture de la négociation » sont des attrape-nigauds pour les salariés et leurs représentants.

Les axes annoncés par Darcos suivent étroitement les désirs du Medef, tels qu’il les proposait dans son texte.

Point de départ intangible, le nombre de médecins du travail serait destiné à baisser de façon inélucatable. Le gouvernement fait de l’effet de sa politique une fatalité démographique.

A nouveau en conséquence, il prétend recourir à des médecins de ville et remettre en cause la formation initiale pour pallier les manques les plus criants, au mépris d’une spécialité construite depuis la Libération sur la connaissance du lieu de travail, de l’entreprise.

Puisque fatalement selon lui, il n’y aura plus, de toute façon, assez de médecins du travail, le ministre propose de remettre en cause, dans la pratique sinon dans le principe, la visite médicale périodique tous les deux ans.

D’autres professionnels, psychologues, ergonomes, infirmiers, n’ayant pas la même formation et non protégés par le statut de médecin, pourront être substitués aux médecins du travail.

Pour mieux vendre son piège à nigauds, Darcos agite comme son prédécesseur Xavier Bertrand le principe d’une nouvelle « gouvernance » partenariale des services de santé au travail laissant aux représentants des salariés un tiers des places, pouvant aller jusqu’à la moitié tant que le patronat gardera la voix prépondérante.

Il n’y a aucune raison que ce que tous les syndicats ont déjà refusé hier, puisse être imposé aujourd’hui. Les bases d’une mobilisation de grande ampleur des salariés ont été jetées, sur une question primordiale, même si tout est fait pour qu’un grand nombre de salariés ne le mesure pas.

Mais la médiatisation, devant la situation extrême de certaines entreprises, des conditions d’exploitation méprisant la santé des travailleurs qui règnent dans de plus en plus d’entre elles, rend cette lutte d’autant plus d’actualité et rassembleuse.

La coïncidence avec l’attaque contre les retraites peut permettre aussi de lier les batailles, notamment à partir de la question piégée de la « pénibilité ».

Le but étant de mettre en échec gouvernement et Medef tout autant que de gagner la formation du nombre de jeunes médecins du travail dont le monde du travail a besoin.

Réforme Chatel du lycée – Non au dynamitage des Sciences économiques et sociales (SES) commandité par le Medef

 L’enseignement des sciences économiques et sociales (SES) est l’une des premières cibles dans le collimateur de la réforme du lycée du ministre Chatel. Des réductions importantes d’horaires sont prévues, dès la rentrée 2010. Mais au-delà, c’est la nature et l’avenir mêmes de la discipline qui sont remis en cause.

Pour les classes de secondes, les horaires de SES seront réduits, si les décrets Chatel passent, de 2h30 à 1h30 par semaine. Et encore, pour ceux qui en auront !

En effet, les SES en seconde seraient rétrogradées au rang d’« enseignement d’exploration » à choisir en concurrence avec une nouvelle matière créée spécialement, intitulée « principes fondamentaux de l’économie et de la gestion (PFEG) ». Ensuite en terminale, les horaires de SES seront encore abaissés d’une heure dans la filière ES.

Cet appauvrissement de l’offre d’enseignement est la traduction pour les SES de la politique de suppression de 80.000 postes dans l’éducation de 2007 à 2012 (-16.300 pour 2010).

Mais l’attaque contre les SES va beaucoup plus loin.

Les projets de programmes pour les nouvelles secondes révèlent les intentions du pouvoir. Par exemple, l’étude du phénomène du chômage et de ses causes disparaîtrait purement et simplement des cours de SES.

Le gouvernement ne tient visiblement pas à ce que les élèves acquièrent des connaissances et des instruments pour comprendre la société, l’économie et même sa politique !

Dans cet objectif, de toute évidence, la réforme vise à supplanter les SES par la nouvelle matière, ces PFEG qui ressemblent drôlement à une initiation aux critères de gestion patronaux. Le programme des PFEG vise ouvertement à faire rentrer (et à enfermer) les élèves dans la logique, dite « de l’entreprise », en fait du patronat.

Exemple de « thèmes » au programme : « Comment l’entreprise se lance-t-elle sur un nouveau marché ? » ou bien «  A partir d’exemples concrets, on montrera comment l’entreprise mobilise des facteurs (ressources) et les combine pour assurer une production permettant en retour une rémunération pour chacun d’entre eux (salaire, intérêt, profit) ».

Le capitalisme et son idéologie inculqués dès l’école ! C’est ce que réclame de façon récurrente le Medef. En 2008, il lançait une attaque contre les manuels scolaires accusés d’insister sur les « dysfonctionnements » du système que seraient le chômage ou la pénibilité du travail mais de ne pas faire la part belle aux entrepreneurs. Le gouvernement l’exauce.

Optionnelle en seconde, réduite ensuite, décriée par le ministère lui-même, la matière SES sera profondément dévalorisée avec la réforme Chatel, et avec elle toute la filière et le bac ES.

C’est une raison de plus pour qu’enseignants, lycéens, citoyens, nous nous mobilisions pour:

Le retrait de la réforme Chatel

L’arrêt des suppressions d’emplois dans l’éduction nationale et au contraire l’embauche par concours des personnels dont les établissements ont besoin.

La défense des enseignements, dans le pluralisme, qui ouvrent l’esprit critique des élèves parce que c’est le meilleur investissement pour leur propre avenir, pour notre société et aussi pour notre économie.

Ne pas laisser les régions accompagner l’attaque contre le lycée public !

Le développement de la lutte contre les suppressions de postes à l’Education nationale et contre la « réforme » du lycée coïncide avec la campagne des élections régionales.

Encore vaudrait-il mieux parler de « non-campagne » tant les principaux candidats semblent s’entendre pour éviter les questions de fond. L’avenir du lycée en est une dans laquelle les régions sont directement impliquées. La construction, l’entretien des bâtiments et leur fonctionnement matériel sont de leurs compétences.

Les gouvernements successifs depuis des années poursuivent une stratégie d’affaiblissement de la cohérence et de l’unité de l’Education nationale. Les décrets Chatel s’y inscrivent en renforçant considérablement « l’autonomie » des établissements. De nouvelles tentatives de régionalisation de pans de l’enseignement secondaire sont aussi à redouter, après celle des agents techniques (TOS) transférés en 2004.

Du côté de la droite, il n’y a évidemment qu’accompagnement zélé de cette politique à attendre. La tête de liste régionale, Valérie Pécresse, est la ministre de la loi LRU, d’éclatement de l’université, fortement combattue l’an dernier, également dans les lycées.

Du côté de la « gauche », le bilan et les affirmations passées du président PS sortant de la région ne peuvent qu’inquiéter.

Jean-Paul Huchon se vante ainsi d’avoir, avec la droite et l’extrême-droite, malgré des réticences à gauche, accordé une aide spéciale aux lycées privés.

Loin de soutenir la mobilisation de 2003 contre la décentralisation démantelant le service public de l’éducation nationale, il se félicite du transfert des agents techniques à la région.

Il va jusqu’à se prononcer dans un livre écrit en 2008 (« De battre, ma gauche s’est arrêtée ») pour la régionalisation de toute l’éducation nationale :

« Il faudra quand même, un jour, oser poser la question de la régionalisation de l’Education nationale. Je sais bien que je brise, là, un tabou fondamental de la gauche, mais on vient de nous confier les personnels techniques, on va certainement nous confier dans la foulée les personnels administratifs, c’est-à-dire les intendants et les personnes qui font tourner la boutique, qu’est-ce qui empêche que l’on nous confie les professeurs dès lors qu’il existe toujours des programmes élaborés au plan national par une cellule de prospective intelligente de l’Education ? Franchement, je ne vois rien qui puisse s’opposer à cette mutation ! »

Même si le temps de la campagne, Huchon est revenu à des généralités superficielles, il ne faut pas se faire d’illusion. Une victoire de la « gauche » n’exonérera pas, même sur le plan régional, le monde de l’éducation de luttes. Il le sait.

La région peut et doit contrer, par sa politique d’aménagement, les choix de ségrégation des élèves portés notamment par la suppression de la carte scolaire.

La région peut et doit se mobiliser contre toute nouvelle décentralisation de l’éducation nationale, en refusant tout transfert de compétence, en exigeant la reprise en charge des personnels techniques par l’Etat.

La région doit arrêter de détourner l’argent public vers l’enseignement privé qui se nourrit déjà de la politique de sape de l’éducation nationale.

Voilà, à côté des axes de lutte nationaux, des propositions dont les communistes sont porteurs (voir aussi nos propositions pour l’enseignement professionnel).

LIVRY SUR SEINE |
Le blog des idées non-reçue... |
Parcours d'une jeune consei... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | MoDem de l'Ariège
| Bernard Ramond - Pour que v...
| la republique c'est l'arrac...