ST-QUENTINOIS École : une journée de service minimum
Vendredi 21 Novembre 2008 Courrier picard
Le PCF placardant hier des affiches sur la permanence de Xavier Bertrand.
Sortie de classe presque comme les autres, hier, à l’école Laroche. Presque, parce que tous les enseignants du groupe scolaire étaient en grève. Le Service minimum d’accueil (SMA) dans cet établissement du quartier Europe de Saint-Quentin a été assuré par les agents du centre social et les Atsem pour les maternelles.
Un bienfait pour Marjorie, maman de deux enfants. « Je travaille à l’hôpital, je ne peux pas prendre de jour quand il y a grève. D’habitude, ils sont exceptionnellement accueillis dans une autre classe. Ce service minimum est appréciable. » Heureux aussi, son fils Antoine. Il a passé sa journée « à faire des jeux. Après on est allés au gymnase, on s’est entraînés à faire des saltos. C’était comme les vacances ! » Une autre maman explique qu’elle ne travaille pas, mais qu’elle a tout de même amené son fils à l’école « plutôt qu’il s’ennuie à la maison ».
Guillaume Hily, enseignant gréviste, attendait aussi à la porte de l’établissement. « Je reviens de la manif et je suis venu me rendre compte. » Un constat : peu de parents ont profité du service minimum. « Il y a ceux qui nous soutiennent qui ne veulent pas « casser une grève », et ceux inquiets parce que vendredi, la Ville n’avait toujours pas précisé qui allait s’occuper des enfants. » Sur les 430 élèves, environ 70 étaient présents.
« Cela demande beaucoup de travail »
Au total, à Saint-Quentin, 190 enfants, sur 220 inscrits, ont été accueillis par une trentaine d’agents municipaux réquisitionnés. « Dans les classes où les enseignants étaient grévistes, nous avions demandé aux parents de signaler si leurs enfants seraient présents », explique l’adjointe à l’enseignement, Françoise Jacob. Une dizaine d’établissements, sur les 36 que compte la Ville, étaient concernés (il faut un minimum de 25 % de grévistes pour que le SMA soit mis en place).
Une première réussie selon l’élue, après une prise de position contre cette mesure, puis un galop d’essai en octobre. « Mais cela demande beaucoup de travail. »
D’autant plus que la CGT a appelé les animateurs des centres sociaux et les Atsem à se mettre en grève hier « pour ne pas briser celle de l’Éducation nationale ». Et l’un de ces animateurs de se demander : « S’il y avait un pépin avec un enfant, quelle serait la responsabilité de l’animateur ? » Un autre remarque : « Lorsque le service minimum a été appliqué une première fois le 20 octobre, un animateur de centre social a découvert sur le frigo de l’école la liste de ce que l’enfant ne pouvait pas manger ! »
Il veut faire plier la loi
A Lehaucourt, le maire Raymond Froment (PCF) avait prévenu. Son conseil municipal a voté en septembre une délibération stipulant qu’il ne mettrait pas en place le SMA dans le groupe scolaire de 120 élèves. Question de principe et de moyens. « Je n’ai que deux employés municipaux : le garde-champêtre et la secrétaire. Ils se refusent à le faire et n’ont pas les qualifications. » Une position qui vaut à la commune d’être assignée par le préfet devant le tribunal administratif pour non-respect de la loi. Dix communes dans l’Aisne pourraient subir le même sort.
Pas de quoi effrayer Raymond Froment qui entend « faire plier la loi avec le soutien de l’association des maires ruraux. Elle est inacceptable pour beaucoup d’élus, en particulier dans les petites communes. Même Saint-Quentin l’applique à regret. »
La section locale du Parti communiste est aussi entrée dans la danse de la revendication hier à Saint-Quentin. Une dizaine de militants a placardé d’affiches la permanence de Xavier Bertrand, rue du Gouvernement. Un Noël avant l’heure aux motifs iconoclastes. « Certains d’entre nous ont manifesté à Laon ce matin, expliquent-ils. Cette action vient en complément. Si Xavier Bertrand n’est pas en charge de l’Education, il est tout de même un représentant du gouvernement ».
Dans une lettre remise à une attachée parlementaire, le parti détaille les motifs de son courroux : suppression des Rased, service minimum, suppression de postes… Pour eux, cette journée n’était pas comme les autres.
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