Mauvaise nouvelle pour les locataires de quelque 5 000 logements de l’Habitat saint-quentinois : leur loyer devrait augmenter en moyenne de 1,5 % à compter du 1er janvier prochain. Une hausse qui, même si elle reste modérée, risque de ne pas arranger la situation des foyers les plus modestes.
Les portefeuilles des locataires vont encore en prendre un coup. Lors du dernier conseil d’administration de l’Habitat saint-quentinois, le 23 octobre, le bailleur social a voté à la majorité (15 pour, 6 contre et une abstention) une augmentation de 1,52 % (la moyenne est de 1,5 % pour le CIL, ndlr) à compter du 1er janvier 2010. Concrètement, elle se traduira, pour 4 277 logements, par 4,13 euros de plus sur la quittance. Une hausse qualifiée de « raisonnable » par Robert Renard, directeur général de l’Habitat saint-quentinois, qui préoccupe néanmoins quelques locataires. À l’instar d’Annabelle*, 27 ans, une habitante du quartier de Neuville : « Dans le contexte économique actuel, ce n’est jamais agréable d’entendre parler d’augmentation. Il y a quelques années, je me suis retrouvée avec deux mois de retard pour le paiement de mon loyer. Heureusement, l’Habitat saint-quentinois s’est montré très arrangeant, il faut le reconnaître. Aujourd’hui, le montant de mon loyer est de 330 euros. Ce n’est pas excessif certes, mais lorsqu’on n’a plus d’emploi… Malgré les 260 euros d’APL, mon époux et moi sommes encore obligés de faire attention. Nous surveillons quotidiennement nos dépenses tant au niveau des courses que de l’essence. Ne parlons pas des loisirs et vacances que nous avons complètement bannis ! » Même constat chez Philippe*, 50 ans, qui vit au quartier Europe : « Depuis que j’ai été licencié, j’ai du mal à payer mon loyer. Une fois payé, il ne me reste déjà plus que 200 euros. Je dois d’ailleurs 1 000 euros à mon bailleur. Imaginez si ça augmente encore ! »
Des cas auxquels Olivier Tournay, membre du conseil d’administration et représentant de l’opposition, dit être régulièrement confronté et dont il craint aujourd’hui la prolifération. « Le problème, c’est qu’on s’adresse à une population qui est déjà dans une grande précarité. Bien sûr que 3 voire 4 euros peuvent sembler dérisoires. Il n’empêche que mis bout à bout avec toutes les autres augmentations, pour ne citer que les franchises médicales, ça peut vite faire beaucoup ! »
Des loyers bloqués
La majoration des loyers, qui devrait être signifiée sur la quittance du mois de novembre, devrait servir au « remboursement des annuités d’emprunts pour la construction d’autres logements » et au « maintien de l’entretien ». Elle devrait rapporter à l’Habitat saint-quentinois la somme de 240 000 euros. « Ce n’est pas exorbitant, note Robert Renard. Il faut savoir que malgré cette augmentation, nous restons en dessous du loyer plafond. Par ailleurs, pour les locataires logés dans les immeubles à démolir ou pour ceux logés dans des opérations financées par le PLS, il est proposé de bloquer les loyers. »
Une mesure que la Confédération nationale du logement, premier syndicat de locataires, aurait souhaité voir généraliser. « Avec la baisse du pouvoir d’achat et la crise économique, nous avons demandé
le gel des loyers aux bailleurs sociaux et privés, c’est-à-dire aucune hausse cette année, révèle Didier Pavageau, secrétaire confédérale de la CNL. Nous avons rencontré Benoît Apparu, secrétaire d’État en charge du Logement et de l’Urbanisme, auquel nous avons exposé cette mesure et il nous a répondu par la négative. »
Sans céder au catastrophisme, il faut bien reconnaître que pour certains foyers, acquitter son loyer risque de devenir une véritable gageure dans les mois à venir.
* prénoms d’emprunt
REPERES
> 5 172. C’est le nombre total de logements gérés par l’Habitat saint-quentinois. 98 % du parc est concentré à Saint-Quentin.
> Pour les locataires entrés dans le parc entre le 1er janvier et le 30 juin 2009, le loyer ne peut pas évoluer de plus de 1,31 % (16 logements).
> Pour les locataires entrés dans le parc après le 1er juillet 2009, le loyer ne peut pas évoluer de plus de 0,04 % (180 logements).
> Une augmentation de 1,69 % est proposée pour les autres locataires (Villard-de-Honnecourt, cité Billion, Million populaire et Béguinages (563 logements).
> Pour le reste des locataires : 1, 52 % (4 277 logements).
QUAND L’APL NE SUIT PAS
Soixante-deux pour cent des locataires de l’Habitat saint-quentinois perçoivent l’aide personnalisée au logement (APL).
Ce qui permet à l’organisme bailleur d’empocher, chaque mois, 625 000 euros.
Or, lorsqu’il y a hausse de loyer – comme ce sera le cas le 1er janvier prochain -, celle-ci ne se répercutera pas automatiquement sur le montant de l’APL.
« En règle générale, que ce soit pour l’APL ou l’allocation de logement (celle-ci est attribuée aux locataires des logements non conventionnés, ndlr), on prend en compte le montant du mois de juillet de l’année précédente pour calculer l’aide qui sera versée du 1er janvier au 31 décembre », explique Véronique Stevance, cadre au service des prestations à la Caisse d’allocations familiales (CAF).
Ce qui signifie concrètement que la hausse enregistrée à partir du 1er janvier 2010 ne sera effective qu’en janvier 2011 pour ce qui est de l’aide.
Il existe toutefois un cas qui peut amener la CAF à réévaluer le montant de l’APL versé. « Lorsque des travaux sont engagés avec un avenant à la convention d’origine, on peut en tenir compte. Le réajustement se fera le mois qui suit la date de signature de l’avenant », poursuit-elle.
Sachez enfin que l’APL est attribuée sous condition de ressources. Le montant de l’aide dépend de nombreux éléments : le loyer ou les mensualités de remboursement de l’emprunt, les charges du logement, les ressources familiales de l’occupant, les charges de famille et la situation géographique du logement.
Auteur : Nasséra LOUNASSI
Article paru le : 30 octobre 2009
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