Archive | janvier 2009

Même Moumousse le dit : « nous sommes les meilleurs »

Les voeux du PCF.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y a une semaine, c’était les voeux du Conseil Général de l’Aisne, une cérémonie très socialiste. Ce soir, c’était les voeux de la section communiste de Saint-Quentin, dans leur local, rue de la Pomme Rouge (ça ne s’invente pas!). Depuis dix ans, quand je peux, j’y vais, j’en suis. Jean-Luc, Corinne et les autres, je les connais tous et je les aime bien, mieux parfois que mes camarades socialistes (je sais, ce n’est pas bien, mais que voulez-vous, je n’ai jamais eu le sens de la famille). Le communisme, pourtant, ce n’est pas mon truc, vous le savez bien. Et le communisme tendance Gremetz, encore moins… Alors quoi? Et pourquoi cette attirance qui me conduit toujours à revenir vers eux, dont je ne partage pas, c’est le moins qu’on puisse dire, les idées?

D’abord parce qu’ils sont sympas, francs, directs. Avec eux, je m’amuse. Ceux d’entre eux qui me liront sauront ce que je veux dire. Il y a chez eux une « convivialité » (mot horrible, très à la mode, que j’emploie ici par commodité) que je ne vois dans aucun autre milieu politique (mais il est vrai que je n’ai jamais fréquenté les bals de l’UMP). En fait, ce qui me plaît avec les communiste, c’est cette ambiance populaire, sans chichi, à la bonne franquette.

Et puis, ce sont des militants, des vrais, comme on n’en fait plus, prêts à se lever le matin pour distribuer devant l’usine MBK, à se coucher tard le soir après avoir collé des affiches. Ne souriez pas, il en faut, des hommes et des femmes de cette trempe, pour lutter contre la droite. Avec eux, je me sens bien, parfois plus dans mon monde qu’avec des socialistes. Parce que les communistes sont aussi convaincus que moi, social-démocrate, je le suis. Au-delà des fortes divergences idéologiques, c’est ça qui nous rapproche. Comme eux, je ne cherche pas le pouvoir. Les uns et les autres, nous nous battons pour des idées, mêmes si ce ne sont pas les mêmes.

J’ai beau contester le communisme, je suis obligé de reconnaître que leur ancrage est populaire. Et quand on est de gauche, c’est quand même essentiel. Le PS, c’est de la petite bourgeoisie, fort sympathique, et politiquement dans le vrai. Mais j’aurais toujours cette dette envers les communistes: ils ne sont sans doute pas dans le vrai, mais ils sont les plus proches du peuple.

Du discours de Jean-Luc Tournay, je retiens cette résistance à la droite, aux valeurs de droite. Je retiens aussi la force de proposition: à la différence de l’extrême gauche, les communistes, depuis toujours, depuis au moins l’après-guerre, ont voulu contribuer à l’effort industriel de la France, ne se sont jamais contentés de condamner le « système ». J’ai bien sûr apprécié le long passage de Jean-Luc en faveur du 3ème aéroport, combat dans lequel je me reconnais complètement.

Toute la gauche était là, sauf le PRG, toute l’extrême gauche aussi, sauf Lutte Ouvrière. Je souligne la présence discrète de Laurent Elie, représentant du MRC, qui intervient régulièrement sur ce blog (tu vois, Jean-Luc, comme tu le craignais, en voilà un que tu as oublié de citer!). Ne nous voilons pas la face: au milieu de cette assemblée, j’étais le grand perdant, celui qui a refusé l’alliance avec l’extrême gauche, celui qui souhaitait que les socialistes partent aux municipales sous leur propre drapeau, et ne fassent l’union qu’au second tour. J’ai perdu, oui, mais ai-je perdu pour toujours? Comme mes camarades communistes, je sais que l’obstination, seule, paie. Demain, plus tard, un autre jour.

Bonne soirée. 

Le rassemblement – intervention de Henri MARTIN pour la réunion nationale des vétérans du 17 octobre

Henri Martin, militant anticolonialiste, ancien membre du Comité central du PCF, est signataire du texte alternatif pour le 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps »

Actuellement le monde entier peut constater que le prix du pétrole peut diminuer de moitié sans que les multinationales qui dirigent cette production soient en faillite, c’est donc que les profits sont immenses.

C’est pourtant au secours de ces multinationales que les gouvernements capitalistes veulent en premier réagir en en imposant la majorité de la population.

Le Président Français de la banque centrale européenne a déjà déboursé 150 milliards d’euros (la moitié du budget français) pour dépanner quelques banques amies.

La nocivité du régime capitaliste éclate au grand jour et frappe la majorité de la population en premier ceux qui produisent les biens nécessaires à la vie de tous.  Cette majorité est mécontente, proteste, mais ne peut prendre conscience spontanément des véritables responsables de l’aggravation de sa situation.

Le rôle d’une force politique organisée est donc indispensable pour aider à cette prise de conscience pour trouver des véritables solutions conformes à l’intérêt de la majorité de la population. Ce doit être le rôle du parti.

Déjà nous avons joué un rôle important dans la mobilisation de 55% des électeurs Français contre une constitution légalisant l’exploitation capitaliste, alors que la majorité des députés prétendait que c’était le meilleur mode de production. Bien sûr, le gouvernement a pu par la suite réussir à faire adopter sous l’appellation « traité » 98% de cette constitution rédigée par Giscard d’ Estaing. Mais surtout parce que la direction du PS a laissé faire au nom de sa solidarité avec les autres, PS européens.

Nous avions donc remporté cette bataille du référendum sans avoir le soutien du PS ce qui montre la répercution de nos idées et il me semblait que nous en avions tiré une leçon, en écrivant dans la base commune « l’expérience de la gauche plurielle a été marqué à plusieurs reprise par une surdité de notre part vis-à-vis du mouvement social et progressiste » puis «  Nous n’avons pas su prolonger la dynamique de 2005 en proposant immédiatement après la victoire du non (55%) un objectif, un cadre et une méthode susceptible d’éviter la confusion qui a marquée l’échec de cette tentative ».

Malgré cette phrase autocritique, qui est un minimum de regret par rapport a l’importance des privatisations que nous avons laissé faire entre 1997 et 2002, je pense qu’actuellement nous repartons dans la confusion en transformant le terme « gauche » en formule miracle, contre l’exploitation capitaliste.

Car que devient l’indépendance du parti dans ces conditions.

Dans la situation actuelle ou l’injustice de la société éclate, faire réellement du nouveau c’est aider les travailleurs a conquérir des droits politiques et économiques en leur faveur, afin d’être des citoyens à part entière.

Ce sont quand même eux qui produisent les biens nécessaires à la vie de toute la nation et pourtant ils sont traités en citoyens de seconde zone.

A la libération se sont les travailleurs qui ont relevé les usines, redémarré la production contre les dirigeants d’entreprises qui s’étaient mis au service de l’occupant nazi.

C’est donc vers ces travailleurs qu’il faut tourner d’urgence nos efforts, Paul Boccara a fait des propositions très intéressantes pour les aider a conquérir des droits politiques et économiques et tout simplement à conserver un travail, avant de songer à des alliances de sommet avec des gens qui n’ont pas l’habitude de tenir leurs promesses.

Pour aider ces travailleurs il faut donner du tonus au parti et non réduire sa force en l’inféodant totalement et durablement à d’autres forces politiques qui ne sont pas animées par l’idée de faire passer les intérêts du peuple avant les leur.

Il faut aussi arrêter de participer à l’offensive idéologique du grand capital pour discréditer notre histoire, alors qu’il se tait sur sa collaboration avec les nazis et sur les guerres coloniales.

De même il faut rappeler que lorsque nous n’étions pas au gouvernement, à l’élection présidentielle de 1995, Robert Hue avait gagné 600 000 voix et 2% sur l’élection précédente, au moment ou le candidat Jospin était en recul de 11% et perdait plus de 3 millions de voix sur le score de Mitterrand en 1988.

Par la suite lorsque nous avons été au gouvernement, Robert Hue est tombé à 3,37%. Les faits montrent donc que lorsque nous nous alignons sur les positions du PS, nos électeurs nous abandonnent.

Pour terminer je veux dire :

Chaque fois que nous ne sommes pas d’accord avec le PS, nous sommes accusés immédiatement d’être des antisocialistes bornés. Mais lorsque nous organisions des manifestations contre la guerre d’Algérie, faite par des gouvernements socialistes, non seulement nous agissions contre une guerre injuste, contre un peuple qui voulait à juste titre être indépendant, mais nous agissions aussi pour sauver la vie de tous ces jeunes Français, parmi lesquels des fils des militants socialistes. Ce qui était évidemment tout autre chose qu’un acte sectaire et antisocialiste.

Le camarade André Maurice en 1968

André Maurice (section PCF de Nantes) donne son expérience personnelle sur 68

1- Extrait d’intervention en Assemblée des communistes

« … Etudiant-salarié en Histoire, je pensais être de gauche. Je lisais France-Soir de temps en temps ! Les provocateurs et la démagogie de Cohn-Bendit en mars 68 bousculèrent ma culture idéaliste…

J’ai alors tout appris des communistes.

C’étaient des militants ouvriers, souvent issus de la Résistance. Ils m’ont expliqué… la place des entreprises… la classe ouvrière. Les événements avaient du sens… au travers des combats des générations. Ils m’ont parlé de la lutte des classes en France et à l’échelle internationale. Le peuple de France n’était pas seul, d’autres luttaient à travers le monde, aidés par les pays socialistes : Cuba, les peuples d’Indochine, les pays d’Afrique… A Moscou, il y a avit l’université Patrice Lumumba. Et il faudrait faire l’impasse sur le rôle de l’Union Soviétique face au nazisme, aux impérialistes, ne retenir que le stalinisme !

J’ai commencé à lire l’Humanité, Clarté… J’ai découvert un nouvel alphabet pour comprendre le monde, tout ce que la société, son système scolaire et ses médias, me dissimulait. J’ai appris le matérialisme philosophique et historique.

Je ne crois pas que ces outils d’analyse soient aujourd’hui dépassés. 

Faudrait-il en douter ?

Nos ennemis de classe nous donnent un éclairage singulier sur nos renoncements. Eux ne doutent pas de la force de nos idées… Ils redoutent pas dessus tout une progression nouvelle des peuples.

Il n’y a qu’à voir l’acharnement qu’ils mettent toujours à caricaturer les expériences révolutionnaires, à éradiquer l’espoir, l’idée même qu’une autre société est possible : l’Histoire serait terminée, les classes sociales n’existeraient plus. Le marxisme serait vidé de son contenu… or la bataille est idéologique, plus que jamais.

Faut-il les aider en rompant les amarres ?

Comme hier contre le nazisme, à l’exemple de Guy Môcquet, résistons aujourd’hui pour combattre le capitalisme. Reste à débattre de notre stratégie et de nos objectifs… et ceci demande une réflexion complémentaire… »

2- Entretien avec André Maurice, étudiant à Nanterre en mai 68 (dans un journal local)

Quel âge aviez-vous à l’époque, et dans quel établissement étiez-vous ?

En Mai 68 ? Je suis à 6 mois de ma majorité, alors à 21 ans. Etudiant-salarié en deuxième année d’Histoire à Nanterre-La folie… c’était le nom de la gare pour l’Université !

Qu’est-ce que le mouvement a représenté pour vous à l’époque ?

L’irruption de la politique avec un grand P, dans ma vie d’étudiant : la force des mouvements sociaux… da la jeunesse, mais aussi la puissance des syndicats ouvriers… Le silence dans la gare Saint-Lazare, tous les trains immobilisés, c’était impressionnant !

L’Histoire s’écrivait tous les jours. Des lectures également… Entre les assemblées générales, j’apprenais dans Lénine, le sens d’un mot nouveau dans l’actualité… le gauchisme !

Il faut dire que j’avais vu Daniel Cohn Bendit gifler un prof devant un amphi de 5000 étudiants… Les pratiques de la révolution culturelle chinoise de 1966 n’étaient pas loin. Cela m’avait interrogé sur le véritable rôle de ce « leader », mis en scène par les médias, puis très vite par le pouvoir.

Quels étaient les objectifs de Cohn-Bendit ?

J’ai assez vite compris que les barricades étaient un « piège à cons pour les élections »… Une nuit d’émeute, c’était des centaines de voix pour un retour à l’ordre et le triomphe électoral de la droite.

Comment le voyez vous aujourd’hui avec le recul ?

Comme une mutation de nos pratiques d’alors…politique, mais aussi culturelle, scolaire et même familiale. Ce n’était plus pareil au lycée, à la fac avec nos profs, nos parents. On osait prendre la parole…

Mai 68 met en chantier les luttes des années 70/80… La question de l’après-gaullisme allait se poser et pour certains, le remplacement du système lui-même.

Si vous ne deviez avoir qu’un seul souvenir, quel serait-il ?

Une nuit au journal l’Humanité, boulevard Poissonnière, en face du cinéma le Grand Rex. A l’époque, j’étais étudiant « catho », peu politisé… je lisais de temps en temps France-Soir !

La journée avait été rude à Nanterre… entre les CRS, les groupuscules trotskistes, maoïstes… et les étudiants communistes.

La secrétaire de leur cercle, fille de réfugiés espagnols, m’avait proposé de les accompagner à l’Huma où tous les soirs ils venaient chercher le réconfort et les analyses de leurs aînés…

C’est là que j’ai entendu le commentaire de René Andrieu, le rédacteur en chef du journal… « si nous avions appelé les ouvriers à aller sur les barricades… ce soir il y aurait eu plusieurs centaines de morts ! »

Et un slogan ?

Aucun. Il me semble que vouloir réduire Mai 68 à quelques slogans sortis de leur contexte historique, c’est participer à la caricature des évènements pour mieux les discréditer et orchestrer un mythe. D’autant que la plupart de ces slogans annoncent l’individualisme « libéral-libertaire » des futures bobos des années 90.

Que pensez vous de la volonté de Nicolas Sarkozy de « liquider » l’héritage de mai 68 ?

Ce qui me frappe dans la campagne (commerciale) de la commémoration des 40 ans, c’est précisément la dénaturation du mouvement réduit à Dany le rouge, aux grenades lacrymogènes… et à la liberté de circulation dans le dortoir des filles !

Le mouvement ouvrier et la satisfaction des revendications sont rarement évoqués !

Or la « grande trouille du pouvoir », c’est un mai 68 qui aboutisse. C’est le bouc émissaire des difficultés d’aujourd’hui !

Comme en 40, le Front Populaire était accusé de la défaite ! D’autant que la crise économique est  à nos portes et qu’il faut préparer les esprits au sacrifice des réformes, voilà l’objectif du président. Le message est clair, refaire un mai 68 ne servirait à rien d’autre qu’à développer la violence et la « chienlit » anarchiste.

Selon vous, quel est l’héritage de mai 68 ?

Pour les salariés, le droit syndical dans l’entreprise, interdit depuis 1884 ! La hausse du SMIC de 35%, le retour aux 40 heures alors que la durée moyenne était alors de 52 heures ! Et un rapport de foce avec le patronat qui rappelait 36…

Pour les étudiants et les lycéens, des élus dans le conseil d’administration et des droits nouveaux d’expression dans les établissements.

Quelle conclusion à tirer ? « La lutte paye ! Lorsqu’elle est menée dans l’unité . Ce ne peut pas être l’héritage du président ! Au-delà il me semble que l’esprit de Mai est un esprit critique sur touts choses, une organisation nécessaire pour gagner, et de la créativité dans l’élaboration de perspectives nouvelles pour transformer la société.

Quelque chose qui doit ressembler à ce qu’il y avait dans la tête d’un républicain en 1793 après l’élimination du roi ; ou d’un de la commune de Paris en 1871.

2008 : besoin du PCF ! Au moins comme il était en 1968 !

2008 : besoin du PCF ! Au moins comme il était en 1968 !

Il y en a assez de voir et d’entendre, pratiquement de tous côtés, effacer ou dénigrer l’action du PCF en 1968. Pour les communistes, au-delà de l’exaspération légitime, il est nécessaire de rétablir des vérités, celles qui sont utiles pour aujourd’hui, celles que l’on veut justement occulter. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille idéaliser le parti de l’époque ou s’abstenir de toute critique.

L’anniversaire donne lieu à une entreprise générale de révision de l’histoire par l’idéologie dominante et ses serviteurs. A plusieurs niveaux.

Mai 68, coupé du contexte, est réduit à un folklore publicitaire. La représentation d’un « esprit de 68 » supplante la mémoire du mouvement des étudiants. Le mouvement des étudiants, vidé de tout son contenu de classe, supplante la mémoire du mai des prolétaires. Et quand on en vient quand même à évoquer l’une des plus grandes et longues grèves qu’a connues le pays, c’est pour mieux condamner les principales organisations qui l’ont rendue possible et fertile pour les travailleurs : la CGT et le PCF.  

Sans aucune honte, sans aucune autocritique sur leur propre attitude en 68 et leur parcours depuis, les gauchistes et autres mouvementistes d’hier et d’aujourd’hui se livrent, depuis les positions avantageuses que le système leur a octroyées depuis 68, au procès du PCF. Ces donneurs de leçons bénéficient sans surprise de la complaisance des media mais même de la réaction timorée, culpabilisée, de certains porte-parole du PCF. Les nombreux souvenirs, souvent très intéressants, publiés dans l’Huma montrent l’engagement des communistes individuellement mais ne portent pas d’analyse du rôle du parti.

Bon sang ! Communistes, n’ayons pas peur de contrecarrer la thèse officielle de ces « gauche » et « extrême-gauche » bien pensantes qui se dédisent, se trahissent depuis 40 ans !

Le PCF, en tant que parti, n’est pas passé « à côté du mouvement » en 68. NON ! Il en a été l’un des principaux ferments !

Le pouvoir était-il à « ramasser » en 68, la situation révolutionnaire ? Le PCF a jugé que non. S’est-il trompé ? Non !

Les gauchistes, dont Alain Krivine, qui assistaient au meeting de Charléty, essaieraient-ils encore de nous dire que Mendes et Mitterrand représentaient une rupture avec le capitalisme ? Comment ces exégètes des « minorités agissantes » à l’époque, extérieurs au mouvement dans les entreprises, qui flattent aujourd’hui les majorités silencieuses des télespectateurs de Drucker, comptaient-ils organiser leur « armée prolétarienne » à partir de piquets de grève d’où ils étaient complètement absents (programme de la LC(R) 1972) face à l’armée gaulliste, aux portes de Paris ?

Le PCF s’est-il trompé en poussant le mouvement revendicatif au plus loin avec la CGT ? Non ! La période ouverte après 68, après l’augmentation des salaires de 10 à 20%, du SMIC de 30%, l’obtention du droit syndical à l’entreprise, a amené jusqu’en 1982/83 une série de conquêtes sociales sans précédent. La part du travail, face à celle du capital dans le PIB a progressé de 10%, malgré et contre les gouvernements de droite jusqu’en 81.

Le PCF, notamment à travers son organe central, l’Humanité, qui n’a cessé de paraître et d’être diffusés grâce aux militants, défendait la perspective d’un « gouvernement populaire » d’union de la gauche. En 68, il se heurte au refus de la SFIO, de l’ensemble de la FGDS qui craigne le parti des travailleurs. Aujourd’hui, il n’est pas juste de mesurer la perspective de l’union populaire de 68 à l’aune du programme commun de 72 et du gouvernement de 81.

Parmi les donneurs de leçons, certains sont encore plus mal placés. Dans son livre « Communisme, l’avenir d’une espérance », Patrice Cohen-Séat, qui se présente aujourd’hui comme dirigeant du PCF et que nous citons uniquement comme contre-exemple, se permet de fustiger le PCF de 68. Le même avoue pourtant qu’en 74, il hésitait entre le PS et le PCF… Avant 68, selon lui, le PCF se serait bien accommodé du pouvoir gaulliste et il ose prétendre qu’en 68 le PCF « serait resté aveugle et sourd à ce qui se tramait sous ses yeux ». Quel mépris pour les communistes! Sur ces fameuses questions de « société », comment nier que le PCF a été depuis 1920 le premier et le seul à promouvoir la place des femmes, des immigrés en politique, pour ne citer que cela. A Paris 15ème, à Citroën, par exemple, les camarades sortaient des tracts en 4 langues ! Qu’en tant que parti de masse, le PCF ait été moins sensible à certaines modes comportementales, qui, parfois, révélaient de profondes aspirations, c’est possible mais ce n’est pas une raison pour faire la leçon au seul grand parti ouvert sur les aspirations d’émancipation du plus grand nombre des travailleurs.

Il est enfin une autre dimension que l’on ne doit pas mettre sous le boisseau : le PCF était le seul parti présent au cœur du mouvement, depuis des années, suivant sa raison d’être, dans les entreprises. L’organisation communiste, implantée souvent au départ avec volontarisme sinon abnégation, contre la répression patronale, parmi les travailleurs par des travailleurs, a été un des moteurs principaux de tous les mouvements, de toutes les mobilisations, avec son analyse, ses perspectives, son organisation elle-même. Les ouvriers communistes s’organisaient pour lutter, se défendre, construire, en tenant compte des réalités. 

Il est trop facile pour les donneurs de leçons, d’hier et d’aujourd’hui, de fustiger le PCF avec l’appui des media du grand capital. Nous affirmons que sans le PCF, sans les militants et les organisations communistes, 68 ne serait pas produit en France avec les résultats extraordinaires que l’on sait et que Sarkozy s’est fixé comme objectif de liquider.

Aujourd’hui, nous avons besoin du PCF, au moins tel qu’il était en 1968 !

Nous invitons les camarades, les sympathisants qui liront ce texte à donner leur avis et s’ils le veulent bien à en illustrer la thèse.

Vivelepcf – 5 juin 2008

Les vrais chiffres du chômage

Les vrais chiffres du chômage

DES VERITES BONNES, NECESSAIRES, A RAPPELER :

Merci à Combat communiste : http://pagesperso-orange.fr/combat/

Il s’agit des chiffres d’octobre. Depuis plus de 50.000 nouveaux chômeurs.

Les vrais chiffres du chômage

A l’heure où le mensonge est monnaie courante, il n’est pas vain de faire le point sur une des principales cause de la crise, les chiffres catastrophiques du chômage.

Les vrais chiffres du chômage Source Ministère du Travail. octobre 2008 (www.travail.gouv.fr)

Demandeurs d’emploi de catégorie 1… 2 004 500

Demandeurs d’emploi de catégorie 2…    322 800

Demandeurs d’emploi de catégorie 3…    228 400

Demandeurs d’emploi de catégorie 4…    175 200

Demandeurs d’emploi de catégorie 5…    225 700

Demandeurs d’emploi de catégorie 6…    448 800

Demandeurs d’emploi de catégorie 7…      65 400

Demandeurs d’emploi de catégorie 8…      91 100

Demandeurs d’emplois de plus de 55 ans, dispensés de recherche d’emploi… 360 500

TOTAL… 3 922 400

Définition des catégories:

La catégorie 1 regroupe les personnes sans emploi, immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi en CDI à plein temps.

La catégorie 2 regroupe les personnes sans emploi, immédiatement disponibles, à la recherche d’un CDI à temps partiel.

La catégorie 3 regroupe les personnes sans emploi, immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi en CDD, temporaire ou saisonnier, y compris de très courte durée.

La catégorie 4 regroupe les chômeurs non immédiatement disponibles (en arrêt maladie ou en formation).

La catégorie 5 regroupe les personnes en CES (Contrat emploi solidarité) ou CEC (Contrat emploi consolidé), à la recherche d’un emploi de meilleure qualité.

Les catégories 6, 7 et 8 regroupent les demandeurs d’emplois qui ne sont pas immédiatement disponibles (par exemple, les personnes effectuant un préavis suite à

un licenciement, ou les personnes ayant déjà un petit boulot mais cherchant un emploi de meilleure qualité).

La catégorie 6 regroupe les personnes à la recherche d’un CDI à plein temps (en n’étant pas immédiatement disponibles).

La catégorie 7, ceux qui cherchent un CDI à temps partiel et ne sont pas disponibles immédiatement.

La catégorie 8, les personnes à la recherche d’un CDD, d’une mission d’intérim ou d’un emploi saisonnier, y compris de très courte durée, qui ne sont pas immédiatement disponibles.

Et, si on voulait être complet, il faudrait ajouter la moitié des bénéficiaires du RMI. Martin HIRSCH admettait récemment : « un peu plus de la moitié des RMIstes sont au chômage mais ne sont pas comptabilisés comme chômeurs ». En intégrant une moitié des 1.100.000 RMIstes, on arrive à un nombre total de chômeurs qui dépasse 4.472.400 !

Et nous ne parlons pas des millions d’emplois précaires (12 heures par semaines, ..).

Palestine : Dans le Saint-Quentinois la solidarité s’organise aussi

Une vingtaine de Saint-Quentinois se sont fédérés autour du collectif de Saint-Quentin pour solidarité Gaza.Fatima Bendif, membre du collectif et dont le frère Nabil a glissé l’idée de cette démarche d’aide, s’est chargée de contacter le Secours populaire.

« Vendredi, samedi et dimanche prochains, nous allons faire des collectes de dons d’argent dans les grandes surfaces », explique-t-elle.

Pour le moment, Cora, Leclerc, Auchan et Intermarché n’ont pas été sollicités « mais nous allons les contacter. » Collecte aussi, sur les marchés du quartier Europe vendredi, du centre-ville samedi et du boulevard Cordier dimanche.

Parallèlement, le collectif ambitionne d’organiser un concert pour lequel des groupes acceptent de jouer gratuitement. « Nous allons demander à la mairie de nous prêter une salle », précise Fatima Bendif. Enfin, les hôpitaux de Saint-Quentin et de Guise ont été invités à céder du matériel médical. Jean Luc TOURNAY, Conseiller régional communiste s’est engagé à soutenir également auprés de la Région Picardie, une demande de subvention ou d’aide exceptionnelle 

Pour aider le collectif, contacter

le Secours populaire le mercredi matin ou le jeudi matin de 9 heures à 11 h 15 au 03 23 65 78 60 ou le collectif au 06 14 89 88 15.

    nouveauimagebitmap2.bmp  « Un avion pour Gaza »  Jamel Debbouze en partenariat avec le Secours populaire français  L’artiste Jamel Debbouze a obtenu la mise à disposition gracieuse de trois avions-cargo par les autorités marocaines pour faire parvenir l’aide d’urgence aux populations civiles. Il a proposé au Secours populaire français de travailler en partenariat sur la base des besoins exprimés par les trois partenaires du SPF sur place : Palestinian Medical Relief Society, Physicians Israelian for Human Rigths et le Centre médical Al-Mezan (Gaza).  Les premiers besoins exprimés portent sur : -          le soutien social et médical des enfants concernés et de leurs familles, -          l’intervention de première urgence notamment par ambulances, -          la fourniture de matériel médical, médico-chirurgical et de médicaments (sur la base de listes transmises par nos partenaires), -          le soutien sous toutes les formes aux enfants et aux familles affectés par l’extrême violence. Pour soutenir l’opération « un avion pour Gaza », merci d’envoyer vos dons aux structures duSecours populaire français partout en France ou au : 
 

Secours populaire français 

Précisez « Un avion pour Gaza » BP 3303  75123 Paris cedex 03 Ou par don en ligne au                                    www.secourspopulaire.fr Contacts Presse : Lorena BRUN : 01 44 78 21 57 / 06 77 04 57 33 / lorena.brun@secourspopulaire.fr                   Alexandra SCHANIS :AS Communication 01 47 23 00 02 

COLERE: « Que va-t-on laisser à nos enfants ? »

Courrier Picar du Jeudi 29 Janvier 2009

SAINT-QUENTIN « Il y a de quoi être en colère »

Corinne Bécourt : « Que va-t-on laisser à nos enfants ? »

Mercredi matin, Corinne Bécourt tractait sur le marché de Saint-Quentin, invitant les passants à rejoindre la manifestation de cet après-midi « qui sera très forte à tous les niveaux », pronostique-t-elle.

Employée d’un centre social municipal, cette femme de 45 ans est adhérente au Parti communiste depuis 1988.

Aujourd’hui, c’est davantage pour « l’avenir, ce qu’on va laisser à nos enfants et nos petits enfants », que pour sa propre personne et ses propres intérêts qu’elle défile.

Avenir et passé qu’elle englobe dans une même pensée : « Ce sont les anciens qui se sont battus pour obtenir ce qui aujourd’hui est détruit ».

« J’ai de la chance d’avoir un travail ; bien sûr que j’aimerais que mon salaire soit revalorisé, mais je pense avant tout aux autres », dit-elle avant d’ajouter : « Il y a de quoi être en colère ».

En colère, parce que « les salaires sont de pire en pire », que les salariés pourront travailler « jusqu’à 70 ans » et que le chômage « ne cesse d’augmenter. »

Plus localement, elle rallume le brasier qui semblait éteint du parking de l’hôpital de Saint-Quentin, payant. « J’ai un enfant qui a été hospitalisé, je suis allé le voir, je n’avais pas le choix, j’y suis allé en voiture », souffle-t-elle.

Mercredi matin, sur le petit journal qu’elle distribuait sur le marché en compagnie de ses camarades du parti, un dessin était imprimé. Sur celui-ci, on lisait : « On est dans la merde ! » Ce qui, autrement dit, rejoint la pensée de Corinne Bécourt : « Il y a de quoi être en colère. »

C.R.

solidarité Palestine (article du Courrier Picard)

Samedi 31 Janvier 2009

SAINT-QUENTIN Le collectif et le Secours populaire main dans la main pour Gaza

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Ces bénévoles s’unissent pour aider la population de Gaza.

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OAS_AD(‘Position1′);solidarité Palestine (article du Courrier Picard) dans Le PCF à St Quentin

Que faire, comment agir, aider ceux et celles qui sont à des milliers de kilomètres ? Une vingtaine de Saint-Quentinois se sont fédérés autour du collectif de Saint-Quentin pour solidarité Gaza. Comme son nom l’indique, il s’est créé pour aider les victimes de l’opération « Plomb durci » d’Israël.

Le Secours populaire, qui est engagé sur ce territoire d’1,5 million d’habitants « depuis plus de 30 ans avec des partenaires sur place », observe son président régional Jean Levasseur, apporte soutien moral et matériel au collectif.

Des collectes organisées la semaine prochaine

« Le pays est anéanti, les civils, écoles, hôpitaux sont touchés, il faut faire quelque chose », poursuit-il. Aussi, le Secours populaire a-t-il volontiers accepté de jouer le rôle de relais du collectif « en ces moments difficiles de crise pour les collectes et où nous devons intervenir auprès des familles sinistrées du sud ouest ».

Fatima Bendif, membre du collectif et dont le frère Nabil a glissé l’idée de cette démarche d’aide, s’est chargée de contacter le Secours populaire. « Vendredi, samedi et dimanche prochains, nous allons faire des collectes de dons d’argent dans les grandes surfaces », explique-t-elle. Pour le moment, Cora, Leclerc, Auchan et Intermarché n’ont pas été sollicités « mais nous allons les contacter. » En revanche, le collectif a le blanc seing de la Ville pour démarcher sur les marchés du quartier Europe vendredi, du centre-ville samedi et du boulevard Cordier dimanche.

Parallèlement, le collectif ambitionne d’organiser un concert pour lequel des groupes acceptent de jouer gratuitement. « Nous allons demander à la mairie de nous prêter une salle », précise Fatima Bendif. Enfin, les hôpitaux de Saint-Quentin et de Guise ont été invités à céder du matériel médical.

De son côté, le Secours populaire, qui participera aux collectes, a sollicité des subventions de la Région, du Département et de plusieurs municipalités axonaises dont celle de Saint-Quentin pour aider la population de la bande de Gaza.

C.R.

  • Pour aider le collectif, contacter le Secours populaire le mercredi matin ou le jeudi matin de 9 heures à 11 h 15 au 03 23 65 78 60 ou le collectif au 06 14 89 88 15.
  • Suite à notre article paru le 15 janvier sur Gaza, Jean-Pierre Leroy précise qu’il est le président départemental de la Ligue des droits de l’homme, et non Olivier Lazo qui l’était par le passé.

Manifestation unitaire à St Quentin le 29 janvier 2009 (clip PCF)

Manif de Saint-Quentin

http://www.dailymotion.com/video/kcs0mas7tDfJSOVPFl

 

 

Cherchez l’erreur

1. « Oui, le pouvoir d’achat a baissé » (Xavier Bertrand, JDN, 15-12-2007)

Salaire de Xavier Bertrand 15 683,69 euros par mois d’indemnités 1 +  indemnité de représentation qui s’élève à 6 223 euros2 soit 21 906,69 euros par mois.
 

2. Bilan de l’année 2008 de Pierre André en tant que Sénateur : 4 dépôts de loi en tant que co-signataire3.

Depuis 2004, une seule question orale à un rapport avec Saint-Quentin ! Aucune n’a de lien avec la région Picardie4.

Pierre André perçoit plus de 11.015,32 euros par mois (salaire de sénateur 6 952,91 euros et son indemnité de 4062,41 euros comme président de la communauté d’agglomération)

Service minimum à Saint-Quentin

Depuis septembre 2008, les enfants de l’école publique et laïque ainsi que les parents ne doivent plus être pris en « otages », par des enseignants qui défendent malheureusement leur métier (plus de 13000 postes supprimés, de moins en moins de moyen, classes surchargés, baisse de budget etc.).

Pour cela notre cher gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’enrôler des agents du service public afin de pallier à un droit fondamental du code du travail « le droit de grève » ;

 

 

Rappelons tout de même que ce personnel n’est pas du tout formé a ça!

 

Aussi bien au niveau de l’encadrement qui par exemple est d’un animateur pour 12 enfants et  pour les agents qui serait susceptibles d’être placés dans une école avec des classes de 30 enfants et également des problèmes de base comme :

ü A qui rendre l’enfant.

ü Aucune information sur les fiches sanitaires.

ü La non connaissance des locaux et des enfants.

 

Donc comme je le disais, les parents qui subissent la grève des enseignants se disent être pris en otages.

 

Rappelons la définition d’otage: Personne prise ou livrée comme garantie de l’exécution de certaines conventions militaires ou politiques, selon Larousse.

Donc un otage n’est pas une personne qui rate son train ou qui ne peu pas mettre son enfant a l’école. Mais une personne qui subit une politique ultra libéral et la destruction du service public.

Cependant le gouvernement ne parle pas de prise d’otage lorsqu’il s’agit d’obliger une mère ou un père de famille à travailler le dimanche.

 

A Saint-Quentin c’est le personnel des centres sociaux qui est le plus touché (centre social municipal Europe, centre social municipal Artois Champagne et centre social municipal Neuville) et le personnel des écoles (ATSEM et agent d’entretien).

Pour mettre notre municipalité devant le fait accompli, puisque Pierre André notre sénateur maire a voté cette loi, mettez vos enfants à l’école les jours de grève, dans la mesure du possible.

 Comme ça la municipalité ne pourra pas palier à l’absence des professeurs.

Alors ne nous trompons de bataille, soutenons les enseignants, sauvons l’école pour nos enfants !

Travailler plus ? Pour gagner plus ?


Madame X travaille à temps complet dans une entreprise, et perçoit 1045 euros net de salaire. Elle part le matin à 8h et termine le boulot à 18h30.

 

Elle essaie de se décontracter après une journée de travail bien chargée. Elle cuisine, évidemment avec des aliments de très mauvaise qualité  puis elle déguste.

 

Elle regarde un peu la télé et va  se coucher. 7 heures du matin : tut tut tut !!!! Le réveil sonne  et c’est reparti. Avec ses 1045 euros de salaire, elle doit payer chaque mois :

Son loyer                                470 euros

Son chauffage gaz                               80 euros

Son électricité                          30 euros

Assurance  maison                              10 euros

Assurance voiture                               35 euros

Essence                                    50 euros

Prêt de sa voiture                     125 euros

Taxe d’habitation + TV            45 euros

Mutuelle                                  25 euros

             Reste à madame X pour se nourrir et subvenir aux tracas quotidien, et se faire plaisir tant qu’à faire (franchise médicale si elle est malade, réparation d’un pneu, décès d’un parent, anniversaire d’un proche, nouvelle paire de chaussure car les autres prennent l’eau, coiffeur car elle adore ça…) : 70 euros

Ah oui ! J’ai oublié madame X vient d’apprendre par son patron que prochainement il se pourrait qu’elle  travaille le dimanche et ce jusqu’à sa retraite : 70 ans.

 

L’histoire de tous parle d’une personne qui travaille, qui n’a pas d’enfant (ouf.), qui a des relations sociales, qui a surtout une santé et un  moral d’acier !

 

Il y a aussi  d’autres histoires  de chaque jour bien plus difficiles encore, (peut être connaissez vous quelqu’un) où  l’humain a de quoi se demander si on le traite vraiment comme tel : pas de logement, emploi précaire, salaire indécent, suppression d’électricité, expulsion, dépression…..

Ensemble nous avons  le pouvoir de changer ça !!!!

 

CAR NOUS SOMMES LES SEULS VRAI DECIDEURS !!!

Et que tout citoyen,tous autant que  nous sommes,  à notre manière engagé politique ou non, syndical ou non, participation aux manifs ou autres actions , nous avons  le pouvoir de changer la donne !!!

 

!!!!!!!!!! REVOLUTION !!!!!!!!! 

           

         Mme    x

Libertes

L’HUMANITÉ Soutien à Lounis Ibadioune, au tribunal pour avoir vendu l’ « HD » dans la rue.

 Lounis Ibadioune est depuis 20 ans diffuseur à la criée de « l’HD-Humanité Dimanche » sur le marché de la Goutte d’Or à Paris dans le 18e arrondissement.

Un jour, il est verbalisé par la police pour « vente de marchandise sans autorisation », la marchandise c’était évidemment l’ « HD ».

Il est convoqué au tribunal Le 18 Février prochain pour répondre de son « infraction ».

Interdire la vente de l’HD, c’est bafouer la liberté d’expression, tenter de briser le pluralisme des idées, museler la démocratie.

Ne laissons pas faire !

L’humanité Dimanche lance un comité de soutien à Lounis pour que vive la liberté d’expression.

 Rejoignez le comité de soutien, envoyez vos messages de solidarité, de colère, vos initiatives pour que vive la liberté d’expression. soutienlounis@humadimanche.fr

Une pétition est en ligne avec le texte de l’article du dernier HD

 http://www.humanite.fr/Au-tribunal-pour-avoir-vendu-l-Humanite-dimanche-dans-la-rue-Signez-lapetition

 

 

 

LOGEMENT, contre la loi Boutin

Rassemblement contre la loi Boutin le 27 janvier 2009

Les associations de défense des locataires et du droit au logement (dont la CNL), plusieurs organisations syndicales appellent à manifester mardi 27 janvier, à partir de 17h00, derrière l’Assemblée nationale (place Edouard Herriot) à l’occasion du début de l’examen de la Loi Boutin.

Nous soutenons totalement ce rassemblement et appelons à y participer.

Avec la crise « financière », la nature des choix du gouvernement sur le logement, apparaît encore plus nettement : tout dans l’intérêt des fauteurs de crise.

L’argent public détourné vers la finance, la spéculation immobilière :

 


- Le budget de l’Etat pour le logement est encore en baisse de 7% pour 2009, 850 millions d’euros sont détournés par la loi Boutin des fonds du 1% pour le logement des salariés.  alors que 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux sont accordés par an aux plus riches avec le « paquet fiscal ». 

- Les banques privées ont gaspillé des dizaines de milliards d’euros sur les marchés spéculatifs frelatés. Le gouvernement vole à leur secours en leur accordant 20 milliards et en leur permettant depuis le 1er janvier, de mettre la main sur l’argent du Livret A.

Premier produit d’épargne des ménages, le livret A (150 milliards d’euros d’encours au total), centralisé à la Caisse des dépôts, joue un rôle fondamental dans le financement du logement social.

A court terme, encore des dizaines de milliards d’euros pourront être détournés par les banques. On a l’expérience des LDD, livrets de développement durable (ex-Codevi), normalement destinés aux PME mais dont plus de 50% sont placés sur les marchés financiers, dans l’opacité la plus totale.

- Le gouvernement vole au secours des promoteurs en faisant racheter, trop cher, sur plan, 30.000 logements de leurs opérations hasardeuses qui ne correspondent pas aux besoins.

La pénurie organisée de logements sociaux pour soutenir le marché privé :  

3,3 millions de personnes sont victimes du mal-logement, 1,5 million de demandeurs de logements sociaux. Ce n’est que la face apparente, la plus grave, d’une crise globale du logement dont la majorité des ménages souffrent : taux d’effort trop élevé synonyme de sacrifice sur le pouvoir d’achat, logements trop petits, trop éloignés du lieu de travail…

A cela, la Loi Boutin répond en opposant les salariés, les locataires les uns aux autres pour se répartir la pénurie:

- Pour diminuer le nombre de demandeurs de logements sociaux: la loi Boutin en raye administrativement 10% en baissant les plafonds de ressources.  

- Pour faire de la place, au lieu de construire, le projet de loi facilite les expulsions des plus fragiles, remet en cause la garantie du maintien dans les lieux des veuves, veufs et enfants. Il veut imposer des surloyers prohibitifs pour pousser vers la sortie du parc HLM des ménages de salariés aux revenus « intermédiaires », rentrant dans la logique des ghettos sociaux…

- Dans le même esprit, la loi Boutin veut encore alléger l’obligation de construction de logements sociaux faite aux collectivités locales.

INACCEPTABLE !

Gagner une autre politique du logement tout de suite :

Les mobilisations se multiplient dans le pays pour le droit au logement, pour la défense et le développement du logement social. Elles rejoignent l’exigence d’imposer une autre politique face à la crise que celle qui l’a alimentée.

La journée de grève et de manifestation, unitaire et interprofessionnelle, du 29 janvier est un rendez-vous de la première importance (manifestation 14h00 Bastille – République – Saint-Augustin).

Répondre à la crise économique, c’est répondre aux besoins du plus grand nombre. Le logement en est un : essentiel, un moteur de la relance !

La preuve est faite maintenant : de l’argent, il y en a et même beaucoup.

Exigeons un plan d’urgence pour le logement :

- le retrait de la loi Boutin

- la fin des dispositifs de cadeaux fiscaux Robien et Borloo (qui affectent plus d’argent public au logement du marché privé qu’au secteur social).

- la centralisation à 100% des fonds des livrets A à la Caisse des dépôts et consignations pour leur affectation exclusive au logement social

- le financement, comme priorité nationale, de la construction de 900.000 logements sociaux d’ici cinq ans.

Le 27, le 29, faisons grandir le rapport de force !

1 Commentaire

Révision Générale des Politiques Publiques

La révision générale des politiques publiques constitue une réforme de l’Etat sans précédent.

 

DES INFOS POUR TOUS , CI DESSOUS (dossier CGT)

Révision Générale des Politiques Publiques dans Divers pdfRGPP?

CONSEQUENCES pour les personnels

Evalués sur compétences et performance

Mobilités professionnelles

Modification des pratiques de gestion

Modifications statutaires

Réorientations professionnelles

Indemnités de départ volontaire

Restructurations

….

    Ratification par les parlementaires du nouveau traité de l’UE:

    Ratification par les parlementaires du nouveau traité de l’UE:

    ILLEGITIME!

    NON, c’est NON !

    En 1992, après le NON du peuple danois au traité de Maastricht, les eurocrates avaient été obligés de le faire revoter jusqu’à ce qu’ils arrachent un vote favorable sous la pression et au prix de quelques concessions.

    En 2005, les peuples français et néerlandais ont rejeté le projet de « constitution » européenne. Cette fois-ci les eurocrates n’osent plus soumettre à nouveau leur texte parce qu’ils savent bien qu’il serait encore balayé, en France, aux Pays-Bas comme dans bien d’autres pays. Depuis 1992 et même encore davantage depuis 2005, les peuples font durement l’expérience des politiques de casse sociale et économique menées par leurs gouvernements au nom de l’Europe.

    Un déni de démocratie! Inacceptable!

    Le conseil des chefs d’Etat et de gouvernements des 27 pays membres a donc opté pour une autre tactique : le passage en force, pays par pays. Sarkozy se vante d’en être à l’initiative et veut montrer l’exemple, suivi par les dirigeants de droite ou de « gauche » des autres pays. Le nouveau traité est ainsi soumis à ratification par voie parlementaire en France cette semaine. C’est un déni de démocratie. 

    Communistes, nous avons mené une campagne active pour le NON en 2005 et nous continuons sans relâche à combattre l’UE des multinationales. La manière dont on veut maintenant imposer le nouveau traité européen ne peut que conforter les électeurs du NON et ébranler les électeurs du Oui. Mais quel que soit leur vote de 2005, les citoyens français ne peuvent pas accepter que la décision souveraine du peuple soit ainsi bafouée.

    Sarkozy ne doit pas porter pas seul la responsabilité de cet acte. Chaque parlementaire doit être placé devant ses responsabilités, d’autant qu’une minorité des deux cinquièmes peut bloquer la modification de la Constitution française, préalable à la ratification parlementaire. La plupart des députés et sénateurs du PS s’apprêtent à voter oui ou à s’abstenir, alors que leur parti avait promis d’organiser un référendum. Nous les rappelons à leur engagement. Certains prétextent que le « nouveau » traité ne serait plus le même texte. Rien n’est plus difficile à démontrer !

    Le « nouveau » texte n’a rien d’un traité « simplifié ».

    Il est au contraire encore moins lisible que le projet de « constitution ». Ses 256 pages renvoient à 3000 pages de protocoles et textes européens antérieurs.

    Après décryptage, se retrouvent pratiquement toutes les dispositions de la « constitution » refusée par le peuple français. Les prérogatives de L’UE sont considérablement étendues comme les domaines de vote à la « majorité qualifiée » sur lesquels le droit d’opposition d’un pays ne s’exercerait plus. L’UE est toujours dotée de la « personnalité juridique ». La règle de la « concurrence libre et non faussée » est reprise directement sous la mention « d’économie de marché où la concurrence est libre », avec la remise en cause notamment des services publics qu’elle implique. La « charte des droits fondamentaux » demeure dans le « nouveau » texte avec la même fonction : tirer vers le bas les acquis sociaux de chaque pays concerné. Les gouvernements britannique et polonais ont pris soin de s’en exonérer parce que certaines dispositions de la « droit » du travail se situent encore en dessous de la « charte ».

    La politique extérieure est toujours chapeautée par un ministre européen, rebaptisé « haut représentant pour la politique étrangère ». Militarisation et alignement sur l’OTAN sont toujours de mise. Etc…

    La seule véritable différence : ce texte ne s’appelle pas « constitution » et les symboles de l’Etat supranational en formation sont abandonnés du texte: hymne, drapeau… Ces reculs ne sont pas que symboliques. En les concédant, les tenants de l’UE du capital renoncent eux-mêmes à donner à leur texte vis-à-vis des peuples la même portée, la même légitimité qu’à une « constitution ». Le refus de consulter les peuples traduit la même crise de confiance.

    Le peuple français a déjà voté.

    Lui seul peut se déjuger au nom de son droit imprescriptible à disposer de lui-même. Les tenants du oui ont peur du verdict populaire en France! Ils ne se trompent pas et veulent le contourner. Mais s’ils adoptent par la bande le « nouveau » traité, celui-ci, déjà désavoué, n’aura aucune légitimité pour s’appliquer dans notre pays.

    N’acceptons pas plus demain qu’aujourd’hui la fatalité de l’application dans notre pays des traités, directives et règlements européens par lesquels les gouvernements détruisent la sécurité sociale, les services publics, l’industrie de notre pays…

    28 partis communistes et ouvriers européens, dont le PCF, ont adopté une position commune à l’initiative du Parti communiste portugais. Cet appel condamne la volonté d’écarter les peuples et exige un référendum dans chaque pays. Il dénonce la violation de la souveraineté des peuples français et néerlandais. Il dénonce une UE militarisée, soumise aux intérêts des possédants.

    Pour les communistes, aucun compromis n’est possible avec l’UE du capital ! Déjouons le coup de forces du pouvoir en France !

    Faisons respecter le NON des Français du 29 mai 2005 

    Rencontre nationale 30 août: une synthèse du débat sur le PCF et l’UE

    Rencontre nationale 30 août: une synthèse du débat sur le PCF et l’UE

    Pas d’avenir sans PCF – Rencontre nationale des 29 et 30 août 2008 à Paris

    Une synthèse du débat sur le PCF et l’Union européenne


    Dès l’origine, le PCF a analysé l’UE comme un outil de coordination des élites capitalistes et un instrument de destruction de la nation en tant que cadre de la souveraineté populaire, des conquêtes sociales, par définition, de la nationalisation de certains grands moyens de production (services publics)…

    S’appuyant sur cette analyse, le PCF, ses militants ont pu montrer, encore ces dernières années (traité de Maastricht, monnaie unique, TCE), leur capacité à porter largement et efficacement la critique de l’Europe du capital, en lien avec les luttes politiques dans le pays.

    L’action et le discours des militants communistes ont réussi à faire le lien, y compris en 2005, entre la dégradation des conditions de vie à l’approfondissement de la « construction » européenne.

    Dans notre discussion, des exemples d’actualité ont illustré combien le rapport politique et idéologique est étroit entre les entreprises de liquidation des acquis sociaux et démocratiques nationaux et la promotion d’une entité européenne : mise en cause des départements dans le cadre de la promotion d’une Europe des régions, Révision Générale des Politiques Publiques, attaques contre des conventions collectives…

    L’UE a-t-elle changé de nature avec l’évolution de la situation politique mondiale ? Pour tous les intervenants, la réponse est NON.

    La chute du mur de Berlin n’a pas modifié les objectifs de la « construction » européenne. Un camarade rappelle que la « concurrence libre et non faussée » du projet de « constitution » de 2005 figurait déjà dès l’article 3 du Traité de Rome. La nouvelle étape du développement de la mondialisation capitaliste n’a pas modifié mais aggravé les prétentions du projet capitaliste de l’UE et renforcé sa fonction destructrice des acquis sociaux et démocratiques nationaux.  

    La réflexion est engagée de savoir si l’UE est, aspire à devenir, un impérialisme secondaire (subordonné à l’Américain) ou une puissance impérialiste autonome. Dans tous les cas, l’intégration européenne est fondamentalement opposée au développement de l’internationalisme.

    A l’extérieur, l’UE contribue à la mise en coupe réglée des économies émergentes en association avec les USA et le Japon au sein de l’OMC et suit de près toutes les agressions militaires américaines. La propagande autour de « l’Europe », la promotion d’une « Europe puissance » s’apparentent sur le plan idéologique à un nouveau nationalisme.

    A l’intérieur, il est significatif que l’UE détruise les quelques exemples de coopérations internationales réussies, hors de son cadre, entre pays européens comme Airbus ou Galileo et les détournent au profit des multinationales.

    Les transferts de pans de souveraineté vers l’UE, nominaux ou réels (monnaie, commerce extérieur) n’ont pas non plus supprimé le cadre national comme cadre principal de l’expression démocratique des peuples. Les référendums irlandais, néerlandais et français le montrent. La résistance à la domination capitaliste, dont l’intégration européenne est un instrument, ne peut se faire que dans le cadre national et international et non dans le cadre de l’UE elle-même, qui est incompatible avec la construction d’une alternative politique.

    Des camarades ont aussi démonté le caractère illusoire et trompeur de « l’Europe sociale » ou du concept de « services publics européens », dénommés par l’UE « services d’intérêt général » qui part de la privatisation des monopoles publics nationaux dans l’intérêt des multinationales (ex : Véolia). 

    L’adhésion à « l’intégration européenne » traduit la dérive « réformiste » de la direction du PCF.

    Depuis les années 90, la direction du PCF a profondément changé sa position sur l’UE. Le renoncement en 1998 à la bataille pour le référendum sur la monnaie unique et le traité d’Amsterdam (que la « gauche plurielle » venait d’approuver), et l’expérience de la « Bouge l’Europe » ont constitué des ruptures.

    La direction du PCF s’inscrit aujourd’hui dans le projet d’intégration européenne, auquel elle subordonne la perspective politique en confondant, de façon aberrante, internationalisme et « euroconstuctivisme ». Cette posture se traduit soit par la revendication « d’une autre Europe » soit par celle de la revendication d’une « réorientation de l’Europe ». On se souvient comment ont été désarçonnés certains camarades le soir du 29 mai 2005 en entendant MG Buffet réclamer à la télévision la « renégociation » de la « constitution » qu’ils venaient de combattre.

    Un camarade a rappelé comment Francis Wurtz affirme dans les réunions que les services publics nationalisés, « à la française », sont dépassés, « parce que même nos amis européens n’en comprennent pas la conception ».

    Un autre a montré comment la posture euroconstructive faisait glisser les positions sur l’OTAN, le Proche-Orient et abandonner des positions anti-impérialistes.

    Le tournant « euroconstructif » participe de l’inflexion générale des positions idéologiques de la direction du PCF vers le « réformisme » (cette caractérisation fait l’objet d’un autre débat) depuis au moins le milieu des années 1990.

    Le passage d’une analyse de classe de ce qu’est la « construction » européenne à une appréciation humaniste (« mettre l’Europe au service des hommes ») peut néanmoins passer inaperçu auprès de bon nombres de camarades. D’abord parce que le PCF est resté formellement impliqué dans une position hostile aux politiques européennes (bataille du Non au référendum), même s’il demeure une forte ambiguïté entre la position défendue par la plupart des militants et la direction. Ensuite parce que la direction a supprimé une bonne part des lieux de débats idéologiques dans le parti, et saboté les lieux de formation politique des communistes (voir l’indigence des « universités d’été » !).

    Le niveau européen : prétexte et instrument à une recomposition politique qui efface le PCF.

    L’abandon des positions communistes sur la question européenne va de pair avec l’adhésion sans réserve au Parti de la Gauche Européenne.

    La nature du PGE a été cachée aux communistes lors de la consultation interne de 2004 comme depuis. Comme l’ont rappelé plusieurs camarades, ce « parti européen » est subventionné par les institutions européennes sous la condition expresse d’approuver et d’œuvrer à la construction d’une « entité européenne ».

    Le PGE est à la fois le modèle et l’instrument de la poursuite de la « mutation » réformiste des partis communistes d’Europe, par ses positions et par son action.

    Dans plusieurs pays, il soutient les éléments les plus réformistes des partis communistes membres voire des partis concurrents contre les partis communistes nationaux qui refusent de suivre sa ligne (Grèce, Portugal, République tchèque…).

    Ses silences, comme ceux de la direction du PCF, sur les attaques menées dans différents pays de l’Union contre les mouvements communistes sont lourds de signification : aucune action contre l’interdiction de la JC tchèque, pour soutenir la direction, traînée devant les tribunaux, du Parti communiste ouvrier hongrois, rien contre le rapport Linblad.

    La direction du PCF a également minimisé l’élection d’un président communiste à Chypre.

    Le PCF transformé en « Parti de la gauche » comme le PGE ? ou comme « die Linke » en Allemagne (qui en assume la présidence) ? transformé en « section française du PGE » ? Les élections européennes de 2009 pourraient fournir, après le congrès, l’occasion d’une nouvelle étape dans la stratégie de disparition du PCF.

    Au plan international et européen, la coopération internationale entre partis communistes et progressistes existe pourtant, hors du PGE. Elle s’est manifestée notamment à travers plusieurs appels internationaux initiés par les partis grecs et portugais, notamment contre le Traité de Lisbonne.

    Signe de la gène de la direction sortante du PCF : elle les occulte (ne les publie pas, ne les traduit même pas en Français) même lorsqu’elle y a apposé la signature du PCF.

    Le cadre européen est aussi un bon prétexte pour se tourner vers le syndicalisme de collaboration de classe. Plusieurs intervenants ont dénoncé la mise en avant de la Confédération Européenne des Syndicats, CES, comme notre partenaire syndical normal au niveau européen. Approuvant toutes les étapes de la « construction » européenne, y compris le TCE et le traité de Lisbonne, ce syndicat s’est toujours placé dans l’aménagement de la « concurrence libre et non faussée ». Ses positions, aux antipodes d’un combat de classe, sont donc totalement incompatibles avec les luttes que nous menons.

    La recomposition politique au moyen de l’Europe s’est également manifestée, en France, avec l’épisodes des collectifs antilibéraux, issus des collectifs du non de 2005. Même si au plan local, les expériences, comme l’ont illustré certains camarades, n’ont pas toutes été négatives en terme de rassemblement et de lutte.

    A l’occasion du 34ème congrès du PCF: réaffirmer le rejet de l’UE et la position internationaliste des communistes.

    Notre discussion prenait place dans la perspective de l’élaboration d’un texte alternatif pour le congrès. Les analyses à écrire ne partent pas de rien, mais des positions développées dans le Parti plus ou moins jusqu’aux années 90 et de notre expérience militante.

    Tous les camarades s’accordent pour réaffirmer l’opposition à l’Europe du capital, dans la suite du référendum de 2005, dont le résultat est analysé principalement comme un vote de classe.

    La bataille contre la politique au service du Medef et du capital en France va de pair avec la dénonciation et le rejet du projet de l’UE, de « l’Europe des marchands », de « l’Europe des multinationales ».

    L’expression de ce rejet doit-il se faire sous le slogan de « sortie de la France de l’UE », sous l’affirmation de la souveraineté populaire contre ses prétentions, dans une logique de désobéissance, de délégitimation de l’intégration européenne ?

    Les directives qui cassent nos services publics, nos conquêtes sociales n’ont aucune légitimité pour s’appliquer en France et le gouvernement français qui utilise l’UE pour avancer sa politique capitaliste peut parfaitement les rejeter (d’autant mieux que c’est lui-même qui les a signées).

    Une de nos préoccupations principales, pour le congrès, mais surtout pour la suite, doit être d’articuler notre rejet de l’UE avec nos luttes nationales, de démonter la légitimité de l’UE du capital.

    Une autre est de mettre en avant notre position internationaliste : oui à des coopérations mutuellement avantageuses, librement consenties par les peuples, en dehors du cadre de domination capitaliste. Elles sont de plus en plus nécessaires. L’Amérique latine fournit un exemple politique d’alternative à l’intégration capitaliste.

    Nous refusons de nous enfermer dans le dilemme « intégration européenne/repli sur soi nationaliste » en défendant la coopération et de solidarité de classe au niveau international. C’est ce que devront porter les listes présentées par le PCF aux élections européennes.

    Cela implique, sur le plan du PCF, de demander la sortie du PCF du PGE et la participation, avec un rôle moteur, de notre parti au développement de la coordination des forces communistes et progressistes au niveau des pays de l’Union européenne, au-delà d’Europe, et du reste du monde.

    par Vive le Parti Communiste Français

    ELECTION EUROPEENNES-mode de scrutin

    Mode de scrutin applicable en France pour
    l’élection des représentants au Parlement européen

     

    ELECTION EUROPEENNES-mode de scrutin dans Divers minimblt Base juridique

    minimblt dans Divers Répartition des sièges

    minimblt Mode de scrutin

    minimblt Exercice du droit de vote

    minimblt Règles d’éligibilité

    minimblt Jour du déroulement du scrutin

    minimblt Remboursement des frais de campagne

    minimblt Attribution des sièges

    minimblt Incompatibilités

    minimblt Campagne et propagande électorales

    minimblt Validation des résultats et contentieux

    La France est l’un des six pays fondateurs des Communautés européennes en 1957 (avec l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg). L’élection au suffrage universel direct des représentants français du Parlement européen a eu lieu pour la première fois en 1979.

     

     minimblt Base juridique :

     

    Loi n° 77-729 du 7 juillet 1977 relative à l’élection des représentants au Parlement européen.

    Cette loi a été modifiée à plusieurs reprises par :

    • la loi n° 94-104 du 5 février 1994 qui étend le droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes aux ressortissants d’un État membre de l’Union européenne résidant sur le territoire français, dans les mêmes conditions que les citoyens français.

    • la loi organique n° 2000-295 du 5 avril 2000 qui prévoit l’incompatibilité entre le mandat de député européen et celui de parlementaire national (député ou sénateur). [ Dossier législatif en ligne ]

    • la loi  n° 2000-493 du 6 juin 2000 tendant à favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. [ Dossier législatif en ligne ]

    • la loi n° 2003-327 du 11 avril 2003 qui opère une régionalisation du mode de scrutin. [ Dossier législatif en ligne ]

     

     minimblt Répartition des sièges   :

     

    La France dispose depuis le scrutin de juin 2004 – et à titre transitoire – de 78 sièges. La Déclaration n° 20 relative à l’élargissement de l’Union européenne, annexée au Traité de Nice, avait prévu en effet que la France disposerait de 72 représentants au Parlement européen, dans une Europe élargie à 27 membres. Or le Conseil européen de Copenhague des 13 et 14 décembre 2002 s’étant prononcé pour un élargissement, dans un premier temps à dix nouveaux pays au lieu de douze le 1er mai 2004, le projet de traité d’adhésion avait prévu que la France disposerait de 78 sièges de représentants au Parlement européen à partir du début de la législature 2004-2009 du Parlement européen. Le traité de Lisbonne apporte des modifications dans la composition du Parlement européen et dans la méthode d’attribution des sièges. Le nombre de députés est porté à 751 à compter de l’élection de 2009. Le seuil minimum de parlementaires européens par État membre est fixé à 6 parlementaires et le maximum à 96.

     

     

    Nombre et pourcentage de femmes élues au Parlement européen depuis 1979
     

    Élections en France

    1979

    1984

    1989

    1994

    1999

    2004

    Nombre total de députés

    81

    81

    81

    87

    87

    78

    Nombre de femmes

    18

    17

    17

    26

    38

    34

    Pourcentage de femmes

    22,2

    20,9

    20,9

    29,9

    43,6

    43,6

     

     

    Le régime électoral, issu de la loi n° 2003-327 du 11 avril 2003, est entré en vigueur pour les élections de juin 2004 sur la base d’un siège pour environ 780 000 habitants. Afin de rapprocher les élus de leurs électeurs, huit circonscriptions régionales ont été substituées à la circonscription unique que constituait précédemment le territoire national. Ces circonscriptions sont au nombre de 7 pour la métropole, comprenant une ou plusieurs régions. La huitième regroupe les départements et collectivités d’outre-mer. Le nombre de sièges par circonscription, fixé par le décret n° 2004-396 du 6 mai 2004, est de 12 pour le Nord-ouest, 10 pour l’Ouest, 10 pour l’Est, 10 pour le Sud-ouest, 6 pour le Massif central et le Centre, 13 pour le Sud-est, 14 pour l’Île-de-France et 3 pour l’outre-mer.

     

    Voir aussi :

    Décret n° 2004-30 du 9 janvier 2004 pris pour l’application de la loi n° 2003-327 du 11 avril 2003.

    Répartition des 732 sièges du Parlement européen entre les 25 pays membres

     minimblt Mode de scrutin :

     

    Le scrutin s’effectue par listes à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel, en un seul tour, dans le cadre de huit circonscriptions régionales. Le nombre de sièges par circonscription est fixé par décret. Ces circonscriptions sont au nombre de sept pour la métropole, comprenant une ou plusieurs région. La huitième regroupe les départements, collectivités et territoires d’Outre mer. Les sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Ils sont attribués selon l’ordre de présentation sur la liste.

     

    minimblt Exercice du droit de vote :

     

    Les citoyens français et les ressortissants d’un État membre de l’Union résidant en France et âgés d’au moins 18 ans ont le droit de vote aux élections européennes. Ce droit de vote concerne le territoire métropolitain ainsi que les collectivités et territoires d’Outre-mer, en application du principe constitutionnel d’indivisibilité de la République.

     

    Les ressortissants d’un pays membre de l’Union européenne ont le droit de voter en France pour les élections européennes à la condition d’y avoir leur domicile réel ou d’y résider de façon continue et de ne pas être privé du droit de vote dans leur pays d’origine. Pour pouvoir voter, le ressortissant doit s’inscrire, avant le 31 décembre de l’année précédant la date du scrutin, à la mairie de son domicile sur une liste électorale complémentaire et fournir, à cet effet, une déclaration écrite mentionnant :

    1° Sa nationalité et son adresse sur le territoire de la République ;
    2° Le cas échéant, la collectivité locale ou la circonscription sur la liste électorale de laquelle il est ou a été inscrit en dernier lieu dans l’État dont il est ressortissant ;
    3° Qu’il n’est pas privé du droit de vote dans cet État ;
    4° Qu’il n’exercera son droit de vote qu’en France.

    Une fois ces formalités effectuées, le ressortissant d’un pays membre de l’Union se voit délivrer une carte électorale valable exclusivement pour le scrutin mentionné.

     

     

    Taux de participation, en France, lors des scrutins européens 

     

    Année

    Taux de participation

    1979

    60,7%

    1984

    56,7%

    1989

    48,7%

    1994

    52,7%

    1999

    46,8%
    20044 43,1 %

     

     

     minimblt Règles d’éligibilité :

     

    Tout citoyen français ou ressortissant d’un pays membre de l’Union européenne, âgé d’au moins 23 ans, est éligible au Parlement européen. La déclaration de candidature est faite collectivement pour chaque liste par le candidat tête de liste ou par un mandataire désigné par lui. Elle comporte la signature de chaque candidat et indique expressément :

    • la circonscription dans laquelle la liste se présente ;

    • le titre de la liste ;

    • les nom, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, nationalité, domicile et profession de chacun des candidats.

    Tout candidat n’ayant pas la nationalité française joint à la déclaration collective de candidature :

    • une attestation des autorités compétentes de l’État dont il a la nationalité certifiant qu’il n’est pas déchu du droit d’éligibilité dans cet État ou qu’une telle déchéance n’est pas connue desdites autorités ;

    • une déclaration individuelle écrite précisant :
      - sa nationalité et son adresse sur le territoire français ;
      - qu’il n’est pas simultanément candidat aux élections au Parlement européen dans un autre État de l’Union européenne ;
      - le cas échéant, la collectivité locale ou la circonscription sur la liste électorale de laquelle il est ou a été inscrit en dernier lieu dans l’État dont il est ressortissant.

    Chaque État de l’Union européenne est informé de l’identité de ses ressortissants candidats en France.

     

    Les déclarations de candidatures sont déposées au plus tard le troisième vendredi précédant le jour du scrutin, avant dix-huit heures. Le nombre de candidats par circonscription doit être égal au double du nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription afin de faire face aux éventuelles démissions, décès où incompatibilités ultérieures des candidats élus.

     

     minimblt Jour du déroulement du scrutin :

     

    Les dernières élections européennes organisées en France ont eu lieu le dimanche 13 juin 2004 entre 8 h 00 et 18 h 00 ou 20 h 00.

     

     minimblt Remboursement des frais de campagne :

     

    Il est remboursé aux candidats ayant obtenu au moins 3% des suffrages exprimés le coût du papier, l’impression des bulletins de vote, affiches, circulaires ainsi que les frais d’affichage.

     

     minimblt Attribution des sièges :

     

    Au niveau de la circonscription régionale : les sièges sont répartis, dans la circonscription régionale, entre les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne. Si plusieurs listes ont la même moyenne pour l’attribution du dernier siège, celui-ci revient à la liste qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages. En cas d’égalité de suffrages, le siège est attribué à la liste dont la moyenne d’âge est la plus élevée. Les sièges sont attribués aux candidats d’après l’ordre de présentation sur chaque liste. Le candidat venant sur une liste immédiatement après le dernier candidat élu est appelé à remplacer le représentant élu sur cette liste dont le siège deviendrait vacant pour quelque cause que ce soit.

     

     minimblt Incompatibilités :

     

    Le mandat de représentant au Parlement européen est incompatible avec l’exercice de plus d’un des mandats électoraux énumérés ci-après : conseiller régional, conseiller à l’assemblée de Corse, conseiller général, conseiller de Paris, conseiller municipal d’une commune d’au moins 3 500 habitants.  Le mandat de représentant au Parlement européen est également incompatible avec les fonctions de juge des tribunaux de commerce, de membre de la Commission européenne, membre du directoire de la Banque centrale européenne ou membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France.

     

     minimblt Campagne et propagande électorales :

     

    La propagande électorale est réservée aux listes en présence, ainsi qu’aux partis politiques français présentant ces listes. Les partis et groupements politiques peuvent utiliser les émissions du service public audiovisuel (radio et télévision) pendant la durée de la campagne électorale officielle. Une durée d’émission de deux heures est mise à la disposition des partis et groupements représentés par des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale ou du Sénat. Cette durée est répartie également entre les partis et groupements. Une durée d’émission d’une heure est mise à la disposition des autres partis et groupements auxquels se sont rattachées des listes de candidats dans au moins cinq circonscriptions. Cette durée est répartie également entre eux sans que chacun d’entre eux puisse disposer de plus de cinq minutes. Le plafond des dépenses électorales est fixé à 1.150.000 euros pour une liste de candidats à l’élection des représentants au Parlement européen. Depuis la loi n°2002-214 du 19 février 2002 la publication des sondages d’opinion est autorisée jusqu’à la veille (à minuit) du jour qui précède le scrutin.

     

     minimblt Validation des résultats et contentieux :

     

    Le recensement général des votes est effectué par une commission nationale qui proclame les résultats et les élus au plus tard le jeudi qui suit le jour du scrutin. Cette commission est présidée par un conseiller d’État. Le contentieux des élections des représentants au Parlement européen relève de la compétence du Conseil d’État. Tout électeur de la circonscription concernée peut en effet, durant les dix jours qui suivent la proclamation des résultats du scrutin, contester l’élection des représentants au Parlement européen devant le Conseil d’État statuant au contentieux. Le même droit est ouvert au ministre de l’intérieur, s’il estime que les formes et conditions légalement prescrites n’ont pas été respectées. La requête n’a pas d’effet suspensif.

    _______________
     

     

    Répartition des 78 sièges  dont dispose la France au Parlement européen


    Circonscriptions électorales
     


    Nombre de sièges
     à pourvoir


    Régions administratives
     formant la circonscription électorale

     

    Répartition des 732 sièges entre les 25 pays membres de l’Union européenne :

     

    Allemagne : 99 sièges

    France, Italie, Royaume Uni : 78 sièges

    Espagne, Pologne : 54 sièges

    Pays Bas : 27 sièges

    Belgique, Grèce, Hongrie, Portugal, (République) tchèque : 24 sièges

    Suède : 19 sièges

    Autriche : 18 sièges

    Danemark, Finlande, Slovaquie : 14 sièges

    Irlande, Lituanie : 13 sièges

    Lettonie : 9 sièges

    Slovénie : 7 sièges

    Chypre, Estonie, Luxembourg : 6 sièges

    Malte : 5 sièges

     

    Le Manifeste du Parti Communiste- Karl Marx

     

    Karl Marx 

     

    Friedrich Engels

     

     

     

     

    Le manifeste du parti communiste


     

    Table des matières

     

    Préface à l’édition allemande de 1872…………………………………………………………………………… 3 

    Préface à l’édition russe de 1882…………………………………………………………………………………… 4 

    Préface à l’édition allemande de 1883…………………………………………………………………………… 5 

    Préface à l’édition anglaise de 1888………………………………………………………………………………. 6 

    Préface à l’édition allemande de 1890…………………………………………………………………………… 9 

    Préface à l’édition polonaise de 1892…………………………………………………………………………… 11 

    Préface à l’édition italienne de 1893…………………………………………………………………………….. 12 

    Le manifeste du Parti Communiste………………………………………………………………………………… 13 

    I. Bourgeois et prolétaires ……………………………………………………………………………………………… 13 

    II. Prolétaires et communistes………………………………………………………………………………………….. 18 

    III. Littérature socialiste et communiste……………………………………………………………………………. 21 

    1. Le socialisme réactionnaire…………………………………………………………………………………………….. 21 

    a) Le socialisme féodal………………………………………………………………………………………………………………………………………. 21 

    b) Le socialisme petit-bourgeois……………………………………………………………………………………………………………………….. 22 

    c) Le socialisme allemand ou socialisme « vrai »…………………………………………………………………………………………………. 22 

    2. Le socialisme conservateur ou bourgeois…………………………………………………………………………… 23 

    3. Le socialisme et le communisme critico-utopiques……………………………………………………………….. 24 

    IV. Position des communistes envers les différents partis d’opposition……………………………….. 25 

     

    Préface à l’édition allemande de 1872 

     

    La Ligue des communistes, association ouvrière internationale qui, dans les circonstances d’alors, ne pouvait être évidemment que secrète, chargea les soussignés, délégués au congrès tenu à Londres en novembre 1847, de rédiger un programme détaillé, à la fois théorique et pratique, du Parti et destiné à la publicité. Telle est l’origine de ce Manifeste dont le manuscrit, quelques semaines avant la révolution de Février [1], fut envoyé à Londres pour y être imprimé. Publié d’abord en allemand, il a eu dans cette langue au moins douze éditions différentes en Allemagne, en Angleterre et en Amérique. Traduit en anglais par Miss Hélène Macfarlane, il parut en 1850, à Londres, dans le Red Republican, et, en 1871, il eut, en Amérique, au moins trois traductions anglaises. Il parut une première fois en français à Paris, peu de temps avant l’insurrection de juin 1848 [2], et, récemment, dans Le Socialiste de New York. Une traduction nouvelle est en préparation. On en fit une édition en polonais à Londres, peu de temps après la première édition allemande. Il a paru en russe à Genève, après 1860. Il a été également traduit en danois peu après sa publication.

    Bien que les circonstances aient beaucoup changé au cours des vingt-cinq dernières années, les principes généraux exposés dans ce Manifeste conservent dans leurs grandes lignes, aujourd’hui encore, toute leur exactitude. Il faudrait revoir, çà et là, quelques détails. Le Manifeste explique lui-même que l’application des principes dépendra partout et toujours des circonstances historiques données, et que, par suite, il ne faut pas attribuer trop d’importance aux mesures révolutionnaires énumérées à la fin du chapitre II. Ce passage serait, à bien des égards, rédigé tout autrement aujourd’hui. Etant donné les progrès immenses de la grande industrie dans les vingt-cinq dernières années et les progrès parallèles qu’a accomplis, dans son organisation en parti, la classe ouvrière, étant donné les expériences, d’abord de la révolution de février, ensuite et surtout de la Commune de Paris qui, pendant deux mois, mit pour la première fois aux mains du prolétariat le pouvoir politique, ce programme est aujourd’hui vieilli sur certains points. La Commune, notamment, a démontré que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte » (voir Der Bürgerkrieg in Frankreich. Adresse des Generalrats der Internationalen Arbeiterassoziation, édition allemande, S. 19, où cette idée est plus longuement développée). En outre, il est évident que la critique de la littérature socialiste présente une lacune pour la période actuelle, puisqu’elle s’arrête à 1847. Et, de même, si les remarques sur la position des communistes à l’égard des différents partis d’opposition (chapitre IV) sont exactes aujourd’hui encore dans leurs principes, elles sont vieillies dans leur application parce que la situation politique s’est modifiée du tout au tout et que l’évolution historique a fait disparaître la plupart des partis qui y sont énumérés.

    Cependant, le Manifeste est un document historique que nous ne nous attribuons plus le droit de modifier. Une édition ultérieure sera peut-être précédée d’une introduction qui comblera la lacune entre 1847 et nos jours; la réimpression actuelle nous a pris trop à l’improviste pour nous donner le temps de l’écrire.

    Karl Marx, Friedrich Engels

    Londres, 24 juin 1872

    Préface à l’édition russe de 1882 

     

    La première édition russe du Manifeste du Parti communiste, traduit par Bakounine, parut peu après 1860 [3] à l’imprimerie du Kolokol [4]. A cette époque une édition russe de cet ouvrage avait tout au plus pour l’Occident l’importance d’une curiosité littéraire. Aujourd’hui, il n’en va plus de même. Combien était étroit le terrain où se propageait le mouvement prolétarien à cette époque (décembre 1847), c’est ce qui ressort parfaitement du dernier chapitre : « Position des communistes envers les différents partis d’opposition dans les divers pays. » La Russie et les Etats-Unis notamment n’y sont pas mentionnés. C’était le temps où la Russie formait la dernière grande réserve de la réaction européenne, et où l’émigration aux Etats-Unis absorbait l’excédent des forces du prolétariat européen. Ces deux pays fournissaient à l’Europe des matières premières et lui offraient en même temps des débouchés pour l’écoulement de ses produits industriels. Tous deux servaient donc, de l’une ou l’autre manière, de contrefort à l’organisation sociale de l’Europe.

    Que tout cela est changé aujourd’hui ! C’est précisément l’émigration européenne qui a rendu possible le développement colossal de l’agriculture en Amérique du Nord, développement dont la concurrence ébranle dans ses fondements la grande et la petite propriété foncière en Europe. C’est elle qui a, du même coup, donné aux Etats-Unis la possibilité de mettre en exploitation ses énormes ressources industrielles, et cela avec une énergie et à une échelle telles que le monopole industriel de l’Europe occidentale, et notamment celui de l’Angleterre, disparaîtra à bref délai. Ces deux circonstances réagissent à leur tour de façon révolutionnaire sur l’Amérique elle-même. La petite et la moyenne propriété des farmers, cette assise de tout l’ordre politique américain, succombe peu à peu sous la concurrence de fermes gigantesques, tandis que, dans les districts industriels, il se constitue pour la première fois un nombreux prolétariat à côté d’une fabuleuse concentration du Capital.

    Passons à la Russie. Au moment de la révolution de 1848-1849, les monarques d’Europe, tout comme la bourgeoisie d’Europe, voyaient dans l’intervention russe le seul moyen de les sauver du prolétariat qui commençait tout juste à prendre conscience de sa force. Le tsar fut proclamé chef de la réaction européenne. Aujourd’hui, il est, à Gatchina, le prisonnier de guerre de la révolution [5], et la Russie est à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire de l’Europe.

    Le Manifeste communiste avait pour tâche de proclamer la disparition inévitable et prochaine de la propriété bourgeoise. Mais en Russie, à côté de la spéculation capitaliste qui se développe fiévreusement et de la propriété foncière bourgeoise en voie de formation, plus de la moitié du sol est la propriété commune des paysans. Il s’agit, dès lors, de savoir si la communauté paysanne russe, cette forme déjà décomposée de l’antique propriété commune du sol, passera directement à la forme communiste supérieure de la propriété foncière, ou bien si elle doit suivre d’abord le même processus de dissolution qu’elle a subi au cours du développement historique de l’Occident.

    La seule réponse qu’on puisse faire aujourd’hui à cette question est la suivante : si la révolution russe donne le signal d’une révolution prolétarienne en Occident, et que toutes deux se complètent, la propriété commune actuelle de la Russie pourra servir de point de départ à une évolution communiste.

    Karl Marx, Friedrich Engels

    Londres, 21 janvier 1882

    Préface à l’édition allemande de 1883 

     

    Il me faut malheureusement signer seul la préface de cette édition. Marx, l’homme auquel toute la classe ouvrière d’Europe et d’Amérique doit plus qu’à tout autre, Marx repose au cimetière de Highgate, et sur sa tombe verdit déjà le premier gazon. Après sa mort, il ne saurait être question moins que jamais de remanier ou de compléter le Manifeste. Je crois d’autant plus nécessaire d’établir expressément, une fois de plus, ce qui suit.

    L’idée fondamentale et directrice du Manifeste, à savoir que la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque historique, la base de l’histoire politique et intellectuelle de cette époque; que par suite (depuis la dissolution de la propriété commune du sol des temps primitifs), toute l’histoire a été une histoire de luttes de classes, de luttes entre classes exploitées et classes exploitantes, entre classes dominées et classes dominantes, aux différentes étapes de leur développement social; mais que cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe exploitée et opprimée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l’exploite et l’opprime (la bourgeoisie), sans libérer en même temps et à tout jamais la société entière de l’exploitation, de l’oppression et des luttes de classes; cette idée maîtresse appartient uniquement et exclusivement à Marx [6] .

    Je l’ai souvent déclaré, mais il faut maintenant que cette déclaration figure aussi en tête du Manifeste.

    Friedrich Engels
    Londres, 28 juin 1883

    Préface à l’édition anglaise de 1888 

     

    Le Manifeste est le programme de la Ligue des communistes, association ouvrière, d’abord exclusivement allemande, ensuite internationale et qui, dans les conditions politiques qui existaient sur le Continent avant 1848, ne pouvait qu’être une société secrète. Au congrès de la Ligue qui s’est tenu à Londres, en novembre 1847, Marx et Engels se voient confier la tâche de rédiger, aux fins de publication, un ample programme théorique et pratique du Parti. Travail achevé en janvier 1848, et dont le manuscrit allemand fut envoyé à Londres pour y être imprimé, à quelques semaines de la révolution française du 24 février. La traduction française vit le jour à Paris, dès avant l’insurrection de juin 1848. La première traduction anglaise, due à Miss Hélène Macfarlane, parut dans le Red Republican de George Julian Harney, Londres 1850. Ont paru également les éditions danoise et polonaise.

    La défaite de l’insurrection parisienne de juin 1848 – la première grande bataille entre prolétariat et bourgeoisie – devait de nouveau, pour une certaine période, refouler à l’arrière-plan les revendications sociales et politiques de la classe ouvrière européenne. Depuis lors, seuls les divers groupes de la classe possédante s’affrontaient de nouveau dans la lutte pour la domination, tout comme avant la révolution de février; la classe ouvrière a dû combattre pour la liberté d’action politique et s’aligner sur les positions extrêmes de la partie radicale des classes moyennes. Tout mouvement prolétarien autonome, pour peu qu’il continuât à donner signe de vie, était écrasé sans merci. Ainsi, la police prussienne réussit à dépister le Comité central de la Ligue des communistes, qui résidait alors à Cologne. Ses membres furent arrêtés et, après dix-huit mois de détention, déférés en jugement, en octobre 1852. Ce fameux « procès des communistes à Cologne » dura du 4 octobre au 12 novembre; sept personnes parmi les prévenus furent condamnées à des peines allant de trois à six ans de forteresse. Immédiatement après le verdict, la Ligue fut officiellement dissoute par les membres demeurés en liberté. Pour ce qui est du Manifeste, on l’eût cru depuis lors voué à l’oubli.

    Lorsque la classe ouvrière d’Europe eut repris suffisamment de forces pour un nouvel assaut contre les classes dominantes, naquit l’Association internationale des travailleurs. Cependant, cette Association qui s’était constituée dans un but précis – fondre en un tout les forces combatives du prolétariat d’Europe et d’Amérique ne pouvait proclamer d’emblée les principes posés dans le Manifeste. Le programme de l’Internationale devait être assez vaste pour qu’il fût accepté et par les trade-unions anglaises, et par les adeptes de Proudhon [7] en France, Belgique, Italie et Espagne, et par les lassaliens [8] en Allemagne. Marx qui rédigea ce programme de façon à donner satisfaction à tous ces partis, s’en remettait totalement au développement intellectuel de la classe ouvrière, qui devait être à coup sur le fruit de l’action et de la discussion commune. Par eux-mêmes les événements et les péripéties de la lutte contre le Capital- les défaites plus encore que le succès – ne pouvaient manquer de faire sentir aux ouvriers l’insuffisance de toutes leurs panacées et les amener à comprendre à fond les conditions véritables de leur émancipation. Et Marx avait raison. Quand, en 1874, l’Internationale cessa d’exister, les ouvriers n’étaient plus du tout les mêmes que lors de sa fondation en 1864. Le proudhonisme en France, le lassallisme en Allemagne étaient à l’agonie et même les trade-unions anglaises, alors ultra-conservatrices, et ayant depuis longtemps, dans leur majorité, rompu avec l’Internationale, approchaient peu à peu du moment où le président de leur congrès qui s’est tenu l’an dernier à Swansea, pouvait dire en leur nom : « Le socialisme continental a cessé d’être pour nous un épouvantail. » A la vérité, les principes du Manifeste avaient pris un large développement parmi les ouvriers de tous les pays.

    Ainsi, le Manifeste s’est mis une nouvelle fois au premier plan. Après 1850, le texte allemand fut réédité plusieurs fois en Suisse, Angleterre et Amérique. En 1872, il est traduit en anglais à New York et publié dans Woodhull and Claflin’s Weekly. D’après ce texte anglais, Le Socialiste new-yorkais a publié la traduction française. Par la suite, parurent en Amérique au moins encore deux traductions anglaises plus ou moins déformées, dont l’une fut rééditée en Angleterre. La première traduction en russe, faite par Bakounine, fut éditée aux environs de 1863 par l’imprimerie du Kolokol d’Herzen, à Genève; la deuxième traduction, due à l’héroïque Véra Zassoulitch, sortit de même à Genève en 1882. Une nouvelle édition danoise est lancée par la Socialdemokratisk Bibliothek à Copenhague en 1885; une nouvelle traduction française a été publiée par Le Socialiste de Paris, en 1886. D’après cette traduction, a paru une version espagnole, publiée à Madrid en 1886. Point n’est besoin de parler des éditions allemandes réimprimées, on en compte au moins douze. La traduction arménienne, qui devait paraître il y a quelques mois à Constantinople, n’a pas vu le jour, comme on me l’a dit, uniquement parce que l’éditeur avait craint de sortir le livre avec le nom de Marx, tandis que le traducteur refusait de se dire l’auteur du Manifeste. Pour ce qui est des nouvelles traductions en d’autres langues, j’en ai entendu parler, mais n’en ai jamais vu. Ainsi donc, l’histoire du Manifeste reflète notablement celle du mouvement ouvrier contemporain; à l’heure actuelle, il est incontestablement l’œuvre la plus répandue, la plus internationale de toute la littérature socialiste. Le programme commun de millions d’ouvriers, de la Sibérie à la Californie.

    Et, cependant, au moment où nous écrivions, nous ne pouvions toutefois l’intituler le Manifeste socialiste. En 1847, on donnait le nom de socialistes, d’une part, aux adeptes des divers systèmes utopiques : les owenistes [9] en Angleterre et les fouriéristes [10] en France, et qui n’étaient déjà plus les uns et les autres, que de simples sectes agonisantes; d’autre part, aux médicastres sociaux de tout acabit qui promettaient, sans aucun préjudice pour le Capital et le profit, de guérir toutes les infirmités sociales au moyen de toutes sortes de replâtrage. Dans les deux cas, c’étaient des gens qui vivaient en dehors du mouvement ouvrier et qui cherchaient plutôt un appui auprès des classes « cultivées ». Au contraire, cette partie des ouvriers qui, convaincue de l’insuffisance de simples bouleversements politiques, réclamait une transformation fondamentale de la société, s’appelait alors communiste. C’était un communisme à peine dégrossi, purement instinctif, parfois un peu grossier, mais cependant il pressentait l’essentiel et se révéla assez fort dans la classe ouvrière pour donner naissance au communisme utopique : en France, celui de Cabet [11] et en Allemagne, celui de Weitling [12] . En 1847, le socialisme signifiait un mouvement bourgeois, le communisme, un mouvement ouvrier. Le socialisme avait, sur le continent tout au moins, ses entrées dans le monde, pour le communisme, c’était exactement le contraire. Et comme, dès ce moment, nous étions d’avis que « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », nous ne pouvions hésiter un instant sur la dénomination à choisir. Depuis, il ne nous est jamais venu à l’esprit de la rejeter.

    Bien que le Manifeste soit notre œuvre commune, j’estime néanmoins de mon devoir de constater que la thèse principale, qui en constitue le noyau, appartient à Marx. Cette thèse est qu’à chaque époque historique, le mode prédominant de la production économique et de l’échange et la structure sociale qu’il conditionne, forment la base sur laquelle repose l’histoire politique de ladite époque et l’histoire de son développement intellectuel, base à partir de laquelle seulement elle peut être expliquée; que de ce fait toute l’histoire de l’humanité (depuis la décomposition de la communauté primitive avec sa possession commune du sol) a été une histoire de luttes de classes, de luttes entre classes exploiteuses et exploitées et opprimées; que l’histoire de cette lutte de classes atteint à l’heure actuelle, dans son développement, une étape où la classe exploitée et opprimée – le prolétariat – ne peut plus s’affranchir du joug de la classe qui l’exploite et l’opprime – la bourgeoisie – sans affranchir du même coup, une fois pour toutes, la société entière de toute exploitation, oppression, division en classes et lutte de classes.

    Cette idée qui selon moi est appelée à marquer pour la science historique le même progrès que la théorie de Darwin pour la biologie, nous nous en étions tous deux approchés peu à peu, plusieurs années déjà avant 1845. Jusqu’où j’étais allé moi-même dans cette direction, de mon propre gré, on peut en juger par mon livre La situation de la classe laborieuse en Angleterre [13]. Quand au printemps 1845 je revis Marx à Bruxelles, il l’avait déjà élaborée et il me l’a exposée à peu près aussi clairement que je l’ai fait ici, moi-même.

    Je reproduis les lignes suivantes empruntées à notre préface commune à l’édition allemande de 1872 :

    « Bien que les circonstances aient beaucoup changé au cours des vingt dernières années, les principes généraux exposés dans ce Manifeste conservent dans leurs grandes lignes, aujourd’hui encore, toute leur exactitude. Il faudrait revoir, çà et là, quelques détails. Le Manifeste explique lui-même que l’application des principes dépendra partout et toujours des circonstances historiques données, et que, par suite, il ne faut pas attribuer trop d’importance aux mesures révolutionnaires énumérées à la fin du chapitre II. Ce passage serait, à bien des égards, rédigé tout autrement aujourd’hui. Etant donné les progrès immenses de la grande industrie dans les vingt-cinq dernières années et les progrès parallèles qu’a accomplis, dans son organisation en parti, la classe ouvrière, étant donné les expériences, d’abord de la révolution de Février, ensuite et surtout de la Commune de Paris qui, pendant deux mois, mit pour la première fois aux mains du prolétariat le pouvoir politique, ce programme est aujourd’hui vieilli sur certains points. La Commune, notamment, a démontré que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine d’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte » (voir The Civil War in France; Address of the General Council of the International Working-men’s Association. London Truelove, 1871, p. 15, où cette idée est plus longuement développée). En outre, il est évident que la critique de la littérature socialiste présente une lacune pour la période actuelle, puisqu’elle s’arrête à 1847. Et, de même, si les remarques sur la position des communistes à l’égard des différents partis d’opposition (chapitre IV) sont exactes aujourd’hui encore dans leurs principes, elles sont vieillies dans leur application parce que la situation politique s’est modifiée du tout au tout et que l’évolution historique a fait disparaître la plupart des partis qui y sont énumérés.

    Cependant, le Manifeste est un document historique que nous n’avons plus le droit de modifier. » 

     

    La traduction que nous présentons est de M. Samuel Moore, traducteur de la plus grande partie du Capital de Marx. Nous l’avons revue ensemble et j’ai ajouté quelques remarques explicatives d’ordre historique.

    Friedrich Engels
    Londres, 30 janvier 1888

    Préface à l’édition allemande de 1890 

     

    Depuis que j’ai écrit les lignes qui précèdent, une nouvelle édition allemande du Manifeste est devenue nécessaire. Il convient en outre de mentionner ici qu’il s’est produit bien des choses autour du Manifeste.

    Une deuxième traduction russe, par Véra Zassoulitch, parut à Genève en 1882; nous en rédigeâmes, Marx et moi, la préface. Malheureusement, j’ai égaré le manuscrit allemand original et je suis obligé de retraduire du russe, ce qui n’est d’aucun profit pour le texte même. Voici cette préface :

    « La première édition russe du Manifeste du Parti communiste, traduit par Bakounine, parut peu après 1860 à l’imprimerie du Kolokol. A cette époque, une édition russe de cet ouvrage avait tout au plus pour l’Occident l’importance d’une curiosité littéraire. Aujourd’hui, il n’en va plus de même. 

    Combien était étroit le terrain où se propageait le mouvement prolétarien à cette époque (décembre 1847), c’est ce qui ressort parfaitement du dernier chapitre : « Position des communistes envers les différents partis d’opposition dans les divers pays. » La Russie et les Etats-Unis notamment n’y sont pas mentionnés C’était le temps où la Russie formait la dernière grande réserve de la réaction européenne, et où l’émigration aux Etats-Unis absorbait l’excédent des forces du prolétariat européen. Ces deux pays fournissaient à l’Europe des matières premières et lui offraient en même temps des débouchés pour l’écoulement de ses produits industriels. Tous deux servaient donc, de l’une ou l’autre manière, de contrefort à l’organisation sociale de l’Europe. 

    Que tout cela est changé aujourd’hui ! C’est précisément l’émigration européenne qui a rendu possible le développement colossal de l’agriculture en Amérique du Nord, développement dont la concurrence ébranle dans ses fondements la grande et la petite propriété foncière en Europe. C’est elle qui a, du même coup, donné aux Etats-Unis la possibilité de mettre en exploitation ses énormes ressources industrielles, et cela avec une énergie et à une échelle telles que le monopole industriel de l’Europe occidentale, et notamment celui de l’Angleterre, disparaîtra à bref délai. Ces deux circonstances réagissent à leur tour de façon révolutionnaire sur l’Amérique elle-même. La petite et la moyenne propriété des farmers, cette assise de tout l’ordre politique américain, succombe peu a peu sous la concurrence de fermes gigantesques, tandis que, dans les districts industriels, il se constitue pour la première fois un nombreux prolétariat à côté d’une fabuleuse concentration du Capital. 

    Passons à la Russie. Au moment de la révolution de 1848-1849, les monarques d’Europe, tout comme la bourgeoisie d’Europe, voyaient dans l’intervention russe le seul moyen de les sauver du prolétariat qui commençait tout juste à prendre conscience de sa force. Le tsar fut proclamé chef de la réaction européenne. Aujourd’hui, il est, à Gatchina, le prisonnier de guerre de la révolution, et la Russie est à l’avant-garde du mouvement révolutionnaire de l’Europe. 

    Le Manifeste communiste avait pour tâche de proclamer la disparition inévitable et prochaine de la propriété bourgeoise. Mais en Russie, à côté de la spéculation capitaliste qui se développe fiévreusement et de la propriété foncière bourgeoise en voie de formation, plus de la moitié du sol est la propriété commune des paysans. Il s’agit, dès lors, de savoir si la communauté paysanne russe, cette forme déjà décomposée de l’antique propriété commune du sol, passera directement à la forme communiste supérieure de la propriété foncière, ou bien si elle doit suivre d’abord le même processus de dissolution qu’elle a subi au cours du développement historique de l’Occident. 

    La seule réponse qu’on puisse faire aujourd’hui à cette question est la suivante : si la révolution russe donne le signal d’une révolution ouvrière en Occident, et que toutes deux se complètent, la propriété commune actuelle de la Russie pourra servir de point de départ à une évolution communiste. » 

     

    Karl Marx, Friedrich Engels
    Londres, 21 janvier 1882

    Une nouvelle traduction polonaise parut, à la même époque, à Genève : Manifest Kommunistyczny.

    Depuis, une nouvelle traduction danoise a paru dans la Socialdemokratisk Bibliothek, Copenhague, 1885. Elle n’est malheureusement pas tout à fait complète; quelques passages essentiels, qui semblent avoir arrêté le traducteur, ont été omis, et çà et là, on peut relever des traces de négligences, dont l’effet est d’autant plus regrettable qu’on voit, d’après le reste, que la traduction aurait pu, avec un peu plus de soin, être excellente.

    En 1886 parut une nouvelle traduction française dans Le Socialiste de Paris; c’est jusqu’ici la meilleure.

    D’après cette traduction a paru la même année une version espagnole, d’abord dans El Socialista de Madrid, et ensuite en brochure : Manifesto del Partido Communista, por Carlos Marx y F. Engels, Madrid, Administracion de « El Socialista« , Herman Cortès, 8.

    A titre de curiosité, je dirai qu’en 1887 le manuscrit d’une traduction arménienne a été offert à un éditeur de Constantinople; l’excellent homme n’eut cependant pas le courage d’imprimer une brochure qui portait le nom de Marx et estima que le traducteur devrait bien plutôt s’en déclarer l’auteur, ce que celui-ci refusa de faire.

    A plusieurs reprises ont été réimprimées en Angleterre certaines traductions américaines plus ou moins inexactes; enfin, une traduction authentique a paru en 1888. Elle est due à mon ami Samuel Moore, et nous l’avons revue ensemble avant l’impression. Elle a pour titre : Manifesto of the Communist Party, by Karl Marx and Frederick Engels, Authorized English translation, edited and annotated by Frederick Engels, 1888. London, William Reeves, 185 Fleet st., E.C. J’ai repris dans la présente édition quelques-unes des notes de cette traduction anglaise.

    Le Manifeste a eu sa destinée propre. Salué avec enthousiasme, au moment de son apparition, par l’avant-garde peu nombreuse encore du socialisme scientifique (comme le prouvent les traductions signalées dans la première préface), il fut bientôt refoulé à l’arrière-plan par la réaction qui suivit la défaite des ouvriers parisiens en juin 1848, et enfin il fut proscrit « de par la loi » avec la condamnation des communistes de Cologne en novembre 1852 [14]. Avec le mouvement ouvrier datant de la révolution de Février, le Manifeste aussi disparaissait de la scène publique.

    Lorsque la classe ouvrière européenne eut repris suffisamment de forces pour un nouvel assaut contre la puissance des classes dominantes, naquit l’Association internationale des travailleurs. Elle avait pour but de fondre en une immense armée unique toute la classe ouvrière d’Europe et d’Amérique capable d’entrer dans la lutte. Elle ne pouvait donc partir directement des principes posés dans le Manifeste. Il lui fallait un programme qui ne fermât pas la porte aux trade-unions anglaises, aux proudhoniens français, belges, italiens et espagnols, ni aux lassalliens allemands [15] – Ce programme – le préambule des Statuts de l’Internationale [16] – fut rédigé par Marx avec une maîtrise à laquelle Bakounine et les anarchistes eux-mêmes ont rendu hommage. Pour la victoire définitive des propositions énoncées dans le Manifeste, Marx s’en remettait uniquement au développement intellectuel de la classe ouvrière, qui devait résulter de l’action et de la discussion communes. Les événements et les vicissitudes de la lutte contre le Capital, les défaites plus encore que les succès, ne pouvaient manquer de faire sentir aux combattants l’insuffisance de toutes leurs panacées et les amener à comprendre à fond les conditions véritables de l’émancipation ouvrière. Et Marx avait raison. La classe ouvrière de 1874, après la dissolution de l’Internationale, était tout autre que celle de 1864, au moment de sa fondation. Le proudhonisme des pays latins et le lassallisme proprement dit en Allemagne étaient à l’agonie, et même les trade-unions anglaises, alors ultra-conservatrices, approchaient peu à peu du moment où, en 1887, le président de leur congrès à Swansea pouvait dire en leur nom : « Le socialisme continental a cessé d’être pour nous un épouvantail. » Mais dès 1887, le socialisme continental s’identifiait presque entièrement avec la théorie formulée dans le Manifeste. Et ainsi l’histoire du Manifeste reflète jusqu’à un certain point l’histoire du mouvement ouvrier moderne depuis 1848. A l’heure actuelle, il est incontestablement l’oeuvre la plus répandue, la plus internationale de toute la littérature socialiste, le programme commun de millions d’ouvriers de tous les pays, de la Sibérie à la Californie.

    Et, cependant, lorsqu’il parut, nous n’aurions pu l’intituler Manifeste socialiste. En 1847, on comprenait sous ce nom de socialiste deux sortes de gens. D’abord, les adhérents des divers systèmes utopiques, notamment les owenistes en Angleterre et les fouriéristes en France, qui n’étaient déjà plus, les uns et les autres, que de simples sectes agonisantes. D’un autre côté, les charlatans sociaux de tout acabit qui voulaient, à l’aide d’un tas de panacées et avec toutes sortes de rapiéçages, supprimer les misères sociales, sans faire le moindre tort au Capital et au profit. Dans les deux cas, c’étaient des gens qui vivaient en dehors du mouvement ouvrier et qui cherchaient plutôt un appui auprès des classes « cultivées ». Au contraire, cette partie des ouvriers qui, convaincue de l’insuffisance des simples bouleversements politiques, réclamait une transformation fondamentale de la société, s’appelait alors communiste. C’était un communisme à peine dégrossi purement instinctif, parfois un peu grossier; mais il était assez puissant pour donner naissance à deux systèmes de communisme utopique : en France l’lcarie de Cabet et en Allemagne le système de Weitling. En 1847, le socialisme signifiait un mouvement bourgeois, le communisme, un mouvement ouvrier. Le socialisme avait, sur le continent tout au moins, ses entrées dans le monde; pour le communisme, c’était exactement le contraire. Et comme, dès ce moment, nous étions très nettement d’avis que « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », nous ne pouvions hésiter un instant sur la dénomination à choisir. Depuis, il ne nous est jamais venu à l’esprit de la rejeter.

    « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Quelques voix seulement nous répondirent, lorsque nous lançâmes cet appel par le monde, il y a maintenant quarante-deux ans, à la veille de la première révolution parisienne dans laquelle le prolétariat se présenta avec ses revendications à lui. Mais le 28 septembre 1864, des prolétaires de la plupart des pays de l’Europe occidentale s’unissaient pour former l’Association internationale des travailleurs, de glorieuse mémoire. L’Internationale elle-même ne vécut d’ailleurs que neuf années. Mais que l’alliance éternelle établie par elle entre les prolétaires de tous les pays existe encore et qu’elle soit plus puissante que jamais, il n’en est pas de meilleure preuve que la journée d’aujourd’hui. Au moment où j’écris ces lignes, le prolétariat d’Europe et d’Amérique passe la revue de ses forces, pour la première fois mobilisées en une seule armée, sous un même drapeau et pour un même but immédiat : la fixation légale de la journée normale de huit heures, proclamée dès 1866 par le Congrès de l’Internationale à Genève, et de nouveau par le Congrès ouvrier de Paris en 1889. Le spectacle de cette journée montrera aux capitalistes et aux propriétaires fonciers de tous les pays que les prolétaires de tous les pays sont effectivement unis.

    Que Marx n’est-il à côté de moi, pour voir cela de ses propres yeux !

    Friedrich Engels
    Londres, 1er mai 1890

    Préface à l’édition polonaise de 1892 

     

    Qu’il ait été nécessaire de faire paraître une nouvelle édition polonaise du Manifeste du Parti communiste, permet de faire maintes conclusions.

    D’abord, il faut constater que le Manifeste est devenu, ces derniers temps, une sorte d’illustration du progrès de la grande industrie sur le continent européen. A mesure que celle-ci évolue dans un pays donné, les ouvriers de ce pays ont de plus en plus tendance à voir clair dans leur situation, en tant que classe ouvrière, par rapport aux classes possédantes; le mouvement socialiste prend de l’extension parmi eux et le Manifeste devient l’objet d’une demande accrue. Ainsi, d’après le nombre d’exemplaires diffusés dans la langue du pays, il est possible de déterminer avec assez de précision non seulement l’état du mouvement ouvrier, mais aussi le degré d’évolution de la grande industrie dans ce pays.

    La nouvelle édition polonaise du Manifeste est donc une preuve du progrès décisif de l’industrie de la Pologne. Que ce progrès ait effectivement eu lieu durant les dix années qui se sont écoulées depuis que la dernière édition a vu le jour, nul doute ne saurait subsister. Le Royaume de Pologne, la Pologne du Congrès [17], s’est transformé en une vaste région industrielle de l’empire de Russie. Tandis que la grande industrie russe est dispersée dans maints endroits, une partie tout près du golfe de Finlande, une autre dans la région centrale (Moscou, Vladimir), la troisième sur les côtes de la mer Noire et de la mer d’Azov, etc., l’industrie polonaise se trouve concentrée sur une étendue relativement faible et éprouve aussi bien les avantages que les inconvénients de cette concentration. Ces avantages furent reconnus par les fabricants concurrents de Russie lorsque, malgré leur désir ardent de russifier tous les Polonais, ils réclamèrent l’institution de droits protecteurs contre la Pologne. Quant aux inconvénients – pour les fabricants polonais comme pour le gouvernement russe – , ils se traduisent par une rapide diffusion des idées socialistes parmi les ouvriers polonais et par une demande accrue pour le Manifeste.

    Cependant, cette évolution rapide de l’industrie polonaise qui a pris le pas sur l’industrie russe, offre à son tour une nouvelle preuve de la vitalité tenace du peuple polonais et constitue une caution nouvelle de son futur rétablissement national. Or, le rétablissement d’une Pologne autonome puissante, nous concerne nous tous et pas seulement les Polonais. Une coopération internationale de bonne foi entre les peuples d’Europe n’est possible que si chacun de ces peuples reste le maître absolu dans sa propre maison. La révolution de 1848, au cours de laquelle les combattants prolétariens ont dû, sous le drapeau du prolétariat, exécuter en fin de compte la besogne de la bourgeoisie, a réalisé du même coup, par le truchement de ses commis – Louis Bonaparte et Bismarck [18] – l’indépendance de l’Italie, de l’Allemagne, de la Hongrie. Pour ce qui est de la Pologne qui depuis 1792 avait fait pour la révolution plus que ces trois pays pris ensemble, à l’heure où, en 1863, elle succombait sous la poussée des forces russes [19] , dix fois supérieures aux siennes propres, elle fut abandonnée à elle-même. La noblesse a été impuissante à défendre et à reconquérir l’indépendance de la Pologne; la bourgeoisie se désintéresse actuellement, pour ne pas dire plus, de cette indépendance. Néanmoins, pour la coopération harmonieuse des nations européennes, elle s’impose impérieusement. Seul peut conquérir cette indépendance le jeune prolétariat polonais, qui en est même le garant le plus sûr. Car pour les ouvriers du reste de l’Europe cette indépendance est aussi nécessaire que pour les ouvriers polonais eux-mêmes.

    Friedrich Engels
    Londres, 10 février 1892

    Préface à l’édition italienne de 1893 

     

    Au lecteur italien

    La publication du Manifeste du Parti communiste a presque exactement coïncidé avec la date du 18 mars 1848, avec les révolutions de Milan et de Berlin, soulèvements armés de deux nations, dont l’une est située au centre du continent européen, l’autre, au centre des pays méditerranéens, deux nations affaiblies Jusque-là par leur morcellement et les dissensions internes, ce qui les fit tomber sous la domination étrangère. Tandis que l’Italie était soumise à l’empereur d’Autriche, l’Allemagne n’en subissait pas moins le joug, tout aussi sensible encore que moins direct, du tsar de toutes les Russies. Les conséquences des événements du 18 mars 1848 délivrèrent l’Italie et l’Allemagne de cette infamie; si, de 1848 à 1871, ces deux grandes nations furent rétablies et purent recouvrer, de l’une ou de l’autre façon, leur indépendance, cela tient, selon Marx, au fait que ceux-là mêmes qui avaient écrasé la révolution de 1848, étaient devenus, bien malgré eux, ses commis.

    Partout cette révolution fut l’œuvre de la classe ouvrière : c’est elle qui dressa les barricades et offrit sa vie en sacrifice. Cependant, seuls les ouvriers parisiens en renversant le gouvernement, étaient tout à fait décidés à renverser aussi le régime bourgeois. Mais, bien qu’ils fussent conscients de l’antagonisme inéluctable entre leur propre classe et la bourgeoisie, ni le progrès économique du pays, ni la formation intellectuelle de la masse des ouvriers français n’avaient pas encore atteint le niveau qui eut pu favoriser la transformation sociale. C’est bien pourquoi les fruits de la révolution devaient revenir en fin de compte à la classe capitaliste. Dans les autres pays – Italie, Allemagne, Autriche – les ouvriers, dès le début, ne firent qu’aider la bourgeoisie à accéder au pouvoir Mais il n’est pas un seul où la domination de la bourgeoisie soit possible sans l’indépendance nationale. Aussi la révolution de 1848 devait-elle déboucher sur l’unité et l’indépendance des nations qui en étaient privées jusque-là : l’Italie, l’Allemagne, la Hongrie. Maintenant, c’est le tour de la Pologne.

    Ainsi, si la révolution de 1848 n’était pas une révolution socialiste, elle a du moins déblayé la route, préparé le terrain pour cette dernière. Le régime bourgeois, qui a suscité dans tous les pays l’essor de la grande industrie, a du même coup créé partout, durant ces derniers quarante-cinq ans, un prolétariat nombreux, bien cimenté et fort; il a engendré ainsi, comme le dit le Manifeste, ses propres fossoyeurs. Sans le rétablissement de l’indépendance et de l’unité de chaque nation prise à part, il est impossible de réaliser, sur le plan international, ni l’union du prolétariat ni la coopération pacifique et consciente de ces nations en vue d’atteindre les buts communs. Essayez de vous représenter une action commune internationale des ouvriers italiens, hongrois, allemands, polonais et russes dans le cadre des conditions d’avant 1848 !

    Donc, les combats de 1848 n’ont pas été vains. De même les quarante-cinq années qui nous séparent de cette période révolutionnaire. Ses fruits commencent à mûrir, et je voudrais seulement que la parution de cette traduction italienne fût bon signe, signe avant-coureur de la victoire du prolétariat italien, de même que la parution de l’original a été le précurseur de la révolution internationale.

    Le Manifeste rend pleine justice au rôle révolutionnaire que le capitalisme a joué dans le passé. L’Italie fut la première nation capitaliste. La fin du moyen âge féodal, le début de l’ère capitaliste moderne trouvent leur expression dans une figure colossale. C’est l’Italien Dante, le dernier poète du moyen âge et en même temps le premier poète des temps nouveaux. Maintenant, comme en 1300, s’ouvre une ère historique nouvelle. L’Italie nous donnera-t-elle un nouveau Dante qui perpétuera l’éclosion de cette ère nouvelle, prolétarienne ?

    Friedrich Engels
    Londres, 1er février 1893

    Le manifeste du Parti Communiste 

     

    Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot [20] , les radicaux de France et les policiers d’Allemagne. 

    Quelle est l’opposition qui n’a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète infamante de communiste ? 

    Il en résulte un double enseignement. 

    Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d’Europe. 

    Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances; qu’ils opposent au conte du spectre communiste un manifeste du Parti lui-même. 

     

    C’est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste suivant, qui est publié en anglais, français, allemand, italien, flamand et danois.

    I. Bourgeois et prolétaires [21] 

     

    L’histoire de toute société jusqu’à nos jours [22] n’a été que l’histoire de luttes de classes.

    Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande [23] et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.

    Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.

    La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d’autrefois.

    Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l’époque de la bourgeoisie, est d’avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.

    Des serfs du moyen âge naquirent les bourgeois des premières agglomérations urbaines; de cette population municipale sortirent les premiers éléments de la bourgeoisie.

    La découverte de l’Amérique, la circumnavigation de l’Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d’action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce colonial, la multiplication des moyens d’échange et, en général, des marchandises donnèrent un essor jusqu’alors inconnu au négoce, à la navigation, à l’industrie et assurèrent, en conséquence, un développement rapide à l’élément révolutionnaire de la société féodale en dissolution.

    L’ancien mode d’exploitation féodal ou corporatif de l’industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s’ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture prit sa place. La moyenne bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l’atelier même.

    Mais les marchés s’agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devint insuffisante. Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne supplanta la manufacture; la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.

    La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l’Amérique. Le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Ce développement réagit à son tour sur l’extension de l’industrie; et, au fur et a mesure que l’industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l’arrière-plan les classes léguées par le moyen âge.

    La bourgeoisie, nous le voyons, est elle-même le produit d’un long développement, d’une série de révolutions dans le mode de production et les moyens de communication.

    A chaque étape de l’évolution que parcourait la bourgeoisie correspondait pour elle un progrès politique. Classe opprimée par le despotisme féodal, association armée s’administrant elle-même dans la commune [24], ici, république urbaine indépendante; là, tiers état taillable et corvéable de la monarchie, puis, durant la période manufacturière. contrepoids de la noblesse dans la monarchie féodale ou absolue, pierre angulaire des grandes monarchies, la bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l’Etat représentatif moderne. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.

    La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire.

    Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses « supérieurs naturels », elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « paiement au comptant ». Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

    La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.

    La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent.

    La bourgeoisie a révélé comment la brutale manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouva son complément naturel dans la paresse la plus crasse. C’est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l’activité humaine. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d’Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques; elle a mené à bien de tout autres expéditions que les invasions et les croisades [25]

    La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l’ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés.

    Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.

    Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. A la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. A la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit Les oeuvres intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. L’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.

    Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l’amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.

    La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a créé d’énormes cités; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et par là, elle a arraché une grande partie de la population à l’abrutissement de la vie des champs. De même qu’elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi-barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l’Orient à l’Occident.

    La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier.

    La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses; et plus colossales que l’avaient fait toutes les générations passées prises ensemble. La domestication des forces de la nature, les machines, l’application de la chimie à l’industrie et à l’agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol – quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ?

    Voici donc ce que nous avons vu : les moyens de production et d’échange. sur la base desquels s’est édifiée la bourgeoise, furent créés à l’intérieur de la société féodale. A un certain degré du développement de ces moyens de production et d’échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l’organisation féodale de l’agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. Ils entravaient la production au lieu de la faire progresser. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait les briser. Et on les brisa.

    A sa place s’éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique appropriée, avec la suprématie économique et politique de la classe bourgeoise.

    Nous assistons aujourd’hui à un processus analogue. Les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d’échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées. Depuis des dizaines d’années, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est autre chose que l’histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l’existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise. Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, – l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l’existence de la propriété bourgeoise. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. – Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre la bourgeoisie elle-même.

    Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires.

    A mesure que grandit la bourgeoisie, c’est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.

    Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l’ouvrier tout caractère d’autonomie, lui ont fait perdre tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine, on n’exige de lui que l’opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. Par conséquent, ce que coûte l’ouvrier se réduit, à peu de chose près, au coût de ce qu’il lui faut pour s’entretenir et perpétuer sa descendance. Or, le prix du travail [26], comme celui de toute marchandise, est égal à son coût de production. Donc, plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent. Bien plus, la somme de labeur s’accroît avec le développement du machinisme et de la division du travail, soit par l’augmentation des heures ouvrables, soit par l’augmentation du travail exigé dans un temps donné, l’accélération du mouvement des machines, etc.

    L’industrie moderne a fait du petit atelier du maître artisan patriarcal la grande fabrique du capitalisme industriel. Des masses d’ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement. Simples soldats de l’industrie, ils sont placés sous la surveillance d’une hiérarchie complète de sous-officiers et d’officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, de l’Etat bourgeois, mais encore, chaque jour, à chaque heure, les esclaves de la machine, du contremaître et surtout du bourgeois fabricant lui-même. Plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux, exaspérant.

    Moins le travail exige d’habileté et de force, c’est-à-dire plus l’industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d’âge et de sexe n’ont plus d’importance sociale pour la classe ouvrière. Il n’y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l’âge et le sexe.

    Une fois que l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’on lui a compté son salaire, il devient la proie d’autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc.

    Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l’échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d’une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d’employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d’autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population.

    Le prolétariat passe par différentes phases d’évolution. Sa lutte contre la bourgeoisie commence avec son existence même.

    La lutte est engagée d’abord par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d’une même fabrique, enfin par les ouvriers d’une même branche d’industrie, dans une même localité, contre le bourgeois qui les exploite directement. Ils ne dirigent pas seulement leurs attaques contre les rapports bourgeois de production : ils les dirigent contre les instruments de production eux-mêmes; ils détruisent les marchandises étrangères qui leur font concurrence, brisent les machines, brûlent les fabriques et s’efforcent de reconquérir la position perdue de l’artisan du moyen age.

    A ce stade, le prolétariat forme une masse disséminée à travers le pays et émiettée par la concurrence. S’il arrive que les ouvriers se soutiennent par l’action de masse, ce n’est pas encore là le résultat de leur propre union, mais de celle de la bourgeoisie qui, pour atteindre ses fins politiques propres, doit mettre en branle le prolétariat tout entier, et qui possède encore provisoirement le pouvoir de le faire. Durant cette phase, les prolétaires ne combattent donc pas leurs propres ennemis, mais les ennemis de leurs ennemis, c’est-à-dire les vestiges de la monarchie absolue, propriétaires fonciers, bourgeois non industriels, petits bourgeois. Tout le mouvement historique est de la sorte concentré entre les mains de la bourgeoisie; toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bourgeoise.

    Or, le développement de l’industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. Les intérêts, les conditions d’existence au sein du prolétariat, s’égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas. Par suite de la concurrence croissante des bourgeois entre eux et des crises commerciales qui en résultent, les salaires deviennent de plus en plus instables; le perfectionnement constant et toujours plus rapide de la machine rend la condition de l’ouvrier de plus en plus précaire; les collisions individuelles entre l’ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes. Les ouvriers commencent par former des coalitions contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu’à constituer des associations permanentes pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Çà et là, la lutte éclate en émeute.

    Parfois, les ouvriers triomphent; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs Cette union est facilitée par l’accroissement des moyens de communication qui sont créés par une grande industrie et qui permettent aux ouvriers de localités différentes de prendre contact. Or, il suffit de cette prise de contact pour centraliser les nombreuses luttes locales, qui partout revêtent le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes. Mais toute lutte de classes est une lutte politique, et l’union que les bourgeois du moyen âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes la réalisent en quelques années grâce aux chemins de fer.

    Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante. Elle profite des dissensions intestines de la bourgeoisie pour l’obliger à reconnaître, sous forme de loi, certains intérêts de la classe ouvrière : par exemple le bill de dix heures en Angleterre.

    En général, les collisions qui se produisent dans la vieille société favorisent de diverses manières le développement du prolétariat. La bourgeoisie vit dans un état de guerre perpétuel; d’abord contre l’aristocratie, puis contre ces fractions de la bourgeoisie même dont les intérêts entrent en conflit avec le progrès de l’industrie, et toujours, enfin, contre la bourgeoisie de tous les pays étrangers. Dans toutes ces luttes, elle se voit obligée de faire appel au prolétariat, de revendiquer son aide et de l’entraîner ainsi dans le mouvement politique. Si bien que la bourgeoisie fournit aux prolétaires les éléments de sa propre éducation, c’est-à-dire des armes contre elle-même.

    De plus, ainsi que nous venons de le voir, des fractions entières de la classe dominante sont, par le progrès de l’industrie, précipitées dans le prolétariat, ou sont menacées, tout au moins, dans leurs conditions d’existence. Elles aussi apportent au prolétariat une foule d’éléments d’éducation.

    Enfin, au moment où la lutte des classes approche de l’heure décisive, le processus de décomposition de la classe dominante, de la vieille société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu’une petite fraction de la classe dominante se détache de celle-ci et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui porte en elle l’avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment, cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu’à la compréhension théorique de l’ensemble du mouvement historique.

    De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.

    Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

    Quant au lumpenprolétariat [27], ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction.

    Les conditions d’existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d’existence du prolétariat. Le prolétaire est sans propriété; ses relations avec sa femme et ses enfants n’ont plus rien de commun avec celles de la famille bourgeoise; le travail industriel moderne, l’asservissement de l’ouvrier au capital, aussi bien en Angleterre qu’en France, en Amérique qu’en Allemagne, dépouillent le prolétaire de tout caractère national. Les lois, la morale, la religion sont à ses yeux autant de préjugés bourgeois derrière lesquels se cachent autant d’intérêts bourgeois.

    Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres. Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu’en abolissant leur propre mode d’appropriation d’aujourd’hui et, par suite, tout le mode d’appropriation en vigueur jusqu’à nos jours. Les prolétaires n’ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.

    Tous les mouvements historiques ont été, jusqu’ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle.

    La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu’elle ne soit pas, quant au fond, une lutte nationale, en revêt cependant tout d’abord la forme. Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie.

    En esquissant à grands traits les phases du développement du prolétariat, nous avons retracé l’histoire de la guerre civile, plus ou moins larvée, qui travaille la société actuelle jusqu’à l’heure où cette guerre éclate en révolution ouverte, et où le prolétariat fonde sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie.

    Toutes les sociétés antérieures, nous l’avons vu, ont reposé sur l’antagonisme de classes oppressives et de classes opprimées. Mais, pour opprimer une classe, il faut pouvoir lui garantir des conditions d’existence qui lui permettent, au moins, de vivre dans la servitude. Le serf, en plein servage, est parvenu a devenir membre d’une commune, de même que le petit-bourgeois s’est élevé au rang de bourgeois, sous le joug de l’absolutisme féodal. L’ouvrier moderne au contraire, loin de s’élever avec le progrès de l’industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même des conditions de vie de sa propre classe. Le travailleur devient un pauvre, et le paupérisme s’accroît plus rapidement encore que la population et la richesse. Il est donc manifeste que la bourgeoisie est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d’imposer à la société, comme loi régulatrice, les conditions d’existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec celle de la société.

    L’existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l’accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l’accroissement du Capital; la condition d’existence du capital, c’est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l’ industrie, dont la bourgeoisie est l’agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l’isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l’association. Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.


    II. Prolétaires et communistes 

     

    Quelle est la position des communistes par rapport à l’ensemble des prolétaires ?

    Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers.

    Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent de l’ensemble du prolétariat.

    Ils n’établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier.

    Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.

    Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien.

    Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat.

    Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde.

    Elles ne sont que l’expression générale des conditions réelles d’une lutte de classes existante, d’un mouvement historique qui s’opère sous nos yeux. L’abolition des rapports de propriété qui ont existé jusqu’ici n’est pas le caractère distinctif du communisme.

    Le régime de la propriété a subi de continuels changements, de continuelles transformations historiques.

    La Révolution française, par exemple, a aboli la propriété féodale au profit de la propriété bourgeoise

    Ce qui caractérise le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bourgeoise.

    Or, la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d’appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l’exploitation des uns par les autres.

    En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée.

    On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l’individu, propriété que l’on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle.

    La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite ! Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu’est la propriété du petit bourgeois du petit paysan ? Nous n’avons que faire de l’abolir, le progrès de l’industrie l’a abolie et continue à l’abolir chaque jour.

    Ou bien veut-on parler de la propriété privée d’aujourd’hui, de la propriété bourgeoise ?

    Mais est-ce que le travail salarié, le travail du prolétaire crée pour lui de la propriété ? Nullement. Il crée le capital, c’est-à-dire la propriété qui exploite le travail salarié, et qui ne peut s’accroître qu’à la condition de produire encore et encore du travail salarié, afin de l’exploiter de nouveau. Dans sa forme présente, la propriété se meut entre ces deux termes antinomiques; le Capital et le Travail. Examinons les deux termes de cette antinomie.

    Etre capitaliste, c’est occuper non seulement une position purement personnelle, mais encore une position sociale dans la production. Le capital est un produit collectif : il ne peut être mis en mouvement que par l’activité en commun de beaucoup d’individu, et même, en dernière analyse, que par l’activité en commun de tous les individus, de toute la société.

    Le capital n’est donc pas une puissance personnelle; c’est une puissance sociale.

    Dès lors, si le capital est transformé en propriété commune appartenant à tous les membres de la société, ce n’est pas une propriété personnelle qui se change en propriété commune. Seul le caractère social de la propriété change. Il perd son caractère de classe.

    Arrivons au travail salarié.

    Le prix moyen du travail salarié, c’est le minimum du salaire, c’est-à-dire la somme des moyens de subsistance nécessaires pour maintenir en vie l’ouvrier en tant qu’ouvrier. Par conséquent, ce que l’ouvrier s’approprie par son labeur est tout juste suffisant pour reproduire sa vie ramenée à sa plus simple expression. Nous ne voulons en aucune façon abolir cette appropriation personnelle des produits du travail, indispensable à la reproduction de la vie du lendemain, cette appropriation ne laissant aucun profit net qui confère un pouvoir sur le travail d’autrui. Ce que nous voulons, c’est supprimer ce triste mode d’appropriation qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroître le capital, et ne vit qu’autant que l’exigent les intérêts de la classe dominante. Dans la société bourgeoise, le travail vivant n’est qu’un moyen d’accroître le travail accumulé. Dans la société communiste le travail accumulé n’est qu’un moyen d’élargir, d’enrichir et d’embellir l’existence des travailleurs.

    Dans la société bourgeoise, le passé domine donc le présent; dans la société communiste c’est le présent qui domine le passé. Dans la société bourgeoise, le capital est indépendant et personnel, tandis que l’individu qui travaille n’a ni indépendance, ni personnalité.

    Et c’est l’abolition d’un pareil état de choses que la bourgeoisie flétrit comme l’abolition de l’individualité et de la liberté ! Et avec raison. Car il s’agit effectivement d’abolir l’individualité, l’indépendance, la liberté bourgeoises.

    Par liberté, dans les conditions actuelles de la production bourgeoise, on entend la liberté de commerce, la liberté d’acheter et de vendre.

    Mais si le trafic disparaît, le libre trafic disparaît aussi. Au reste, tous les grands mots sur la liberté du commerce, de même que toutes les forfanteries libérales de notre bourgeoisie, n’ont un sens que par contraste avec le trafic entravé avec le bourgeois asservi du moyen âge; ils n’ont aucun sens lorsqu’il s’agit de l’abolition, par le communisme, du trafic, du régime bourgeois de la production et de la bourgeoisie elle-même.

    Vous êtes saisis d’horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes qu’elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui ne peut exister qu’à la condition que l’immense majorité soit frustrée de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. En vérité, c’est bien ce que nous voulons.

    Dès que le travail ne peut plus être converti en capital, en argent, en rente foncière, bref en pouvoir social capable d’être monopolisé, c’est-à-dire dès que la propriété individuelle ne peut plus se transformer en propriété bourgeoise, vous déclarez que l’individu est supprimé.

    Vous avouez donc que, lorsque vous parlez de l’individu, vous n’entendez parler que du bourgeois, du propriétaire. Et cet individu-là, certes, doit être supprimé.

    Le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux; il n’ôte que le pouvoir d’asservir à l’aide de cette appropriation le travail d’autrui.

    On a objecté encore qu’avec l’abolition de la propriété privée toute activité cesserait, qu’une paresse générale s’emparerait du monde.

    Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait succombé à la fainéantise, puisque, dans cette société, ceux qui travaillent ne gagnent pas et que ceux qui gagnent ne travaillent pas. Toute l’objection se réduit à cette tautologie qu’il n’y a plus de travail salarié du moment qu’il n’y a plus de capital.

    Les accusations portées contre le monde communiste de production et d’appropriation des produits matériels l’ont été également contre la production et l’appropriation des oeuvres de l’esprit. De même que, pour le bourgeois, la disparition de la propriété de classe équivaut à la disparition de toute production, de même la disparition de la culture de classe signifie, pour lui, la disparition de toute culture.

    La culture dont il déplore la perte n’est pour l’immense majorité qu’un dressage qui en fait des machines.

    Mais inutile de nous chercher querelle, si c’est pour appliquer à l’abolition de la propriété bourgeoise l’étalon de vos notions bourgeoises de liberté, de culture, de droit, etc. Vos idées résultent elles-mêmes du régime bourgeois de production et de propriété, comme votre droit n’est que la volonté de votre classe érigée en loi, volonté dont le contenu est déterminé par les conditions matérielles d’existence de votre classe.

    La conception intéressée qui vous fait ériger en lois éternelles de la nature et de la raison vos rapports de production et de propriété – rapports transitoires que le cours de la production fait disparaître – , cette conception, vous la partagez avec toutes les classes dirigeantes aujourd’hui disparues.

    Ce que vous admettez pour la propriété antique, ce que vous admettez pour la propriété féodale, vous ne pouvez plus l’admettre pour la propriété bourgeoise.

    L’abolition de la famille ! Même les plus radicaux s’indignent de cet infâme dessein des communistes.

    Sur quelle base repose la famille bourgeoise d’à présent ? Sur le capital, le profit individuel. La famille, dans sa plénitude, n’existe que pour la bourgeoisie; mais elle a pour corollaire la suppression forcée de toute famille pour le prolétaire et la prostitution publique.

    La famille bourgeoise s’évanouit naturellement avec l’évanouissement de son corollaire, et l’une et l’autre disparaissent avec la disparition du capital.

    Nous reprochez-vous de vouloir abolir l’exploitation des enfants par leurs parents ? Ce crime-là, nous l’avouons.

    Mais nous brisons, dites-vous, les liens les plus intimes, en substituant à l’éducation par la famille l’éducation par la société.

    Et votre éducation à vous, n’est-elle pas, elle aussi, déterminée par la société ? Déterminée par les conditions sociales dans lesquelles vous élevez vos enfants, par l’immixtion directe ou non de la société, par l’école, etc. ? Les communistes n’inventent pas l’action de la société sur l’éducation; ils en changent seulement le caractère et arrachent l’éducation à l’influence de la classe dominante.

    Les déclamations bourgeoises sur la famille et l’éducation, sur les doux liens qui unissent l’enfant à ses parents deviennent de plus en plus écoeurantes, à mesure que la grande industrie détruit tout lien de famille pour le prolétaire et transforme les enfants en simples articles de commerce, en simples instruments de travail.

    Mais la bourgeoisie tout entière de s’écrier en choeur : Vous autres, communistes, vous voulez introduire la communauté des femmes !

    Pour le bourgeois, sa femme n’est autre chose qu’un instrument de production. Il entend dire que les instruments de production doivent être exploités en commun et il conclut naturellement que les femmes elles-mêmes partageront le sort commun de la socialisation.

    Il ne soupçonne pas qu’il s’agit précisément d’arracher la femme à son rôle actuel de simple instrument de production.

    Rien de plus grotesque, d’ailleurs, que l’horreur ultra-morale qu’inspire à nos bourgeois la prétendue communauté officielle des femmes que professeraient les communistes. Les communistes n’ont pas besoin d’introduire la communauté des femmes; elle a presque toujours existé.

    Nos bourgeois, non contents d’avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement.

    Le mariage bourgeois est, en réalité, la communauté des femmes mariées. Tout au plus pourrait-on accuser les communistes de vouloir mettre à la place d’une communauté des femmes hypocritement dissimulée une communauté franche et officielle. Il est évident, du reste, qu’avec l’abolition du régime de production actuel, disparaîtra la communauté des femmes qui en découle, c’est-à-dire la prostitution officielle et non officielle.

    En outre, on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité.

    Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot.

    Déjà les démarcations nationales et les antagonismes entre les peuples disparaissent de plus en plus avec le développement de la bourgeoisie, la liberté du commerce, le marché mondial, l’uniformité de la production industrielle et les conditions d’existence qu’ils entraînent.

    Le prolétariat au pouvoir les fera disparaître plus encore. Son action commune, dans les pays civilisés tout au moins, est une des premières conditions de son émancipation.

    Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation.

    Du jour où tombe l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, tombe également l’hostilité des nations entre elles.

    Quant aux accusations portées d’une façon générale contre le communisme, à des points de vue religieux, philosophiques et idéologiques, elles ne méritent pas un examen approfondi.

    Est-il besoin d’une grande perspicacité pour comprendre que les idées, les conceptions et les notions des hommes, en un mot leur conscience, changent avec tout changement survenu dans leurs conditions de vie, leurs relations sociales leur existence sociale ?

    Que démontre l’histoire des idées, si ce n’est que la production intellectuelle se transforme avec la production matérielle ? Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante.

    Lorsqu’on parle d’idées qui révolutionnent une société tout entière, on énonce seulement ce fait que, dans le sein de la vieille société, les éléments d’une société nouvelle se sont formés et que la dissolution des vieilles idées marche de pair avec la dissolution des anciennes conditions d’existence.

    Quand le monde antique était à son déclin, les vieilles religions furent vaincues par la religion chrétienne. Quand, au XVIIIe siècle, les idées chrétiennes cédèrent la place aux idées de progrès, la société féodale livrait sa dernière bataille à la bourgeoisie, alors révolutionnaire. Les idées de liberté de conscience, de liberté religieuse ne firent que proclamer le règne de la libre concurrence dans le domaine du savoir.

    « Sans doute, dira-t-on, les idées religieuses, morales philosophiques, politiques, juridiques, etc., se sont modifiées au cours du développement historique. Mais la religion, la morale, la philosophie, la politique, le droit se maintenaient toujours à travers ces transformations.

    « Il y a de plus des vérités éternelles, telles que la liberté, la justice, etc., qui sont communes à tous les régimes sociaux. Or, le communisme abolit les vérités éternelles, il abolit la religion et la morale au lieu d’en renouveler la forme, et cela contredit tout le développement historique antérieur. »

    A quoi se réduit cette accusation ? L’histoire de toute la société jusqu’à nos jours était faite d’antagonismes de classes, antagonismes qui, selon les époques, ont revêtu des formes différentes.

    Mais, quelle qu’ait été la forme revêtue par ces antagonismes, l’exploitation d’une partie de la société par l’autre est un fait commun à tous les siècles passés. Donc, rien d’étonnant si la conscience sociale de tous les siècles, en dépit de toute sa variété et de sa diversité, se meut dans certaines formes communes, formes de conscience qui ne se dissoudront complètement qu’avec l’entière disparition de l’antagonisme des classes.

    La révolution communiste est la rupture la plus radicale avec le régime traditionnel de propriété; rien d’étonnant si, dans le cours de son développement, elle rompt de la façon la plus radicale avec les idées traditionnelles.

    Mais laissons là les objections faites par la bourgeoisie au communisme.

    Nous avons déjà vu plus haut que la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie.

    Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives

    Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production, c’est-à-dire par des mesures qui, économiquement, paraissent insuffisantes et insoutenables, mais qui, au cours du mouvement, se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de bouleverser le mode de production tout entier.

    Ces mesures, bien entendu, seront fort différentes dans les différents pays.

    Cependant, pour les pays les plus avancés, les mesures suivantes pourront assez généralement être mises en application :

    1.       Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l’Etat.

    2.       Impôt fortement progressif.

    3.       Abolition de l’héritage.

    4.       Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.

    5.       Centralisation du crédit entre les mains de l’Etat, au moyen d’une banque nationale, dont le capital appartiendra à l’Etat et qui jouira d’un monopole exclusif.

    6.       Centralisation entre les mains de l’Etat de tous les moyens de transport.

    7.       Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production; défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cultivées, d’après un plan d’ensemble.

    8.       Travail obligatoire pour tous; organisation d’armées industrielles, particulièrement pour l’agriculture.

    9.       Combinaison du travail agricole et du travail industriel; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne.

    10.    Education publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Combinaison de l’éducation avec la production matérielle, etc.

    Les antagonismes des classes une fois disparus dans le cours du développement, toute la production étant concentrée dans les mains des individus associés, alors le pouvoir public perd son caractère politique. Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Si le prolétariat, dans sa lutte contre la bourgeoisie, se constitue forcément en classe, s’il s’érige par une révolution en classe dominante et, comme classe dominante, détruit par la violence l’ancien régime de production, il détruit, en même temps que ce régime de production, les conditions de l’antagonisme des classes, il détruit les classes en général et, par là même, sa propre domination comme classe.

    A la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous.

    III. Littérature socialiste et communiste 

     

    1. Le socialisme réactionnaire

    a) Le socialisme féodal

    Par leur position historique, les aristocraties française et anglaise se trouvèrent appelées à écrire des pamphlets contre la société bourgeoise. Dans la révolution française de juillet 1830, dans le mouvement anglais pour la Réforme [28] elles avaient succombé une fois de plus sous les coups de cette arriviste abhorrée. Pour elles, il ne pouvait plus être question d’une lutte politique sérieuse. Il ne leur restait plus que la lutte littéraire. Or, même dans le domaine littéraire, la vieille phraséologie de la Restauration [29] était devenue impossible. Pour se créer des sympathies, il fallait que l’aristocratie fît semblant de perdre de vue ses intérêts propres et de dresser son acte d’accusation contre la bourgeoisie dans le seul intérêt de la classe ouvrière exploitée. Elle se ménageait de la sorte la satisfaction de chansonner son nouveau maître et d’oser lui fredonner à l’oreille des prophéties d’assez mauvais augure.

    Ainsi naquit le socialisme féodal où se mêlaient jérémiades et libelles, échos du passé et grondements sourds de l’avenir. Si parfois sa critique amère, mordante et spirituelle frappait la bourgeoisie au cœur, son impuissance absolue à comprendre la marche de l’histoire moderne était toujours assurée d’un effet comique.

    En guise de drapeau, ces messieurs arboraient la besace du mendiant, afin d’attirer à eux le peuple; mais, dès que le peuple accourut, il aperçut les vieux blasons féodaux dont s’ornait leur derrière et il se dispersa avec de grands éclats de rire irrévérencieux.

    Une partie des légitimistes [30] français et la Jeune Angleterre [31] ont donné au monde ce spectacle.

    Quand les champions de la féodalité démontrent que le mode d’exploitation féodal était autre que celui de la bourgeoisie, ils n’oublient qu’une chose : c’est que la féodalité exploitait dans des circonstances et des conditions tout à fait différentes et aujourd’hui périmées. Quand ils font remarquer que, sous le régime féodal, le prolétariat moderne n’existait pas, ils n’oublient qu’une chose : c’est que la bourgeoisie, précisément, a nécessairement jailli de leur organisation sociale.

    Ils déguisent si peu, d’ailleurs, le caractère réactionnaire de leur critique que leur principal grief contre la bourgeoisie est justement de dire qu’elle assure, sous son régime le développement d’une classe qui fera sauter tout l’ancien ordre social.

    Ils reprochent plus encore à la bourgeoisie d’avoir produit un prolétariat révolutionnaire que d’avoir créé le prolétariat en général.

    Aussi dans la lutte politique prennent-ils une part active à toutes les mesures de violence contre la classe ouvrière. Et dans leur vie de tous les jours, en dépit de leur phraséologie pompeuse, ils s’accommodent très bien de cueillir les pommes d’or et de troquer la fidélité, l’amour et l’honneur contre le commerce de la laine, de la betterave à sucre et de l’eau-de-vie [32].

    De même que le prêtre et le seigneur féodal marchèrent toujours la main dans la main, de même le socialisme clérical marche côte à côte avec le socialisme féodal.

    Rien n’est plus facile que de donner une teinture de socialisme à l’ascétisme chrétien. Le christianisme ne s’est-il pas élevé lui aussi contre la propriété privée, le mariage, l’Etat ? Et à leur place n’a-t-il pas prêché la charité et la mendicité, le célibat et la mortification de la chair, la vie monastique et l’Eglise ? Le socialisme chrétien n’est que l’eau bénite avec laquelle le prêtre consacre le dépit de l’aristocratie.

    b) Le socialisme petit-bourgeois

    L’aristocratie féodale n’est pas la seule classe qu’ait ruinée la bourgeoisie, elle n’est pas la seule classe dont les conditions d’existence s’étiolent et dépérissent dans la société bourgeoise moderne. Les bourgeois et les petits paysans du moyen âge étaient les précurseurs de la bourgeoisie moderne. Dans les pays où l’industrie et le commerce sont moins développés, cette classe continue à végéter à côté de la bourgeoisie florissante.

    Dans les pays où s’épanouit la civilisation moderne, il s’est formé une nouvelle classe de petits bourgeois qui oscille entre le prolétariat et la bourgeoisie; fraction complémentaire de la société bourgeoise, elle se reconstitue sans cesse; mais, par suite de la concurrence, les individus qui la composent se trouvent sans cesse précipités dans le prolétariat, et, qui plus est, avec le développement progressif de la grande industrie, ils voient approcher l’heure où ils disparaîtront totalement en tant que fraction autonome de la société moderne, et seront remplacés dans le commerce, la manufacture et l’agriculture par des contremaîtres et des employés.

    Dans les pays comme la France, où les paysans forment bien plus de la moitié de la population, il est naturel que des écrivains qui prenaient fait et cause pour le prolétariat contre la bourgeoisie aient appliqué à leur critique du régime bourgeois des critères petits-bourgeois et paysans et qu’ils aient pris parti pour les ouvriers du point de vue de la petite bourgeoisie. Ainsi, se forma le socialisme petit-bourgeois. Sismondi [33] est le chef de cette littérature, non seulement en France, mais en Angleterre aussi.

    Ce socialisme analysa avec beaucoup de sagacité les contradictions inhérentes au régime de la production moderne. Il mit à nu les hypocrites apologies des économistes. Il démontra d’une façon irréfutable les effets meurtriers du machinisme et de la division du travail, la concentration des capitaux et de la propriété foncière, la surproduction, les crises, la fatale décadence des petits bourgeois et des paysans, la misère du prolétariat, l’anarchie dans la production, la criante disproportion dans la distribution des richesses, la guerre d’extermination industrielle des nations entre elles, la dissolution des vieilles moeurs, des vieilles relations familiales, des vieilles nationalités.

    A en juger toutefois d’après son contenu positif, ou bien ce socialisme entend rétablir les anciens moyens de production et d’échange, et, avec eux, l’ancien régime de propriété et toute l’ancienne société, ou bien il entend faire entrer de force les moyens modernes de production et d’échange dans le cadre étroit de l’ancien régime de propriété qui a été brisé, et fatalement brisé, par eux. Dans l’un et l’autre cas, ce socialisme est à la fois réactionnaire et utopique.

    Pour la manufacture, le régime corporatif; pour l’agriculture, le régime patriarcal : voilà son dernier mot.

    Au dernier terme de son évolution, cette école est tombée dans le lâche marasme des lendemains d’ivresse. 

    c) Le socialisme allemand ou socialisme « vrai »

    La littérature socialiste et communiste de la France, née sous la pression d’une bourgeoisie dominante, expression littéraire de la révolte contre cette domination, fut introduite en Allemagne au moment où la bourgeoisie commençait sa lutte contre l’absolutisme féodal.

    Philosophes, demi-philosophes et beaux esprits allemands se jetèrent avidement sur cette littérature, mais ils oublièrent seulement qu’avec l’importation de la littérature française en Allemagne, les conditions de vie de la France n’y avaient pas été simultanément introduites. Par rapport aux conditions de vie allemandes, cette littérature française perdait toute signification pratique immédiate et prit un caractère purement littéraire. Elle ne devait plus paraître qu’une spéculation oiseuse sur la réalisation de la nature humaine. Ainsi, pour les philosophes allemands du XVIIIe siècle, les revendications de la première Révolution française n’étaient que les revendications de la « raison pratique » en général, et les manifestations de la volonté des bourgeois révolutionnaires de France n’exprimaient à leurs yeux que les lois de la volonté pure, de la volonté telle qu’elle doit être, de la volonté véritablement humaine.

    L’unique travail des littérateurs allemands, ce fut de mettre à l’unisson les nouvelles idées françaises et leur vieille conscience philosophique, ou plutôt de s’approprier les idées françaises en partant de leur point de vue philosophique.

    Ils se les approprièrent comme on fait d’une langue étrangère par la traduction.

    On sait comment les moines recouvraient les manuscrits des oeuvres classiques de l’antiquité païenne d’absurdes légendes de saints catholiques. A l’égard de la littérature française profane, les littérateurs allemands procédèrent inversement. Ils glissèrent leurs insanités philosophiques sous l’original français. Par exemple, sous la critique française du régime de l’argent, ils écrivirent « aliénation de la nature humaine », sous la critique française de l’Etat bourgeois, ils écrivirent « abolition du règne de l’universalité abstraite », et ainsi de suite.

    La substitution de cette phraséologie philosophique aux développements français, ils la baptisèrent : « philosophie de l’action », « socialisme vrai », « science allemande du socialisme », « justification philosophique du socialisme »‘ etc.

    De cette façon on émascula formellement la littérature socialiste et communiste française. Et, comme elle cessait d’être l’expression de la lutte d’une classe contre une autre entre les mains des Allemands, ceux-ci se félicitèrent de s’être élevés au-dessus de l’ »étroitesse française » et d’avoir défendu non pas de vrais besoins, mais le besoin du vrai; non pas les intérêts du prolétaire, mais les intérêts de l’être humain, de l’homme en général, de l’homme qui n’appartient à aucune classe ni à aucune réalité et qui n’existe que dans le ciel embrumé de l’imagination philosophique.

    Ce socialisme allemand, qui prenait si solennellement au sérieux ses maladroits exercices d’écolier et qui les claironnait avec un si bruyant charlatanisme, perdit cependant peu à peu son innocence pédantesque.

    Le combat de la bourgeoisie allemande et surtout de la bourgeoisie prussienne contre les féodaux et la monarchie absolue, en un mot le mouvement libéral, devint plus sérieux.

    De la sorte, le « vrai » socialisme eut l’occasion tant souhaitée d’opposer au mouvement politique les revendications socialistes. Il put lancer les anathèmes traditionnels contre le libéralisme, le régime représentatif, la concurrence bourgeoise, la liberté bourgeoise de la presse, le droit bourgeois, la liberté et l’égalité bourgeoises; il put prêcher aux masses qu’elles n’avaient rien à gagner, mais au contraire, tout à perdre à ce mouvement bourgeois. Le socialisme allemand oublia, fort à propos, que la critique française, dont il était l’insipide écho, supposait la société bourgeoise moderne avec les conditions matérielles d’existence qui y correspondent et une Constitution politique appropriée, toutes choses que, pour l’Allemagne, il s’agissait précisément encore de conquérir.

    Pour les gouvernements absolus de l’Allemagne, avec leur cortège de prêtres, de pédagogues, de hobereaux et de bureaucrates, ce socialisme devint, contre la bourgeoisie menaçante, l’épouvantail rêvé.

    Il ajouta son hypocrisie doucereuse aux coups de fouet et aux coups de fusil par lesquels ces mêmes gouvernements répondaient aux émeutes des ouvriers allemands.

    Si le « vrai » socialisme devint ainsi une arme contre la bourgeoisie allemande aux mains des gouvernements, il représentait directement, en outre, un intérêt réactionnaire, l’intérêt de la petite bourgeoisie allemande. La classe des petits bourgeois léguée par le XVIe siècle, et depuis lors sans cesse renaissante sous des formes diverses, constitue pour l’Allemagne la vraie base sociale du régime établi.

    La maintenir, c’est maintenir en Allemagne le régime existant. La suprématie industrielle et politique de la grande bourgeoisie menace cette petite bourgeoisie de déchéance certaine, par suite de la concentration des capitaux, d’une part, et de l’apparition d’un prolétariat révolutionnaire, d’autre part. Le « vrai » socialisme lui parut pouvoir faire d’une pierre deux coups. Il se propagea comme une épidémie.

    Des étoffes légères de la spéculation, les socialistes allemands firent un ample vêtement, brodé des fines fleurs de leur rhétorique, tout imprégné d’une chaude rosée sentimentale, et ils en habillèrent le squelette de leurs « vérités éternelles », ce qui, auprès d’un tel public, ne fit qu’activer l’écoulement de leur marchandise.

    De son côté, le socialisme allemand comprit de mieux en mieux que c’était sa vocation d’être le représentant grandiloquent de cette petite bourgeoisie.

    Il proclama que la nation allemande était la nation exemplaire et le philistin allemand, l’homme exemplaire. A toutes les infamies de cet homme exemplaire, il donna un sens occulte, un sens supérieur et socialiste qui leur faisait signifier le contraire de ce qu’elles étaient. Il alla jusqu’au bout, s’élevant contre la tendance « brutalement destructive » du communisme et proclamant qu’il planait impartialement au-dessus de toutes les luttes de classes. A quelques exceptions près, toutes les publications prétendues socialistes ou communistes qui circulent en Allemagne appartiennent à cette sale et énervante littérature [34].

    2. Le socialisme conservateur ou bourgeois

    Une partie de la bourgeoisie cherche à porter remède aux anomalies sociales, afin de consolider la société bourgeoise.

    Dans cette catégorie, se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les gens qui s’occupent d’améliorer le sort de la classe ouvrière, d’organiser la bienfaisance, de protéger les animaux, de fonder des sociétés de tempérance, bref, les réformateurs en chambre de tout acabit. Et l’on est allé jusqu’à élaborer ce socialisme bourgeois en systèmes complets.

    Citons, comme exemple, la Philosophie de la misère de Proudhon.

    Les socialistes bourgeois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les luttes et les dangers qui en découlent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais expurgée des éléments qui la révolutionnent et la dessolvent. Ils veulent la bourgeoisie sans le prolétariat. La bourgeoisie; comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes. Le socialisme bourgeois systématise plus ou moins à fond cette représentation consolante. Lorsqu’il somme le prolétariat de réaliser ses systèmes et d’entrer dans la nouvelle Jérusalem, il ne fait que l’inviter, au fond, à s’en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de la conception haineuse qu’il s’en fait.

    Une autre forme de socialisme, moins systématique, mais plus pratique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolutionnaire, en leur démontrant que ce n’était pas telle ou telle transformation politique, mais seulement une transformation des conditions de la vie matérielle, des rapports économiques, qui pouvait leur profiter. Notez que, par transformation des conditions de la vie matérielle, ce socialisme n’entend aucunement l’abolition du régime de production bourgeois, laquelle n’est possible que par la révolution, mais uniquement la réalisation de réformes administratives sur la base même de la production bourgeoise, réformes qui, par conséquent, ne changent rien aux rapports du Capital et du Salariat et ne font, tout au plus, que diminuer pour la bourgeoisie les frais de sa domination et alléger le budget de l’Etat.

    Le socialisme bourgeois n’atteint son expression adéquate que lorsqu’il devient une simple figure de rhétorique.

    Le libre-échange, dans l’intérêt de la classe ouvrière ! Des droits protecteurs, dans l’intérêt de la classe ouvrière ! Des prisons cellulaires, dans l’intérêt de la classe ouvrière ! Voilà le dernier mot du socialisme bourgeois, le seul qu’il ait dit sérieusement.

    Car le socialisme bourgeois tient tout entier dans cette affirmation que les bourgeois sont des bourgeois – dans l’intérêt de la classe ouvrière. 

    3. Le socialisme et le communisme critico-utopiques

    Il ne s’agit pas ici de la littérature qui, dans toutes les grandes révolutions modernes, a formulé les revendications du prolétariat (écrits de Babeuf [35], etc.).

    Les premières tentatives directes du prolétariat pour faire prévaloir ses propres intérêts de classe, faites en un temps d’effervescence générale, dans la période du renversement de la société féodale, échouèrent nécessairement, tant du fait de l’état embryonnaire du prolétariat lui-même que du fait de l’absence des conditions matérielles de son émancipation, conditions qui ne peuvent être que le résultat de l’époque bourgeoise. La littérature révolutionnaire qui accompagnait ces premiers mouvements du prolétariat a forcément un contenu réactionnaire. Elle préconise un ascétisme universel et un égalitarisme grossier.

    Les systèmes socialistes et communistes proprement dits, les systèmes de Saint-Simon [36] , de Fourier, d’Owen, etc., font leur apparition dans la première période de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, période décrite ci-dessus (voir « Bourgeois et prolétaires »).

    Les inventeurs de ces systèmes se rendent bien compte de l’antagonisme des classes, ainsi que de l’action d’éléments dissolvants dans la société dominante elle-même. Mais ils n’aperçoivent du côté du prolétariat aucune initiative historique, aucun mouvement politique qui lui soit propre.

    Comme le développement de l’antagonisme des classes marche de pair avec le développement de l’industrie, ils n’aperçoivent pas davantage les conditions matérielles de l’émancipation du prolétariat et se mettent en quête d’une science sociale, de lois sociales, dans le but de créer ces conditions.

    A l’activité sociale, ils substituent leur propre ingéniosité; aux conditions historiques de l’émancipation, des conditions fantaisistes; à l’organisation graduelle et spontanée du prolétariat en classe, une organisation de la société fabriquée de toutes pièces par eux-mêmes. Pour eux, l’avenir du monde se résout dans la propagande et la mise en pratique de leurs plans de société.

    Dans la confection de ces plans, toutefois, ils ont conscience de défendre avant tout les intérêts de la classe ouvrière, parce qu’elle est la classe la plus souffrante. Pour eux le prolétariat n’existe que sous cet aspect de la classe la plus souffrante.

    Mais la forme rudimentaire de la lutte des classes, ainsi que leur propre position sociale les portent à se considérer comme bien au-dessus de tout antagonisme de classes. Ils désirent améliorer les conditions matérielles de la vie pour tous les membres de la société, même les plus privilégiés. Par conséquent, ils ne cessent de faire appel à la société tout entière sans distinction, et même ils s’adressent de préférence à la classe régnante. Car, en vérité, il suffit de comprendre leur système pour reconnaître que c’est le meilleur de tous les plans possibles de la meilleure des sociétés possibles.

    Ils repoussent donc toute action politique et surtout toute action révolutionnaire; ils cherchent à atteindre leur but par des moyens pacifiques et essayent de frayer un chemin au nouvel évangile social par la force de l’exemple, par des expériences en petit qui échouent naturellement toujours.

    La peinture fantaisiste de la société future, à une époque où le prolétariat, peu développé encore, envisage sa propre situation d’une manière elle-même fantaisiste, correspond aux premières aspirations instinctives des ouvriers vers une transformation complète de la société.

    Mais les écrits socialistes et communistes renferment aussi des éléments critiques. Ils attaquent la société existante dans ses bases. Ils ont fourni, par conséquent, en leur temps, des matériaux d’une grande valeur pour éclairer les ouvriers. Leurs propositions positives en vue de la société future – suppression de l’antagonisme entre la ville et la campagne, abolition de la famille, du gain privé et du travail salarié, proclamation de l’harmonie sociale et transformation de l’Etat en une simple administration de la production – , toutes ces propositions ne font qu’annoncer la disparition de l’antagonisme de classe, antagonisme qui commence seulement à se dessiner et dont les faiseurs de systèmes ne connaissent encore que les premières formes indistinctes et confuses. Aussi, ces propositions n’ont-elles encore qu’un sens purement utopique.

    L’importance du socialisme et du communisme critico-utopiques est en raison inverse du développement historique. A mesure que la lutte des classes s’accentue et prend forme, cette façon de s’élever au-dessus d’elle par l’imagination, cette opposition imaginaire qu’on lui fait, perdent toute valeur pratique, toute justification théorique. C’est pourquoi, si, à beaucoup d’égards, les auteurs de ces systèmes étaient des révolutionnaires, les sectes que forment leurs disciples sont toujours réactionnaires, car ces disciples s’obstinent à maintenir les vieilles conceptions de leurs maîtres en face de l’évolution historique du prolétariat. Ils cherchent donc, et en cela ils sont logiques, à émousser la lutte des classes et à concilier les antagonismes. Ils continuent à rêver la réalisation expérimentale de leurs utopies sociales – établissement de phalanstères isolés [37], création de home-colonies, fondation d’une petite Icarie [38], édition in-douze de la Nouvelle Jérusalem, – et, pour la construction de tous ces châteaux en Espagne, ils se voient forcés de faire appel au coeur et à la caisse des philanthropes bourgeois. Petit à petit, ils tombent dans la catégorie des socialistes réactionnaires ou conservateurs dépeints plus haut et ne s’en distinguent plus que par un pédantisme plus systématique et une foi superstitieuse et fanatique dans l’efficacité miraculeuse de leur science sociale.

    Ils s’opposent donc avec acharnement à toute action politique de la classe ouvrière, une pareille action ne pouvant provenir, à leur avis, que d’un manque de foi aveugle dans le nouvel évangile.

    Les owenistes en Angleterre, les fouriéristes en France réagissent les uns contre les chartistes [39], les autres contre les réformistes [40].

    IV. Position des communistes envers les différents partis d’opposition 

     

    D’après ce que nous avons dit au chapitre II, la position des communistes à l’égard des partis ouvriers déjà constitués s’explique d’elle-même, et, partant, leur position à l’égard des chartistes en Angleterre et des réformateurs agraires dans l’Amérique du Nord.

    Ils combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. En France, les communistes se rallient au Parti démocrate-socialiste [41] contre la bourgeoisie conservatrice et radicale, tout en se réservant le droit de critiquer les phrases et les illusions léguées par la tradition révolutionnaire.

    En Suisse, ils appuient les radicaux, sans méconnaître que ce parti se compose d’éléments contradictoires, moitié de démocrates socialistes, dans l’acception française du mot, moitié de bourgeois radicaux.

    En Pologne, les communistes soutiennent le parti qui voit, dans une révolution agraire, la condition de l’affranchissement national, c’est-à-dire le parti qui fit, en 1846 [42], l’insurrection de Cracovie.

    En Allemagne, le Parti communiste lutte d’accord avec la bourgeoisie, toutes les fois que la bourgeoisie agit révolutionnairement contre la monarchie absolue, la propriété foncière féodale et la petite bourgeoisie.

    Mais, à aucun moment, il ne néglige d’éveiller chez les ouvriers une conscience claire et nette de l’antagonisme violent qui existe entre la bourgeoisie et le prolétariat, afin que, l’heure venue, les ouvriers allemands sachent convertir les conditions politiques et sociales, créées par le régime bourgeois, en autant d’armes contre la bourgeoisie, afin que, sitôt détruites les classes réactionnaires de l’Allemagne, la lutte puisse s’engager contre la bourgeoisie elle-même.

    C’est vers l’Allemagne que se tourne surtout l’attention des communistes, parce que l’Allemagne se trouve à la veille d’une révolution bourgeoise, parce qu’elle accomplira cette révolution dans des conditions plus avancées de la civilisation européenne et avec un prolétariat infiniment plus développé que l’Angleterre et la France au XVI° et au XVIII° siècle, et que par conséquent, la révolution bourgeoise allemande ne saurait être que le prélude immédiat d’une révolution prolétarienne.

    En somme, les communistes appuient en tous pays tout mouvement révolutionnaire contre l’ordre social et politique existant.

    Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question de la propriété à quelque degré d’évolution qu’elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement.

    Enfin, les communistes travaillent à l’union et à l’entente des partis démocratiques de tous les pays.

    Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner.

    PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! 


    [1] Il s’agit de la révolution de Février 1848 en France.(N.R.)

    [2] Il s’agit de l’insurrection du prolétariat parisien qui eut lieu les 23-26 juin; elle marqua le point culminant de la révolution de 1848-1849 en Europe.(N.R.)

    [3] Cette traduction parut en 1869; la date de publication indiquée dans la préface d’Engels à l’édition anglaise de 1888, est elle aussi inexacte. (N.R.)

    [4] Le Kolokol (la Cloche), journal russe de tendance démocratique et révolutionnaire édité de 1857 à 1867 par les démocrates révolutionnaires A. Herzen et N. Ogarev; parut jusqu’en 1865 à Londres, puis à Genève. (N.R.)

    [5] Il s’agit de la situation créée à la suite de l’assassinat de l’empereur Alexandre II, le ler mars 1881, par des membres de l’organisation terroriste « Narodnaïa Volia » (« Volonté du peuple »); son successeur sur le trône de Russie, Alexandre III s’était retranché à Gatchina par crainte du mouvement révolutionnaire et de nouveaux actes de terrorisme de la part de « Narodnaïa Volia« . (N.R.)

    [6] Cette idée, ai-je écrit dans la préface à l’édition anglaise, cette idée qui selon moi, est appelée à marquer pour la science historique le même progrès que la théorie de Darwin pour la biologie, nous nous en étions tous deux approchés peu à peu, plusieurs années déjà avant 1845. Jusqu’où j’étais allé moi-même dans cette direction, de mon propre gré, on peut en juger par mon livre La situation de la classe laborieuse en Angleterre. Quand au printemps 1845 je revis Marx à Bruxelles, il l’avait déjà élaborée et il me l’a exposée à peu près aussi clairement que je l’ai fait ici, moi-même. » (Note d’Engels pour l’édition allemande de 1890.)

    Darwin, Charles Robert (1809-1882), savant anglais, fondateur de la biologie matérialiste. Darwin fut le premier à donner une base strictement scientifique à la théorie de l’évolution biologique et à démontrer que cette évolution du monde organique va des formes simples aux formes complexes, que l’apparition de nouvelles formes aussi bien que la disparition des vieilles formes sont le résultat d’un développement historique de la nature. L’idée fondamentale de la théorie de Darwin est son enseignement sur l’origine des espèces par voie de sélection naturelle et artificielle. Darwin affirme que la mutabilité et l’hérédité sont propres à chaque organisme vivant, que celles des mutations qui se sont avérées utiles à un animal ou à une plante s’y fixent et commencent à déterminer l’apparition de nouvelles espèces animales et végétales. Les principes et les arguments essentiels de la doctrine de Darwin sont exposées dans son ouvrage l’Origine des espèces (1859). (N.R.)

    [7] Proudhon, Pierre-Joseph (1809-1865), publiciste économiste et sociologue français, idéologue de la petite bourgeoisie, un des fondateurs de l’anarchisme. Proudhon aspirait à perpétuer la petite propriété privée et critiquait la grande propriété capitaliste à partir de positions petites-bourgeoises; il proposa d’organiser « une banque populaire » spéciale qui, grâce à « un crédit de faveur », permettrait aux ouvriers d’acquérir en propre des moyens de production et de devenir des hommes de métiers. Le même caractère réactionnaire s’attache à son utopie sur la création « des banques d’échange » grâce auxquelles les travailleurs pourraient assurer une vente « équitable » de leurs produits sans toucher à la propriété capitaliste des instruments et moyens de production. Proudhon ne comprenait pas le rôle historique du prolétariat, se montrait hostile à la lutte des classes, à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat. Marx et Engels menaient une lutte suivie contre les tentatives des adeptes de Proudhon d’imposer leurs vues à la Ire Internationale. Marx critiqua vigoureusement le proudhonisme dans sa misère de la philosophie.(N.R.)

    [8] Lassale nous a toujours affirmé, personnellement, qu’il était le disciple de Marx et, comme tel, il se plaçait sur le terrain du Manifeste. Mais dans sa propagande publique (1862-1864), il n’allait pas au-delà des associations productives créditées par l’Etat. (Note d’Engels.)

    [9] Partisans et adeptes du socialiste utopique anglais Robert Owen (1771-1858) qui critiquait vigoureusement le régime capitaliste mais ne savait mettre à nu les véritables racines des contradictions du capitalisme. Il estimait que la cause première de l’inégalité sociale résidait dans la diffusion insuffisante de l’instruction et non dans le mode de production capitaliste lui-même, que cette inégalité pouvait être supprimée par la diffusion des connaissances et par des reformes sociales dont il préconisait un large programme. Il se représentait la future société « rationnelle » sous forme d’une libre fédération de petites communes autonomes. Cependant les efforts tentés par Owen pour appliquer ses idées n’eurent pas de succès. (Voir également III.3 de la présent ouvrage). (N.R.)

    [10] Partisans et disciples de Charles Fourier (1772-1837), socialiste utopique français qui critiqua violemment et profondément le régime bourgeois et traça l’image de la future société humaine « harmonieuse » basée sur la connaissance des passions humaines. Adversaire d’une révolution violente, il croyait que le passage à la future société socialiste pouvait s’effectuer par le biais d’une propagande pacifique des phalanstères modèles (association du travail) où le travail bénévole et attrayant deviendrait un besoin pour l’homme. Fourier manquait cependant d’esprit de suite : il n’abolissait pas la propriété privée et laissait subsister dans ses phalanstères riches et pauvres (voir également III.3 du présent ouvrage). (N.R.)

    [11] Cabet, Etienne (1788-1856), publiciste petit-bourgeois français, représentant marquant du communisme utopique. Il estimait que les défauts du régime bourgeois pouvaient être éliminés par une réorganisation pacifique de la société. Il exposa ses conceptions dans le Voyage en Icarie (1840) et tenta de les mettre en pratique en créant une communauté communiste en Amérique, mais toutes ses tentatives échouèrent. (Voir aussi fin de III.3 du présent ouvrage.)

    [12] Weitling Wilhelm (1808-1871), militant en vue du mouvement ouvrier d’Allemagne à ses débuts, un des théoriciens du communisme « égalitaire » utopique. Les conceptions de Weitling, selon Engels, jouèrent un rôle positif « en tant que première manifestation théorique indépendant du prolétariat allemand », toutefois, dès la naissance du communisme scientifique, elle freinèrent le développement de la conscience de classe du prolétariat. (N.R.)

    [13] The Condition of the Working Class in England in 1844. By Frederick Engels. Translated by Florence K. Wischnewetzky, New York, Lovell-London, W. Reeves, 1888. (Note d’Engels)

    [14] Il s’agit du procès de provocation (4 octobre-12 novembre 1852) monté par le gouvernement prussien contre onze membres de la Ligue des communistes (1847-1852) accusés de haute trahison, sept d’entre eux furent condamnés, en vertu de faux documents et témoignages, à des peines de trois à six ans de prison. (N.R.)

    [15] Lassalle se déclarait toujours personnellement avec nous, le disciple de Marx, et, comme tel, il se tenait évidemment sur le terrain du Manifeste. Il en est autrement de ceux de ses partisans qui n’allèrent pas au-delà de son programme d’associations de production bénéficiant de crédits de l’Etat et qui divisèrent toute la classe ouvrière en ouvriers comptant sur l’Etat et en ouvriers ne comptant que sur eux-mêmes. (Note d’Engels).

    [16] Voir K. Marx : « Statuts généraux de l’Association internationale des travailleurs ». (N.R.)

    [17] Ce nom désignait la partie de la Pologne qui, sous le titre officiel de Royaume de Pologne, passa à la Russie par décision du Congrès de Vienne (1814-1815). (N.R.)

    [18] Bismarck, Otto (1815-1898), homme d’Etat et diplomate prussien Dans la politique intérieure et extérieure qu’il pratiquait, il se guida sur les intérêts des hobereaux et de la grande bourgeoisie. Grâce à des guerres d’agression et à une série de démarches diplomatiques heureuses, il réussit, en 1871, l’unification de l’Allemagne sous l’égide de la Prusse. De 1871 à 1890, il fut le chancelier de l’Empire allemand.

    « La révolution de 1848, comme nombre de celles qui la précédèrent, a connu d’étranges destins. Les mêmes gens qui l’écrasèrent, sont devenus, selon le mot de Marx, ses exécuteurs testamentaires. Louis-Napoléon fut contraint de créer une Italie unie et indépendante, Bismarck fut contraint de faire en Allemagne une révolution à sa manière et de rendre à la Hongrie une certaine indépendance… » (Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre. Préface à l’édition allemande de 1892.) (N.R.)

    [19] Allusion à l’insurrection nationale qui commença en janvier 1863 dans les terres polonaises faisant partie de l’Empire russe et qui fut sauvagement réprimée par les troupes du tsar. Les gouvernements des puissances de l’Europe occidentale—en qui les chefs de cette insurrection, gens de tendances conservatrices avaient placé leurs espoirs—, se bornèrent à des démarches diplomatiques et trahirent en fait les insurgés.(N.R.)

    [20] Pie IX, élu pape en 1846, passait pour « un libéral », mais il n’était pas moins hostile au socialisme que le tsar Nicolas I° qui, dès avant la révolution de 1848, joua en Europe le rôle de gendarme. Juste à ce moment-là, il y eut lieu un rapprochement entre Metternich, chancelier de l’Empire autrichien et chef reconnu de toute la réaction européenne, et Guizot, historien éminent et ministre français idéologue de la grande bourgeoisie financière et industrielle et ennemi intransigeant du prolétariat. A la demande du gouvernement prussien, Guizot expulsa Marx de Paris. La police allemande persécutait les communistes non seulement en Allemagne mais aussi en France, en Belgique et même en Suisse, s’efforçant par tous les moyens d’entraver leur propagande. (N.R.)

    [21] On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. (Note d’Engels pour l’édition anglaise en 1888).

    [22] Ou plus exactement l’histoire écrite. En 1847, l’histoire de l’organisation sociale qui a précédé toute l’histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu’elle est la base sociale d’où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu’à l’Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu’elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J’ai essayé d’analyser ce procès de dissolution dans l’ouvrage l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888).

    Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l’autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.)

    Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l’Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l’étude de la marche du moyen âge. (N.R.)

    Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l’Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l’évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C’est à lui également qu’appartient la tentative de diviser en périodes l’histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l’oeuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)

    [23] Maître de jurande, c’est-à-dire membre de plein droit d’une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    [24] On désignait sous le nom de communes les villes qui surgissaient en France avant même qu’elles eussent conquis sur leurs seigneurs et maîtres féodaux l’autonomie locale et les droits politiques du « tiers état ». D’une façon générale, l’Angleterre apparaît ici en tant que pays type du développement économique de la bourgeoisie; la France en tant que pays type de son développement politique. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    C’est ainsi que les habitants des villes, en Italie et en France appelaient leur communauté urbaine, une fois achetés ou arrachés à leurs seigneurs féodaux leurs premiers droits à une administration autonome. (Note d’Engels pour l’édition allemande de 1890.)

    [25] Expéditions militaires et colonisatrices entreprises en Orient par les gros féodaux et chevaliers de l’Europe de l’Ouest aux XI°-XIII° siècles sous le couvert du mot d’ordre religieux de libération de Jérusalem et de la Terre sainte du joug musulman. (N.R.).

    [26] Dans les écrits postérieurs, Marx et Engels remplacent les expressions « valeur du travail » et « prix du travail » par ]es termes plus exacts « valeur de la force de travail » et « prix de la force du travail » introduits par Marx. (N.R.)

    [27] Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l’allemand où le mot « Lumpen » veut dire « haillons »), éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée; son instabilité morale, son penchant pour l’aventure permettent à la bourgeoisie d’utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc. (N.R.)

    [28] Il s’agit du mouvement de la réforme du droit électoral dont le bill fut adopté par la Chambre des Communes en 1831 et ratifié par la Chambre des Lords en juin 1832 Cette réforme visait à saper le monopole politique des aristocrates —propriétaires fonciers et magnats de la finance— et ouvrit l’accès du parlement aux représentants de la bourgeoisie industrielle. Le prolétariat et la petite bourgeoisie, les principaux protagonistes de la lutte pour la réforme, furent dupés par la bourgeoisie libérale et n’obtinrent pas de droits électoraux. (N.R.)

    [29] Il ne s’agit pas de la Restauration anglaise de 1660-1689, mais de la Restauration française de 1814-1830. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    [30] Légitimistes, partisans de la dynastie « légitime » des Bourbons détrônés en 1830 qui représentait les intérêts de la grande propriété terrienne héréditaire. Dans leur lutte contre la dynastie régnante des Orléans, qui s’appuyait sur l’aristocratie financière et la grande bourgeoisie, les légitimistes recouraient souvent à la démagogie sociale, se faisant passer pour défenseurs des travailleurs contre les exploiteurs bourgeois. (N.R.)

    [31] La « Jeune Angleterre », groupe de politiciens et hommes de lettre anglais appartenant au parti conservateur (les tories), formé au début des années 40 du XIX° siècle. Traduisant le mécontentement de l’aristocratie foncière contre l’accroissement de la puissance économique et politique de la bourgeoisie, les hommes d’action de la « Jeune Angleterre » avaient recours à des procédés démagogiques pour utiliser la classe ouvrière dans leur lutte contre la bourgeoisie. (N.R.)

    [32] Cela concerne principalement l’Allemagne où l’aristocratie agraire et les hobereaux exploitent la majeure partie de leurs terres pour leur propre compte, à l’aide des gérants; ils sont en outre de gros propriétaires de sucreries et d’entreprises vinicoles. Les plus riches aristocrates anglais n’en sont pas encore là; toutefois ils savent comment il faut récupérer les pertes occasionnées par les chutes de rente, en se faisant représenter par des fondateurs de sociétés anonymes plus ou moins douteuses (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    [33] Sismondi Jean Charles Léonard (Sismonde de) (1773-1842), historien et économiste suisse, représentant du socialisme petit-bourgeois. Sismondi ne comprenait pas les tendances progressistes de la grande production capitaliste et cherchait les modèles dans les vieux us et coutumes; i1 estima nécessaire de suivre l’exemple des anciennes corporations dans l’organisation de l’industrie et, dans l’agriculture celui de la vieille agriculture patriarcale bien que cela ne correspondît point aux conditions économiques modifiées. (N.R.)

    [34] La tourmente révolutionnaire de 1848 a balayé toute cette pitoyable école et fait passer à ses partisans le goût de faire encore du socialisme. Le principal représentant et le type classique de cette école est Karl Grün. (Note d’Engels pour l’édition allemande de 1890.)

    Karl Grün (1817-1887), publiciste petit-bourgeois allemand. (N.R.)

    [35] Babeuf, Gracchus (de son vrai nom François Noël) (1760-1797), révolutionnaire français, représentant marquant du communisme égalitaire utopique; fonda une société secrète qui préparait une insurrection armée, afin d’instaurer la dictature révolutionnaire pour sauvegarder les intérêts des grandes masses populaires. Le complot fut découvert et Babeuf fut exécuté le 27 mai 1797. (N.R.)

    [36] Saint-Simon, Claude Henri (1760-1825), socialiste utopique français; il fit la critique du régime capitaliste et formula un programme lui substituant une société fondée sur les principes de l’association. Saint-Simon estima que dans la nouvelle société tout le monde doit travailler et le rôle des hommes doit correspondre à leurs succès dans le travail; il avança l’idée de l’alliance de l’industrie et de la science, et celle de la production planifiée et centralisée. Cependant Saint-Simon laissait intacts la propriété privée et les taux d’intérêts sur le capital, désapprouvait la lutte politique et la révolution, ne comprenait pas la mission historique du prolétariat : il pensait que les réformes gouvernementales et l’éducation morale de la société dans l’esprit d’une religion nouvelle conduiraient à l’abolition des contradictions de classes. (N.R.)

    [37] Le phalanstère était le nom des colonies socialistes imaginées par Fourier. Cabet a donné le nom d’Icarie à son pays utopique, et plus tard à sa colonie communiste en Amérique. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    [38] Home-colonies (colonies à l’intérieur du pays). Owen appelait de ce nom ses sociétés communistes modèles. Les phalanstères étaient des palais sociaux imaginés par Fourier. On donnait le nom d’Icarie au pays utopique dont Cabet a décrit les institutions communistes. (Note d’Engels pour l’édition Allemande de 1890).

    [39] Le chartisme, mouvement révolutionnaire de masse des ouvriers anglais dû à la pénible situation économique et à l’arbitraire politique. Le mouvement débuta vers 1840 par des meetings et des manifestations grandioses et se poursuivit, discontinu, jusqu’en 1850 environ. L’absence d’une direction révolutionnaire conséquente et d’un programme nettement défini fut la cause essentielle des insuccès du mouvement chartiste. (N.R.)

    [40] Allusion aux partisans du journal La Réforme (édité à Paris de 1848 à 1851), qui préconisaient l’instauration de la république et la mise en pratique de réformes sociales et démocratiques. (N.R.)

    [41] Ce parti était alors représenté au Parlement par Ledru-Rollin, dans la littérature par Louis Blanc et dans la presse quotidienne par La Réforme. Ils désignaient par démocratique-socialiste, nom qu’ils inventèrent, la fraction du parti démocratique ou républicain, qui était plus ou moins nuancée de socialisme. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)

    Ce qu’on appelait alors en France le Parti démocrate-socialiste était représenté en politique par Ledru-Rollin et dans la littérature par Louis Blanc; il était donc à cent lieues de la social-démocratie allemande d’aujourd’hui. (Note d’Engels pour l’édition allemande de 1890.)

    Ledru-Rollin, Alexandre-Auguste (1807-1874), publiciste et homme politique français, un des chefs des démocrates petits-bourgeois; fut le rédacteur du journal La Réforme; en 1848, membre du gouvernement provisoire.

    Blanc, Louis (1811-1882), socialiste petit-bourgeois et historien français, militant de la révolution de 1848-1849, fut partisan de l’entente avec la bourgeoisie (N.R.)

    [42] En février 1846 eut lieu la préparation d’une insurrection en vue de la libération nationale de la Pologne. Les démocrates révolutionnaires polonais furent les principaux protagonistes de cette insurrection. (N.R.)

    POUVOIR D’ACHAT…

    par bezierspcf

    POUVOIR D'ACHAT... dans Divers e0omfdye

    TRAVAILLONS PLUS… etc… etc… ET LE POUVOIR D’ACHAT?

    98 milliards d’euros de profits: 2006 fut une très bonne année! En 2007, un nouveau record: 100 milliards d’euros. C’est les profits des 40 premières sociétés cotées en Bourse (CAC40)

    Les grandes fortunes prospèrent. Le chômage et la précarité aussi. Ne me dites pas que cela n’a au­cun rapport! De l’argent, il y en a beaucoup en France. Jamais notre pays n’a été aussi riche. Les 500 plus grandes for­tunes pèsent 280 milliards d’eu­ros. Les principaux groupes, comme Total, (tiens, tiens) – 13 milliards d’euros en 2007 – gé­nèrent des bénéfices co­lossaux pour leurs actionnaires.

    Sarkozy, qui s’y connaît en auto-augmentation (+ 147% dès son installation à l’Elysée) et le ME­DEF jugent légitimes ces très hautes rémunérations, car elles sont liées selon eux, au mérite et à la performance.

    Ces performances-là servent les dividendes, la rentabilité qui exigent des plans sociaux,(en clair des mises à la porte!), des déloca­lisations. C’est à dire des ferme­tures sauvages et brutales d’entre­prises jugées insuffisamment ren­tables, avec leur cohorte de vies saccagées et de désespoir pour tous ceux qui n’ont pas la «chance» d’être nés du bon côté!

    Ce sont les mêmes qui donnent des leçons à ceux qui «ne veulent pas se lever tôt pour aller tra­vailler» et qui refusent l’augmen­tation du SMIC à un niveau cor­rect. Ce sont les mêmes qui s’at­taquent à nos acquis comme le droit à la retraite sous prétexte que les caisses sont vides. Ce sont les mêmes qui désorganisent les services publics par l’irruption des précaires ou des contractuels dans l’Éducation Nationale, La Poste, les services de santé… avec ce que cela comporte comme risque de services «mal rendus» pour cause d’incompétence liée au manque de formation ou d’em­plois au rabais.

    Travailler plus, pour gagner plus, qu’ils disent! et en plus, ils nous culpabilisent. Ils nous font sentir que nous n’aimons pas l’effort, et que vraiment, ce n’est pas raison­nable!

    Douze mois après l’élection du Président du pouvoir d’achat, le compte n’y est pas, loin de là. Les seules mesures prises par ce gou­vernement, piloté par les grands patrons, l’ont été au béné­fice, sans jeu de mots, des plus riches. Pour­quoi?

    Il faut dire la vérité sur l’argent, ce dieu qui mène ce monde inégali­taire qui est le nôtre. Ce sont tou­jours les mêmes qui créent les ri­chesses, par leur travail et leurs réflexions, mais ce sont d’autres, infiniment moins nombreux, qui bâtissent leurs fortunes, leur puis­sance sur ce travail que l’immen­sité du peuple a créé.

    Selon Marx, cette société, c’est le règne du renard dans le poulailler. Ce qui signifie que le plus puis­sant absorbe le plus faible.

    Il doit donc mobiliser ressources et capi­taux pour étouffer le ou les rivaux, dans le but de rester le seul en course.

    C ‘est cela, la mondialisation à la sauce capita­liste et le FMI (Fonds Monétaire International, patronné par le so­cialiste Dominique Strauss-Kahn) en est le bras armé! Pour faire grossir son capital, l’actionnaire doit peser sur les salaires, organiser les hausses de prix (l’essence, par exemple), contrôler les matières premières (la guerre en Irak!), détruire l’adversaire (ab­sorption d’entreprises), piller les services publics, jugés non ren­tables et dangereux pour ce qu’ils dé­tiennent d’emplois protégés par un statut, donc non flexibles…

    Ce système n’a pas besoin de lois pour cela, car c’est lui la loi. Moins de législation sociale im­plique moins d’entraves à la renta­bilisation la plus poussée, mais aussi la destruction du Code du travail, des protections sociales et des avantages acquis, arrachés par nos luttes et celles de nos parents (36, 45, 68…).

    Les services publics, pour la plus grande part issus des conquêtes qui ont suivi la Libération, sont des obstacles. Détruisons-les! Vi­dons-les de leur substance! On instaure des franchises médicales sous des prétextes fallacieux. On ferme des maternités, des maisons de retraite, des bureaux de poste… Rien n’est dû au hasard. Cette po­litique répond à des exigences dictées par le MEDEF.

    Si la lutte au jour le jour contre les attaques sociales est une nécessité, soyons bien conscients que cela ne suffira pas. Seul un changement de logique, où l’argent sera mis au service des gens, et non des actionnaires, nous permettra de sortir de ce cycle infernal. Il y a encore des Bastilles à prendre.

    Il y a ur­gence…

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